Par Kader Bakou Pouillon a en Algérie 300 réalisations dans 48 villes dont Ghardaïa, Tamanrasset, Timimoun, Oran, Tizi Ouzou, Skikda et Annaba. La cérémonie officielle de célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie s'est déroulée au Théâtre de verdure construit par l'architecte, urbaniste, écrivain et éditeur français en 1971 à Sidi Fredj, rénové et réhabilité pour l'occasion. Fernand Pouillon a placé les gradins de telle façon que la mer soit un décor naturel à la scène. Toujours à Alger et ses environs, il avait réalisé auparavant au Clos Salembier (El-Madania aujourd'hui) les cités Diar El-Mahçoul et Diar Es-Saâda (1953- 1954) et la cité Climat-de-France (1957), près de Bab El-Oued, où sera tourné le film Omar Gatlato de Merzak Allouache en 1976. «J'ai toujours placé l'œuvre architecturale au service de l'homme, de l'esprit social et de l'économie. J'ai toujours pensé que le respect des prix et la qualité des constructions permettaient d'atteindre deux buts : le premier de donner accès au luxe d'habiter aux plus petits revenus, le second d'assurer une excellente conservation des quartiers aménagés et d'éviter ainsi la clochardisation des grands ensembles dont on a parlé ces dernières années... », écrit-il en 1985 au maire de la ville de Créteil. Cette démarche dérange. Fernand Pouillon va subir de tas de tracas, judiciaires et autres, en France. A sa sortie de prison en 1964, son ami Jacques Chevallier, l'ancien ministre, député et maire d'Alger, qui n'a jamais quitté l'Algérie, l'invite à le rejoindre à Alger. Pouillon s'installera à la «Villa des Arcades» où il avait habité dans les années 1950. C'est ainsi que l'Algérie va bénéficier des compétences de Pouillon durant vingt ans. Fernand Pouillon est décédé le 24 juillet 1986 dans le château de Belcastel en Aveyron en France. À titre posthume, il reçoit le 11 février 2008 de Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, une distinction en reconnaissance de l'ensemble de son œuvre en Algérie entre 1964 et 1984. L'expo «L'architecture de Fernand Pouillon en Algérie» décore actuelement les façades (extérieures) de l'Institut français d'Alger jusqu'au 15 juin prochain. Pouillon a réalisé un heureux mélange de la tradition et de la modernité en architecture. A El-Madania, les murs des cités qu'il avait construites changent de couleurs après chaque pluie. Ils parlent pour lui, l'architecte artiste... K. B.