Annaba a vécu ces dernières 72 heures au rythme d'une opération coup-de-poing contre le marché informel. C'était à El Hattab et ses alentours connus pour être un point de chute des animateurs du secteur de l'informel et des contrebandiers. «Place nette» paraissait être la consigne donnée par les responsables de la Sûreté de wilaya à leurs agents. Annaba a vécu ces dernières 72 heures au rythme d'une opération coup-de-poing contre le marché informel. C'était à El Hattab et ses alentours, connus pour être un point de chute des animateurs du secteur de l'informel et des contrebandiers. «Place nette» paraissait être la consigne donnée par les responsables de la Sûreté de wilaya à leurs agents. Ce type d'opération étant devenu presque un quotidien, le citoyen lambda n'y avait pas accordé une grande attention. Et pour cause, le terrain occupé par «l'informel» était repris aussitôt partis les policiers. Cependant, cette fois-ci, le face-à-face des délinquants avec les représentants de la loi dura plus que de coutume. Pire, si du côté des policiers l'on se limitait à faire son travail de maintien de l'ordre, il n'en était pas de même dans le milieu des animateurs du commerce illicite. Bon nombre de ces derniers n'avaient pas hésité à tirer des armes blanches et des gourdins. Dans une tentative de troubler l'ordre public, d'autres connus pour être les barons de l'informel et les «patrons» des conteneurs ont fait appel à des adolescents pour porter atteinte aux biens d'autrui. Et si les policiers avaient élaboré un plan d'intervention pour éradiquer, autant que faire se peut, le commerce illicite, les «barons et les patrons», quant à eux, avaient préparé le leur dans une tentative de les contrecarrer. Ce qui a eu pour conséquence, une confrontation de quelques minutes avec démonstration de force et armes blanches par les délinquants et repris de justice. Sabre en main, l'un des délinquants menaçait les policiers positionnés à quelques dizaines de mètres de lui. Une mine patibulaire, le torse et les pieds nus, il paraissait être prêt à commettre l'irréparable. La scène s'était déroulée ce dernier jeudi à proximité du Centre d'affaires méditerranéen (CAM), l'un des lieux du centre-ville quotidiennement squattés par l'informel. Avec la mise en place d'un important dispositif du service de la voie publique auquel ont participé les éléments de plusieurs commissariats d'arrondissement (9e, 5e, 4e...), la dissuasion était à l'évidence de mise. D'autant que l'on avait opéré des arrestations de certains malfrats véritablement dangereux. Ce qui n'a pas manqué d'intéresser les citoyens, particulièrement les habitants riverains et les commerçants licites qui, à maintes reprises, avaient appelé à une réaction des autorités. Les premiers avaient exprimé leur ras-le-bol de l'insécurité générée par ces commerces informels à proximité de leurs demeures qui, de jour, leur est interdite d'accès pour cause d'étalage à même le sol des produits informels. Les seconds qui voyaient leur gagne-pain périclité chaque jour au point d'envisager à fermer ou à faire dans l'informel. «Chaque jour, ces délinquants occupent le trottoir et même les couloirs de nos habitations. Nos femmes et nos filles sont constamment agressées du regard ou verbalement à chaque fois qu'elles s'aventurent à l'extérieur ou à tenter de rejoindre le domicile. En guise de réponse à nos tentatives de les amener à plus de respect envers nos familles, nous avons entendu des vertes et des pas mûres. Ils ne font pas seulement dans le commerce des produits illicitement importés. Ils font aussi dans le trafic de drogue et des devises», a indiqué un père de famille de la rue marchande Ibn-Khaldoun ex-Gambetta. Sa déclaration est approuvée par plusieurs de ses voisins qui soulignent ne plus être en mesure de contenir leur colère. «Nous payons des impôts et autres charges. Le moindre retard de paiement du fisc entraîne systématiquement des pénalités, voire des sanctions pénales. Or, nos commerces et proximité ainsi que nos devantures sont quotidiennement squattés par les animateurs du marché informel. On les a laissés agir à leur guise qu'ils se croyaient en terrain conquis. N'ayant pas d'impôt à payer et encore moins de charges salariales, fiscales ou d'entretien, ces animateurs cassent les prix. Et quand on sait que la qualité de nos produits est contrôlée, cela veut dire que nous n'avons aucune chance. Bon nombre d'entre nous envisagent de fermer boutique, déposer leur registre de commerce pour ne plus payer d'impôts ou avoir affaire à des contrôleurs de la Direction du commerce. Il ne faut pas oublier qu'avec les repris de justice qui animent l'informel, il y a aussi les organisateurs de prétendues foires commerciales», révèle un commerçant dont le local est situé rue Zenine-Larbi. D'autres de la rue Emir-Abdelkader, El Qods, Khemisti, CNRA ... sont dans le même état d'esprit. C'est pourquoi cette opération coup-de-poing contre le marché informel lancée ce dernier jeudi dans la commune du chef-lieu de la wilaya de Annaba, a été bien accueillie.