La ministre de l'Education pose ses conditions pour la réouverture du dossier du statut particulier. Pour satisfaire cette revendication des syndicats, Benghebrit exige de la sérénité et l'acceptation d'un agenda qui s'étalera sur au moins les cinq années à venir. La coordination des syndicats du secteur campe sur ses positions. La grève prévue mardi et mercredi prochain aura bel et bien lieu. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Le ministère de l'Education dit oui à la principale revendication des syndicats mais pas sans conditions. Nouria Benghebrit assurait, hier matin, qu'il lui était impossible de rouvrir le statut des personnels de l'éducation sous la menace du débrayage. En clair, les syndicats sont appelés à abandonner le recours à la grève pour ensuite s'asseoir autour d'une table et faire leurs propositions au sujet du statut particulier. La réponse des syndicats ne s'est pas fait attendre : ils maintiennent le débrayage prévu mardi et mercredi prochains. Ils affirment n'avoir pas été convaincus par les propos de la ministre de l'Education, notamment en ce qui concerne la satisfaction de revendications urgentes comme l'intégration des enseignants, l'effet rétroactif des promotions aussi bien pour les enseignants que pour les intendants. Hier matin, la ministre de l'Education affirmait pourtant que l'ouverture du statut particulier «s'impose» mais certainement pas dans l'urgence. L'objectif, dit-elle, est d'éviter de répéter ce qui s'était passé en 2008 puis en 2010. La rédaction initiale puis la réouverture de ce statut sous la pression de la grève de 2010 a donné naissance à des inégalités. Ces erreurs du passé, dit-elle, doivent absolument être évitées pour rédiger enfin un statut qui puisse être en vigueur au moins pour une quinzaine d'années. Une fois le climat social détendu, les syndicats seront appelés à faire part de leurs revendications avant que les spécialistes ne lui donnent une existence juridique. S'adressant aux syndicats de son secteur, la ministre de l'Education a réitéré son intention de travailler à la satisfaction de leurs revendications. Elle évoque un processus en cours empreint de «sincérité», réfutant les accusations des syndicats qui affirment, dans de nombreuses déclarations, que le ministère de l'Education gagnait du temps. «Honteux», rétorque Benghebrit qui dit ne pas du tout être dans cette logique et être animée par une seule volonté, celle de ne faire perdre aux élèves aucun jour de classe. Depuis son arrivée à la tête du secteur de l'éducation, affirme-t-elle, pas moins de 500 heures ont été consacrées au dialogue avec les partenaires sociaux pour connaître les problèmes d'un secteur qui souffre depuis dix ans d'instabilité chronique. Si la multiplication des syndicats est un facteur de démocratie, il est nécessaire aujourd'hui, affirme Benghebrit, de se mettre d'accord sur une position favorable aux élèves, notamment avec l'adoption de la charte proposée par la ministre à son arrivée à la tête du secteur qui nécessite, dit-elle, des rapports de confiance. Bac Recul sur le recours à la fiche de synthèse Pas d'utilisation de la fiche de synthèse pour l'orientation des nouveaux bacheliers. Le ministère de l'Education fait marche arrière en raison des appréhensions des élèves et du manque d'information à ce sujet. Benghebrit avoue avoir reculé pour éviter de «créer des problèmes supplémentaires» au sujet d'une disposition qui aurait, selon elle, supposé davantage d'explications. Réforme du système éducatif Petits changements pour la rentrée 2016-2017 Pas de changements majeurs pour la prochaine rentrée scolaire. Le ministère de l'Education poursuit la réflexion autour des correctifs à apporter aux programmes. Ce n'est qu'à la rentrée 2016- 2017 que les premières mesures concrètes seront mises en application. Elles concerneront notamment les élèves de première et de deuxième année du cycle primaire et moyen. De nouveaux manuels seront mis à leur disposition. L'ONPS lancera, dès ce mois de mars, les avis d'appel d'offres pour l'impression de ces manuels. Quatre axes de réflexion seront prioritaires : traiter les dysfonctionnements dans les programmes, réviser le statut particulier, professionnaliser la formation, accélérer la réalisation des structures et numériser le secteur. A terme, le secteur veut arriver à concrétiser les 32 heures de cours dès la prochaine rentrée qui se fera le 25 août pour l'administration, le 1er septembre pour les enseignants et enfin le 6 septembre pour les élèves. Le ministère de l'Education espère également généraliser le préscolaire à l'horizon 2018. N. I. Enseignement du français dans le Sud Les dérogations toujours en vigueur Cette année encore, de nombreux élèves du Sud et des Hauts-Plateaux seront dispensés de l'épreuve de français lors des examens nationaux. C'est avec «regret», affirme Bengebrit, que cette mesure sera, une fois encore, reconduite en attendant que l'ensemble des structures scolaires dans ces régions soient dotées d'enseignants. Très souvent, affirme la ministre de l'Education, l'absence de l'enseignement des langues est due à des pratiques peu éthiques qui voient des enseignants accepter des postes de travail pour ensuite présenter des certificats de maladie à longueur d'année.