Le commissaire de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» consent une légitimité relative aux critiques charriées par les péripéties des préparatifs de l'évènement. Confessant la réalité de «certains» retards dans les réalisations des projets prévus, son alignement à l'euphorie détestable du wali de Constantine et de la ministre de la Culture prête à équivoque. Samy Bencheikh El-Hocine apporte, en vérité, sa caution à un échec patent,qui pénalise en premier lieu la mise en œuvre du programme d'activités dont il a la charge et qu'il s'est attelé à peaufiner depuis des mois avec les membres de son commissariat. Le Constantinois lambda n'en retient, en fait, que le gros mensonge du paradis promis dans une cité suspendue entre ciel et roche, claironné deux ans plus tôt, par une ministre pagailleuse et un wali que les bonne femmes de Constantine dénomment Obama, Nouredine Bedoui en l'occurrence, promu, depuis, au rang de ministre alors que Mme Toumi a été, elle, remerciée. L'affranchissement des trottoirs jonchés de tonnes de déblais hétéroclites sinon défoncés pour réfection, dit-on, n'est toujours pas à l'ordre du jour. Les chevilles des quidams n'en pâtiront que davantage tant que l'asphyxie tue en silence. L'air irrespirable étant devenu, ces derniers jours, la hantise des Constantinois qui pensaient être définitivement débarrassés des nuages de poussières défiant l'étanchéité des foyers sûrs, dégagés par des compresseurs aussi décapants qu'assourdissants. Moins sûre, la chaussée envahie par hardiesse, à qui mieux mieux entre piétons et automobilistes fuyant les «météorites» lâchés par les maçons d'infortune recrutés à la criée par les apprentis entrepreneurs qui se sont découvert, sous peu, une vocation de «bâtisseurs» à l'annonce du budget faramineux alloué à la réfection de la cité. La prédation fera le reste. Les consentements entre contractants n'ont jamais été aussi palpables que dans le laisser-faire accordé aux préposés aux ravalements et badigeonnages d'un pâté de maisons bâclés dans autant de temps pris par des yeux bridés, à quelques encablures, pour édifier des mastodontes de béton et d'acier. Le Zénith et le Marriott dont ne cesseront de s'enorgueillir les Constantinois qui auront survécu au chaos infligé à l'antique capitale numide. La chronique locale retiendra, pour la petite histoire, l'anecdote authentique des premiers coups de pioches donnés le même jour, l'un pour la rénovation de la modeste station d'essence de la cité Boussouf et l'autre pour l'un des plus importants projets dont a bénéficié Constantine, l'hôtel Marriott en l'occurrence. Un cinq-étoiles flambant neuf déjà prêt à accueillir des locataires sur une superficie de 78 000 m2. Les pannes sèches du côté de la cité Boussouf demeurent, elles, fortement déconseillées surtout au milieu des embouteillages engendrés, en partie, par les travaux de rénovation de la station Naftal. Hocine Ouadah, l'actuel wali de Constantine, avait pourtant un alibi majeur au lendemain de sa nomination à la tête de l'exécutif, celui d'avoir pris le train en marche héritant d'ambitions surdimensionnées pour des capacités de réalisation réduites, un savoir-faire inconséquent et une absence avérée de compétences locales à même de mener à bon port une telle entreprise. L'ambition tue son homme, comme dit l'adage, et le wali, qui avait non seulement assuré de pouvoir relever le défi, persistera dans ses affirmations et promesses de réceptionner la majorité des projets inscrits avant la date-butoir du 16 avril 2015. Multipliant les sorties sur le terrain et les déclarations rassurantes en dépit d'une cadence d'avancement quasi nulle dans la plupart des chantiers, il est paradoxalement salué par le ballet des ministres qui ont fait de Constantine, ces derniers mois, une halte privilégiée. Moins d'une dizaine de projets, sur plus de 80 opérations inscrites au départ, seront réceptionnés à la veille de ce 16 avril comprenant tous des travaux de finition à parachever et/ou à parfaire. Suffisant pour entonner que le pari a été tenu et que ces réalisations relèvent de l'exploit. Plutôt une kyrielle de mensonges que les Constantinois, sacrifiés sur l'autel du populisme rampant, ne sont pas près d'oublier de sitôt. La véritable offrande du président de la République pour cette ville aura été donc, au-delà de cette distinction fredonnée par les édiles et responsables, une invitation à mesurer l'impopularité de ces derniers auprès des petites gens.