A l'occasion de la Journée internationale contre la corruption - 9 décembre 2014 -, une quarantaine de journalistes d'investigation du monde entier interpellent le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans une lettre ouverte publiée par nombre de médias dont le quotidien britannique The Guardian, et lui demandent de soutenir la directive anti-blanchiment, toujours pendante à Bruxelles. «Monsieur Juncker. En tant que journalistes d'investigation et militants anti-corruption, nous croyons au rôle fondamental des médias dans l'exigence de redevabilité des institutions, l'exposition de la corruption et la remise en cause des menaces pesant sur le contrat social entre les Etats et les citoyens, des composantes si essentielles de la démocratie et du projet européen. Le scandale des «Luxleaks» (*) est un exemple récent qui démontre comment les multinationales arrivent à soutirer des arrangements corrosifs aux Etats quand elles pensent que personne ne les voit. Les «accords de complaisance» facilités par des comptables et des cabinets d'avocats privent les Etats membres européens et les pays du monde entier de milliards d'euros à l'heure où l'austérité compromet la capacité des gouvernements à fournir des services publics de base aux citoyens européens. Les journalistes d'investigation voulant défier la corruption comptent sur le courage des lanceurs d'alerte. Mais, nous avons également besoin d'avoir accès aux informations en temps voulu sur la manière dont les sociétés et les trusts sont utilisés pour faire circuler l'argent corrompu à travers le système financier européen. La directive anti-blanchiment d'argent de l'Union européenne offre l'occasion de garantir que les informations relatives à la propriété réelle des sociétés et des trusts soient en accès public, permettant aux journalistes, aux ONG et à tout un chacun de surveiller les liens entre des criminels potentiels et leur utilisation de ces structures légales qui restent opaques à l'heure actuelle. En cette journée internationale de lutte contre la corruption, nous vous appelons à encourager cette étape décisive pour lutter contre un fléau qui porte atteinte aux droits des personnes vulnérables en Europe et à travers le monde et menace la crédibilité et l'intégrité du marché européen. Nous vous prions, M. le Président, d'agréer l'expression de nos salutations distinguées.» (*) Fraude organisée au Luxembourg par des multinationales pour échapper à leurs obligations en matière fiscale. Jean-Claude Juncker a été pendant près de 20 ans Premier ministre du Luxembourg.