Le Maroc est passé de la parole à l'acte en s'attaquant, hier, au consulat d'Algérie à Casablanca. Un individu s'est introduit dans l'enceinte diplomatique et a arraché le drapeau national. L'acte intervient 24 heures après l'annonce de l'Algérie de maintenir l'ensemble de ses missions diplomatique et consulaires dans le Maroc. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Le Makhzen a choisi la date symbolique du 1er Novembre pour s'en prendre à la souveraineté de l'Algérie. Une manifestation organisée devant le consulat d'Algérie à Casablanca a dégénéré lorsqu'un individu s'est introduit illégalement dans l'enceinte diplomatique. Des images diffusées sur internet le montrent escaladant le mur du consulat sous le regard des policiers marocains. L'homme monte ensuite sur le toit et arrache avec force le drapeau accroché à la hampe. L'acte est présenté comme étant «isolé». Mais il est à inscrire dans le cadre d'une dangereuse escalade savamment entretenue par le Maroc. Jeudi, vingt-quatre heures après la décision de Rabat de rappeler son ambassadeur, Alger opte pour la sérénité. Le ministère algérien des Affaires étrangères annonce dans un communiqué officiel le maintien en place de l'ensemble de ses missions diplomatique et consulaires dans le royaume du Maroc. «L'Algérie prend note avec regret de la décision du gouvernement marocain relative au rappel pour consultation de son ambassadeur à Alger. Cette décision injustifiée constitue une escalade malencontreuse qui s'appuie sur des motifs fallacieux et attentatoires à la souveraineté de l'Algérie dont les positions de principe sur les questions régionales et internationales ne sont susceptibles d'aucune remise en cause sous l'effet d'interférences étrangères», indique le communiqué officiel rendu public jeudi. Le département de Ramtane Lamamra dénonce une volonté de «bilatéralisation» à outrance du dossier du Sahara occidental, argument fallacieux utilisé par le Maroc dans cette énième attaque contre l'Algérie. «La campagne ininterrompue de dénigrement de l'Algérie, menée avec acharnement par une partie de la classe politique marocaine, relayée et amplifiée par les médias publics de ce pays, est contraire aux relations de fraternité, de coopération et de bon voisinage entre les deux pays. Cette campagne préméditée et cette escalade procèdent manifestement de la pratique connue visant à la bilatéralisation d'une question qui relève de la responsabilité des Nations unies.» Et de rappeler la position inchangée de l'Algérie vis-à-vis de la cause sahraouie. «La position de principe de l'Algérie sur le nécessaire parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental n'a jamais varié et le discours prononcé à Abuja par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, ne fait que rappeler la constance de cette position qui est non seulement connue mais est largement soutenue par l'Union africaine, le Parlement européen ainsi que par de nombreux autres acteurs internationaux.» En fait, le terme «autres acteurs internationaux» désigne en premier lieux les Etats-Unis. Ce pays avait introduit dans le dernier projet de résolution présenté devant le Conseil de sécurité de l'ONU, une disposition visant à créer un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Cette proposition avait été retirée à la dernière minute suite à une intervention personnelle du roi Mohammed VI auprès de Barack Obama. Humilié par un de ses alliés stratégiques, le Maroc n'avait pas pour autant osé rappeler son ambassadeur à Washington. Intervenant, dans le site électronique Algérie Patriotique, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a tenu à rappeler, dans une mise au point adressée au ministre marocain Mustapha El-Khalfi que «pas un seul pays au monde ne reconnaît la souveraineté du royaume du Maroc sur les territoires du Sahara occidental». «N'étant pas la puissance administrante de droit (qui demeure l'Espagne jusqu'à la tenue du référendum d'autodétermination), le Maroc occupe militairement le territoire. C'est un constat objectif qui ne peut souffrir aucune ambiguïté et qui s'impose à la communauté internationale», a précisé Amar Belani.