Les miliciens chiites yéménites, dits Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaâ ont tiré en l'air hier pour disperser une manifestation de protestation contre leur coup de force, blessant au moins quatre personnes, selon des militants. Des centaines de jeunes manifestants s'étaient rassemblés dans un quartier de la capitale à l'occasion du 4e anniversaire du déclenchement, le 11 février 2011, de la contestation qui a conduit un an plus tard au départ de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. «Non aux Houthis, non au coup d'Etat !», scandait la foule, que des miliciens en armes ont tenté de disperser en tirant en l'air et en attaquant au gourdin et à l'arme blanche, ont rapporté des membres du comité organisateur de la manifestation. Au moins quatre manifestants ont été blessés, selon eux. D'autres groupes de jeunes protestataires ont manifesté dans différents quartiers de Sanaâ malgré les strictes mesures de sécurité prises par les Houthis pour empêcher des rassemblements hostiles, ont indiqué des témoins. Mais sur la Place du changement, épicentre de la contestation, et sur celle des Sittine, des milliers de partisans des Houthis se sont rassemblés pour célébrer le 4e anniversaire de la contestation mais aussi le coup de force des miliciens chiites. Les hommes et les femmes, qui ont défilé séparément en arborant le drapeau yéménite, répondaient à un appel lancé la veille par le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi dans un discours télévisé. Dans d'autres provinces du Yémen, notamment à Hodeida (ouest), à Taëz et Ibb, au sud de Sanaâ, et à Baïda, une ville du centre du Yémen dont les miliciens chiites ont pris le contrôle mardi, la mobilisation anti-Houthis était également forte, selon des habitants et des militants. La détérioration de la situation sécuritaire à Sanaâ a poussé des ambassades occidentales, dont celles des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de France, à fermer hier et à évacuer leur personnel du Yémen. Les miliciens chiites ont annoncé vendredi la dissolution du Parlement et l'installation de nouvelles instances dirigeantes, après avoir poussé fin janvier à la démission le président Abd Rabbo Mansour Hadi et le Premier ministre Khaled Bahah en s'emparant par la force de bâtiments officiels.