Plus que le renforcement du financement, la lutte contre le cancer nécessitera une révision de la stratégie globale en la matière. Le Pr Zitouni estime urgent de remettre le malade au cœur des préoccupations et de réadapter la formation des médecins pour faire face à la prévalence de plus en plus importante du cancer. Nawal Imés - Alger (Le Soir) Face à la transition épidémiologique que vit l'Algérie, il est urgent de réviser le système de formation des médecins. C'est le professeur Zitouni, chargé d'élaborer le plan cancer qui le disait hier sur les ondes de la Chaîne III. Le système de santé est appelé à s'adapter à ces nouvelles donnes pour faire face aux cas de cancers de plus en plus importants. C'est le cas des oncologues mais également des radiothérapeutes. Si l'Algérie connaît un déficit en nombre de centres de radiothérapie, elle connaît également un grave manque en matière de radiothérapeutes. Actuellement, ils ne sont pas plus de 50 à exercer. C'est également le cas des radio-physiciens qui sont, selon le Pr Zitouni, les vrais moteurs de la radiothérapie. Ils sont appelés à veiller à la qualité des soins mais également à la sécurité des malades. Malheureusement dit-il, leur formation est «éclatée et n'est pas unifiée». Dans le rapport élaboré par les experts sous sa houlette, le Pr Zitouni note que l'Algérie a consenti des efforts financiers substantiels sans avoir pu éviter les dysfonctionnements et en suscitant un mécontentement généralisé. L'urgence, dit-il aujourd'hui, est de remettre le facteur humain au cœur des préoccupations en réorganisant les soins. Une nécessité, dit-il, face au vieillissement de la population qui engendre chaque année de nouveaux cas de cancer. L'Algérie compte entre 45 000 et 50 000 cas de cancers tous types confondus. Les cancers du poumon, du côlon, du sein et de la prostate représentent plus de 60% de la totalité des cancers et ils ont en commun la possibilité d'être dépisté précocement. Pour arriver à la réduction de la mortalité due au cancer et de la morbidité en améliorant la qualité de vie du malade, le plan cancer s'articule autour de huit axes principaux. Il s'agit de la prévention et du dépistage qui, sont selon les dires du Pr Zitouni, le seul investissement valable qui permet de réduire la prévalence du cancer en luttant contre le facteurs de risque dont le tabac qui doit être déclaré ennemi public numéro un. Les autres axes s'articulent autour du dépistage, du diagnostic, du traitement, de l'accompagnement du malade, de l'information, la formation et la recherche et enfin le financement qui doit être renforcé. En matière de financement, l'invité de la radio déplore l'absence de comptes nationaux de santé qui permettent de fixer quelles sont les priorités. Il évoque l'existence d'un projet dans ce sens à l'étude. En dépit de ces difficultés, les experts ont réussi à fixer le montant nécessaire à la mise en place du plan cancer à 200 milliards de dinars pour les cinq années à venir. Il dit cependant regretter que les deux fonds d'affectation spéciale ne soient pas mis à contribution. Pour s'assurer de la réussite du plan cancer, il plaide pour l'instauration d'une entité indépendante chargée d'effectuer une évaluation annuelle des actions mises en place car, dit-il, beaucoup de plans de par le monde ont piteusement échoué faute d'évaluation.