L'augmentation exponentielle des importations qui ont avoisiné le chiffre hallucinant de 60 milliards de dollars exaspère le gouvernement. Mardi, un conseil interministériel s'est réuni à l'effet de voir comment réguler une activité par trop anarchique. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) La disproportion entre le montant des importations et le nombre d'habitants est, en effet, saisissante. L'Algérie est un pays de 38 millions d'habitants et qui consomme 60 milliards de dollars comme enveloppe des importations. Cette inéquation a fini par retenir, et ce n'est pas trop tôt, l'attention du gouvernement qui y consacra, avant-hier, un conseil interministériel. Si rien n'a filtré de cette réunion, convoquée dans le sillage du Conseil des ministres qui, entre autres, a eu à adopter la loi de finances 2014, on peut aisément supposer qu'elle a pour objet essentiel la recherche de mécanismes légaux les plus à même de réduire de la facture payée en matière d'importations. La Centrale syndicale UGTA avait, un moment, proposé que l'on réactive les autorisations pour les importations. L'idée n'aurait pas eu un écho favorable, tant est qu'elle s'interprète comme l'introduction d'une mesure restrictive pour une activité libérée. Et quand bien même elle agréerait le gouvernement, une telle proposition buterait sur la réaction des importateurs qui, au fil des années et de fortunes colossales amassées, se sont constitués en véritables lobbies ayant pignon sur le commerce extérieur mais aussi se sont forgé d'immenses capacités d'influence politique. L'expression de cette capacité d'influence politique est, au demeurant, visible au sein de la classe politique, avec ce que les adversaires de Belkhadem au sein du FLN dénonçaient comme le «pouvoir de la chkara». Les grosses fortunes - celles qui proviennent des activités d'importations - se sont intégrées dans le jeu parlementaire. Ayant accédé au levier parlementaire, elles ont acquis du coup le pouvoir de la décision politique. Ce pouvoir acquis ne peut qu'être source d'inquiétude pour un gouvernement peu sûr de compter tous ces nouveaux arrivants parmi ses clientèles. Cette inquiétude, conjuguée au coût économique des importations tous azimuts, ne pouvait que dicter au gouvernement d'entrevoir une régulation. A plus forte raison lorsque, derrière les opérations d'importations, pourraient se cacher des opérations de transferts illicites d'argent, à travers des sociétés écrans dans des villes réputées pour être des comptoirs commerciaux. L'une des mesures à laquelle le gouvernement réfléchirait pour réduire du volume des importations serait d'instituer un nouveau barème de la valeur administrée, selon la qualité du produit importé. Une mesure pensée comme une protection du marché national inondé par des produits en tous genres et de qualité parfois douteuse... souvent au détriment du produit local.