De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les médias belges dans leur ensemble n'ont pas apprécié la prestation de l'équipe brésilienne et surtout, celle de l'arbitre lors du match inaugural de la Coupe du monde. Et reviennent sur l'Allemagne-Autriche de 82. Les Diables rouges qui connaissent parfaitement les Croates pour les avoir envoyés en barrage lors des qualifications ont apprécié la réplique des ex-Yougoslaves pour au moins deux raisons. La première est que la grande démonstration de sérénité et d'occupation des espaces des coéquipiers de Modric revalorise la performance de la Belgique dans le groupe éliminatoire qu'elle avait survolé. La seconde est que les Diables rouges qui se voient, dans le pire des cas, dans le dernier carré lors de ce Mondial, ont apprécié que le favori en puissance, le Brésil, fasse largement moins bien qu'eux. En plus, bien sûr, du traditionnel soutien des gens qui va plus vers le supposé faible. Les Croates le sont-ils réellement ? ça ne n'arrête pas là. La gazette et la chronique du royaume ne lâchent pas l'affaire de l'arbitre japonais qui a volé la victoire à la Croatie parce que, c'est évident, ils ont une peur bleue des arrangements FIFA en ce qui concerne leur propre parcours. Leurs intérêts. En cas de passage au second tour, ce dont le peuple diable rouge est certain et même sûr d'en être le vainqueur par KO, c'est-à-dire terminer à la première place, les protégés de Marc Wilmots affronteront l'Allemagne. Les Belges n'envisagent même pas que les Germaniques puissent se qualifier mais comme seconds. Et en cas de confrontation avec les Allemands, les Belges ont une peur bleue des sifflets du directeur du jeu. L'un des journalistes, reconnu comme expert, ici, relate dans la Libre Belgique (francophone) : «Beaucoup de jeunes ne se souviennent pas de la triche entre l'Allemagne, l'Autriche, et la FIFA en 1982.» «C'était, poursuit-il, une véritable honte pour le football, pour l'éthique et pour le prestige de l'organisme mondial qui dirige les affaires du foot». «L'Algérie qui avait terrassé le favori, l'Allemagne, par deux buts, l'un de Belloumi, l'autre de Madjer, a contraint, avant de rencontrer le Chili, en dernière opposition, les deux cousins, allemand et autrichien, à une combine indigne, irrespectueuse envers les spectateurs au stade et les téléspectateurs du monde entier... La Fifa aurait dû invalider le résultat, sanctionner les auteurs de l'arnaque et déclarer l'Algérie et le Chili 1re et 2e du groupe. Elle ne le fit pas. Dommage, ça aurait dû être le début du nettoyage des écuries d'Augias de...» Une autre plume, De-Morgen (néerlandophone) fait part de «sa grande tristesse que les instances dirigeantes du football mondial persistent dans cette attitude improductive, bizarre et dangereuse consistant à désigner des arbitres-maison pour aider les grands à se tirer d'affaire. «Le Brésil, écrit-il, avait-il besoin d'un coup de pouce contre la Croatie ? Et même s'il avait perdu le match ou réalisé un nul, il lui restait deux rencontres pour se rétablir». «Fraudes lors du match d'ouverture est mauvais signe... La FIFA ne veut pas se réformer. Les Diables rouges s'ils passent au second tour, et s'ils affrontent les Allemands, sont avertis. L'arbitre ne leur fera pas de cadeau. Il les aura à l'œil.» L'un des commentateurs de la télévision publique francophone (RTBF) abonde dans le même sens : «Blatter et son staff semblent avoir opté pour la stratégie du pire. Pas de quartier pour les nations défavorisées et que les sponsors ne privilégient pas... Sauf retournement improbable de dernier instant, les forts écraseront les moyens et les faibles, et si sur le terrain, ces derniers résistent, les arbitres seront là pour décider qui passent et qui ne passent pas. Ce n'est pas bien du tout.» Un autre canard spécialisé revisite les grandes fautes de l'arbitrage en Coupe du monde. «Les bourdes arbitrales, et c'est curieux, favorisent toujours les pays que la FIFA aiment ? Des questions se posent. Espérons que pour ce mondial au Brésil, les «inconséquences» du Japonais ne seront pas la règle générale. Attendons.» L'inauguration de la Coupe du monde et Brésil-Croatie n'ont pas mis un terme à l'espionnage belge. Sur l'Algérie, les dernières informations laissent supposer aux Diables rouges que Halilhodzic aurait tranché quant au dispositif qu'il déroulera le 17 juin. Selon une dépêche de l'un des nombreux envoyés spéciaux belges sur place au Brésil, le coach algérien ne pendra pas de «risques» contre les Diables rouges. «Il y aura deux rideaux de fer installés. Les Belges ne doivent pas s'attendre à bouger le marquoir facilement. Ils peuvent même ne pas le bouger.» Par contre, le correspondant d'une des radios flamandes semble ne pas être de cet avis. Il dit : «Certes, les Algériens font courir le bruit qu'ils ont des failles dans l'axe de la défense et que, pour cela, ils se renforceront en défendant, mais je n'y crois pas ! Leur entraîneur, rusé, sait que jouer derrière pendant l'essentiel de la partie n'est pas conforme à l'esprit offensif qui anime son équipe. Ce n'est pas un fou (Halilhodzic ndlr), mais il saura quand défendre et quand attaquer. Tout comme nous.» Halilhodzic pisté ne semble pas avoir fait des déclarations à la presse belge au Brésil. On l'aurait su. Pourtant, des journalistes disent et écrivent, pas tout à fait certains de leurs sources, que le sélectionneur algérien peut surprendre tout son monde, les Diables rouges en premier, en optant, résolument, pour l'offensive. L'un des chroniqueurs tient pour sûr que Halilhodzic a, dans les huis clos, qu'il impose, signé les derniers arrangements. Ces derniers indiquent que l'Algérie prendra le jeu à son compte mardi prochain. Ce qui nous ramène à la case départ. Personne en Belgique ne sait comment va jouer l'Algérie contre la Belgique. Le contre-espionnage de Halilhodzic fonctionne bien. C'est déjà une première victoire.