La Ligue alg�rienne des droits de l'homme (LADH) compte rendre public, au plus tard demain, un r�f�rendum dans lequel elle d�finit sa position vis-�-vis de l'amnistie g�n�rale que le pr�sident pr�conise pour parachever la r�conciliation nationale. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder Boudjema� Guechir, pr�sident de la LAHD, en explique l'ossature. Le Soir d'Alg�rie : Dans son dernier discours, le pr�sident de la R�publique s'est dit favorable � une amnistie g�n�rale � condition que le peuple y adh�re par voie r�f�rendaire. Pensez-vous que les victimes du terrorisme soient pr�tes � pardonner ? Boudjema� Guechir : Je consid�re qu'il est pr�matur� de parler d'amnistie g�n�rale, pour moi il ne peut y avoir d'amnistie sans r�conciliation. Il ne faut pas perdre de vue que la r�conciliation s'acquiert, elle ne se d�cr�te pas, elle pose des questions essentielles pour notre devenir dans le contexte apr�s conflit. Le r�f�rendum de la LAHD pose ces questions cruciales. Sommes-nous aujourd'hui dans le contexte apr�s conflit ? Nous y sommes presque. Il y a encore beaucoup � faire. Le terrorisme s�vit toujours, les d�passements des droits de l'homme aussi. Il faut se pr�parer � l'�re apr�s conflit sur la base d'un projet de soci�t�. Cela pourrait se faire si un d�bat est engag� pour lancer des r�flexions sur la r�conciliation comme base de ce projet. Lancer un d�bat sur un sujet qui a fait l'essentiel du programme de la campagne du Pr�sident, et qui semble �tre la priorit� de l'ex�cutif n'est-il pas d�pass� ? Bien au contraire, c'est tout � fait le moment. La r�conciliation nationale ne doit pas figurer uniquement dans un programme du gouvernement, c'est un �tat d'esprit qu'il faut travailler. On ne d�cr�te pas la r�conciliation ! Comment ? Il faut que tout le monde s'implique. La classe politique, la soci�t� civile et la presse nationale doivent mettre au rang des priorit�s cette question de r�conciliation nationale. A condition d'en conna�tre le contenu. A ce jour la r�conciliation nationale reste un concept flou. Vous-m�mes avez-vous une id�e pr�cise sur ce qu'est la r�conciliation nationale ? Pour nous le concept est tout aussi vague. C'est pour cela qu'on estime qu'on est tr�s loin de l'amnistie g�n�rale. Il faut d'abord r�aliser la r�conciliation sur la base de trois principes incontournables : La v�rit�, la justice et l'�quit�. Nous en donnons tous les d�tails dans notre r�f�rendum. Pouvez-vous sommairement nous parler de ce triptyque. Et pensez-vous que telle qu'elle est faite aujourd'hui la r�conciliation nationale n'en tienne pas compte ? A mon avis elle en est bien loin. La justice est sacrifi�e sur l'autel des r�glements politiques. On ne devrait plus accepter cela. Tous comme on ne doit pas tol�rer l'impunit� des criminels. Il est universellement admis que la justice est partie int�grante de la paix. Traduire un criminel devant la justice participe de la d�marche sociale pour renforcer le tissu social et restaurer les lois et les valeurs. Ainsi on r�tablit les torts et on pr�vient la r�cidive. On est �quitable quand on reconna�t aux victimes le statut de victime du terrorisme, quand on assume la responsabilit� des actes criminels et des d�passements et d'en r�parer le tort. Ceci pour l‘�quit�. Pour la v�rit�, � la LAHD on estime qu'il est imp�ratif, quand on parle de r�conciliation, de dire la v�rit� aux Alg�riens, sur tout ce qui s'est pass� ces derni�res ann�es. La v�rit� sur les d�passements, les disparus, les exactions…. Et apr�s cela, on tourne la page ? Non, justement non. L'objectif de la r�conciliation ne doit pas �tre celui de tourner la page, ou la d�chirer. Nous exigeons de la lire et d'en retenir chaque mot pour ne pas avoir la m�moire courte. Il faut surtout donner aux victimes la volont� de d�cider et de clore le chapitre des violations commises. Donc pour vous la d�marche pour l'amnistie g�n�rale est admise ? C'est une d�marche acceptable l� condition de ne pas avoir l� m�moire courte en ce qui concerne les actes terroristes et parall�lement oublier les violations des droits de l'homme, la torture, les disparitions forc�es et les arrestations arbitraires. D'apr�s vous, qui va-t-elle concerner ? Si je m'en tiens au g�n�rique, elle devrait concerner tout le monde, puisqu'on parle d'amnistie g�n�rale. Il ne devrait y avoir aucune exception d'autant plus que le peuple est appel� � se prononcer sur le sujet. Elle pourrait concerner les centaines de jeunes des mouvements citoyens d�tenus pour avoir eu recours � la rue pour revendiquer le droit au travail et au logement ? Cette cat�gorie entre dans un autre cadre, celui des d�passements des autorit�s et les m�thodes d�phas�es pour r�gler un probl�me. Quelqu'un qui sort dans la rue pour revendiquer un droit �l�mentaire ne doit pas �tre mis en prison. Ceux-l� on doit les lib�rer imm�diatement.