Inspirateur de la loi « Bahamas » qui autorise un footballeur ayant la double nationalité civile et qui a déjà évolué en jeune d'un pays donné, Mohamed Raouraoua, le président de la FAF, semble avoir été le principal «perdant» dans le choix porté par l'attaquant de l'O Lyonnais, Nabil Fékir, pour la sélection française. Depuis Antar Yahia, en 2004, qui avait réussi à se délester des règlements Fifa et des multiples actions et velléités des responsables de la FFF de l'empêcher d'opter pour les Verts, lui qui avait effectué toutes les catégories des sélections françaises de jeunes, l'Algérie, à travers la FAF, a toujours su comment séduire les footballeurs d'outre-mer pour qu'ils changent leur nationalité sportive. L'amendement de l'article 18 du règlement d'application des statuts, lors du congrès de Nassau (Bahamas) en juin 2009, a permis à l'Algérie de récupérer une bonne trentaine de joueurs issus de l'émigration, pour la plupart des laissés-pour-compte des différentes sélections françaises de jeunes. Brahim Hamdani, Nasser Ouaddah, Djamel Belmadi, Hassan Yebda, Mourad Meghni, Yacine Brahimi et le tout dernier Nabil Bentaleb ont choisi la sélection de leur pays d'origine provoquant un profond malaise au sein des différents pôles décisionnels du football. C'est à croire que la France venait de perdre des lumières avec cette invraisemblable conséquence de voir le football français, l'EDF précisément, perdre sa notoriété établie grâce aux prouesses d'un certain Zinédine Zidane. Durant le règne de Laurent Blanc, le capitaine des Bleus devenu sélectionneur des Tricolores, l'«exode» des binationaux vers les sélections des pays d'origine a fait réagir la FFF et son DTN, François Blaquart. Ce dernier tiendra des propos maladroits à ce sujet, lors d'une réunion fédérale le 8 novembre 2010, devenu ce qui est plus connu par l'affaire des quotas. Une forme de racisme qui a réveillé les consciences, en Afrique mais aussi en France. La volonté des parents de jeunes footballeurs issus de l'immigration «Black-Beur» se décuple. Le challenge sportif offert par l'EDF qui a mis en valeur les Zidane, Benzema, Viera, Sagna et d'autres encore n'est plus prédominant dans le choix de la nouvelle génération. La voie de la raison a cédé le pas à la «voix» du cœur. A l'argent aussi que les fédérations africaines ont fini par réunir pour convaincre certains «récalcitrants». Cette pratique est une réalité même si les fédérations nationales africaines s'en lavent les mains, préférant évoquer l'intérêt des sponsors à l'exploitation de l'image de ces footballeurs nés et élevés là-bas, en France et partout en Europe. Un business fait de «mensonges» Le ralliement des Verts par ces nouvelles «recrues» a donné, tout compte fait, de la force à la sélection algérienne. Les dernières arrivées notamment, avec Brahimi et Bentaleb, ont grandement rehaussé le niveau et la valeur de la sélection qui s'est présentée au Brésil avec pas moins de 19 joueurs qui avaient appris le métier de footballeur en France, et parmi lesquels plusieurs cas Fifa à l'instar de Feghouli, Medjani, Ghoulam et autre Mandi. Mais comme l'appétit vient en mangeant, et que les Verts avaient encore besoin de se fortifier, la FAF de Mohamed Raouraoua, pour qui le tout-professionnel d'outre-mer est devenu l'inévitable parade, s'en ira cueillir en Hexagone de nouvelles «pépites» à l'image de Nabil Fékir. Un joueur révélé en août 2013, période qui a vu son club employeur, l'OL, lui offrir son premier contrat professionnel, et qui, depuis la nouvelle saison, a explosé au sein d'une formation rhodanienne métamorphosée par sa classe-biberon. Des prestations qui n'ont laissé personne indifférent, et c'est normal, à commencer par le sélectionneur des U21 des Bleus, Pierre Mankowski, le premier à convoquer Fékir en sélection lors des qualifications de l'Euro-2014. Les «superviseurs» algériens n'ont manifesté, alors, aucune inquiétude concernant l'avenir international de ce jeune footballeur chez qui on soupçonne un penchant pour les Verts. Le tête-à-tête qu'a eu son père, Mohamed, l'automne dernier à Alger, avec le président de la FAF semblait être ce préambule à la venue du nouveau «Messi» formé par l'école de JMA. Papa Fékir qui avait révélé à l'époque que son fils réserve sa réponse définitive pour mars 2015 reprendra les manœuvres au lendemain de la CAN-2015 en déclarant à ceux qui voulaient le croire que lui et son fils attendaient toujours un signe de la FAF. Sans jamais dire ce qu'il attendait au juste. Pour Nabil Fékir, le choix était fait dès lors qu'il finira par avouer, au plus fort de la pression, qu'il ne verra pas d'un mauvais œil une convocation de Didier Deschamps. Son appel téléphonique, vendredi dernier, à Christian Gourcuff ne serait, selon le Lyonnais, qu'une erreur de jeunesse. «Oui, je l'ai appelé pour lui dire que mon choix n'était pas fait. Je n'aurais pas dû l'appeler. J'ai commis une erreur. J'avais un peu la pression, en fait», a confié Fékir dans un entretien publié, hier, au journal L'Equipe. Un aveu plein de mensonges, en définitive. Comme celui ayant trait à la responsabilité de son père dans le choix de l'équipe de France. Dans les colonnes du quotidien sportif français, hier, Fékir confiait : «Mon père aurait aimé me voir jouer pour l'Algérie. Mais c'est moi le joueur, c'est moi qui suis sur le terrain. Ce sera l'équipe de France et ça ne changera plus ! Je suis très attaché à cette équipe.» Une autre manœuvre trahie par le propos, celui-là à chaud, tenu par le joueur à l'issue du match Montpellier-Lyon, dimanche soir. A sa sortie du terrain, Nabil Fékir dédiera sa prestation agrémentée d'un doublé à son père. «C'est pour toi papa», a-t-il lâché. On vous le dit : la vérité sort bien de la bouche des enfants.