Clôture hier mardi du processus de consultations autour du projet d'une nouvelle Constitution qui n'aura pas finalement enthousiasmé grand monde. L'opposition ayant décliné l'invitation, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a dû faire défiler les disponibilités, puisées quasiment toutes parmi les clientèles ou la périphérie du régime. Au bout, un formalisme inutile pour un consensus de prime abord inatteignable. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Même s'il ne devait rien laisser transparaître du dépit qui dut le ronger tout au long des semaines que durèrent les consultations, Ahmed Ouyahia, qui est revenu aux affaires au moment où d'aucuns prédisaient avec sérieux sa fin politique, sait qu'il commettrait une publicité mensongère s'il estampillait «œuvre de consensus» la synthèse des propositions recueillies. Du moment que l'opposition politique, toutes obédiences confondues, a poliment décliné l'offre du dialogue pour lequel Ouyahia a été désigné maître de céans, parler de consensus relève du saugrenu. Mais ce n'est pas ce qui allait empêcher un Ahmed Ouyahia de s'acquitter de l'intendance pour laquelle il a été missionné, après une courte infortune politique. Au final, il aura reçu pas moins de 52 chefs de partis politiques, 37 animateurs d'organisations et d'associations nationales, 30 personnalités nationales et 12 professeurs d'université. Une arithmétique qui, dans l'absolu, pourrait faire croire que les consultations autour du texte de la nouvelle Constitution ont été autant larges que diversifiées. Or, l'on sait que bon nombre des personnes reçues à divers titres à la présidence de la République relèvent d'une même chapelle politique. Ainsi, Amar Saâdani et Larbi Ould Khelifa sont reçus le premier en sa qualité de secrétaire général du FLN et le second en tant que président de l'Assemblée populaire nationale, alors que l'un comme l'autre sont militants du FLN. On peut citer d'autres cas similaires. Ce considéré, il sera bien aisé à Ahmed Ouyahia d'élaborer son document de synthèse. D'ailleurs, les comptes-rendus de presse des consultations ne mentionnent pas de propositions révolutionnaires. La majorité des invités du chef de cabinet de la présidence de la République a fait dans les lieux communs, mimant sans poésie les orientations du pouvoir en la matière. Ainsi, tout le monde est allé dire à Ahmed Ouyahia qu'il faille revenir à la limitation des mandats présidentiels. La plupart d'entre eux ont été de la campagne de 2008 qui vit la suppression de cette limitation que le président Zeroual avait introduite dans la Constitution de 1996. Le Président Bouteflika qui consomme un 4e mandat d'affilée ne voudrait pas que la durée ouverte des mandats qu'il s'est offerte profite à quelqu'un d'autre que lui. C'est lui qui a décidé de fermer la parenthèse qu'il avait illégalement ouverte en 2008. Par ailleurs, comme mentionné dans la lettre de mission de la commission qui avait eu à confectionner une mouture de la nouvelle Constitution, suite aux consultations menées alors par Abdelkader Bensalah, Bouteflika a la prérogative de juger en dernier ressort des propositions à retenir. C'est lui qui décidera donc de ce que sera le projet de la nouvelle loi fondamentale du pays, ainsi que des modalités de son adoption. Référendum ou Conférence parlementaire La révision de la Constitution, par laquelle Bouteflika entend parachever le processus des réformes politiques engagé en 2011, interviendra, à se fier à la promesse officiellement faite, avant la fin de l'année en cours. Sauf un cas de force majeur fera de nouveau ajourner le chantier. Si, donc, le calendrier pour cette révision est plus ou moins arrêté, ce n'est vraisemblablement pas le cas quant aux modalités. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal aurait tempêté en privé contre Ahmed Ouyahia qui a évoqué dans l'une de ses déclarations publiques, une révision par voie référendaire. Pour le Premier ministre, rien n'est tranché encore en la matière. En revanche, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, habitué à livrer quelques secrets d'alcôve, croit savoir, lui, que la révision de la Constitution se passera du référendum et se suffira d'une conférence parlementaire, comme en novembre 2008. Saâdani affirme même, dans une déclaration à TSA, que le projet de la nouvelle Constitution sera soumis au Parlement durant la session d'automne. Si tel est vraiment le cas, on peut déduire que la révision en question ne touchera pas aux équilibres institutionnels. Autrement, il s'agira juste d'un retour à une situation antérieure.