Journaliste formateur, l'ancien directeur du quotidien El Moudjahid, Mohamed Abderrahmani, l'était. C'est ce dont ont convenu, hier, les nombreux journalistes qui lui ont rendu hommage à l'occasion du 58e anniversaire de la création du journal El Moudjahid. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Officiant à la tête du quotidien El Moudjahid de 1992 à 1995, le défunt Abderahmani a été assassiné par les terroristes le 27 mars 1995. Retraçant son parcours, ses confrères ont salué le professionnalisme et la rigueur dont il a fait preuve durant toute sa vie. «Il était patient et avait cette aptitude à gérer les gens. Il était imprégné de toutes les qualités du terroir. Toutes ces qualités ont fait d'ailleurs, que son directeur, Noureddine Naït Mazi, lui avait confié la direction du journal», déclare Ahmed Fattani, ancien journaliste à El Moudjahid et actuellement directeur du quotidien L'Expression. Réputé pour son humour et ses blagues interminables, Abderrahmani répétait toujours, rapporte Fattani, qui l'a côtoyé durant des années, «qu'un quotidien où l'on ne rit pas et où l'on ne raconte pas de blagues était un journal malade». Le directeur de L'Expression se rappelle aussi que 48 heures avant son assassinat, Abderrahmani lui avait fait part de son passage sur France2. «Il m'avait expliqué au téléphone qu'il était intervenu pour alerter l'opinion publique internationale sur le danger que courait l'Algérie à cette époque», a-t-il indiqué. «Et dire, poursuit-il, que Abderrahmani savait qu'à cette époque ceux qui intervenaient à la télévision étaient condamnés et exécutés par les terroristes après leur passage comme ce fut le cas pour Boukhobza». Lui rendant également hommage, l'ancien journaliste et actuel directeur du Temps d'Algérie, Djamel Kaouane, salue l'homme «modèle» qu'était feu Abderrahmani. «Un porteur de valeurs et une véritable école», dira-t-il, ajoutant que le défunt était «un pilier d'El Moudjahid. Il nous encadrait et corrigeait les imperfections des uns et des autres». De son côté, l'ancien président de l'APN, Karim Younès, qualifie Mohamed Abderrahmani de «professionnel » de la presse nationale qui luttait contre l'obscurantisme. «C'était un homme engagé avec force et conviction pour le devoir de vérité», dira-t-il encore. Tenue au forum d'El Moudjahid, cette rencontre fut ainsi l'occasion de rendre hommage aux 109 martyrs du devoir de la presse nationale, tombés sous les balles assassines du terrorisme.