Amar Laskri a lutté jusqu'à son dernier souffle contre toutes les injustices et pour le cinéma algérien. Le réalisateur de Patrouille à l'Est, syndicaliste et fondateur de l'Association culturelle «Lumières» est parti... Le cinéaste et moudjahid Amar Laskri est décédé vendredi matin à l'hôpital Mustapha- Pacha à Alger, à l'âge de 73 ans. Hier vendredi, la triste nouvelle a laissé sans voix ses amis cinéastes et hommes de culture algériens, d'autant plus que ce décès est venu peu de temps après la disparition de l'acteur Sid Ali Kouiret et celle de Rabie Ben Mokhtar réalisateur, notamment de Marathon Tam et de Tinhinane, décédé mercredi à Alger à l'âge de 71 ans des suites d'une longue maladie. Né en 1942 à Aïn Berda (Annaba), Amar Laskri a étudié le théâtre, la radio, la télévision et le cinéma à Belgrade dans l'ex-Yougoslavie. Le réalisateur de Patrouille à l'Est, qui est également un ancien membre de l'ALN dans la Wilaya II (il est monté au maquis à l'âge de 15 ans après la grève des étudiants algériens), a commencé sa carrière de réalisateur de cinéma avec trois courts métrages, avant de contribuer à la réalisation d'un épisode au film de fiction collectif L'Enfer à dix ans sorti en 1968. En 1971, est sorti sur les écrans Patrouille à l'Est , un des plus beaux films sur la Révolution algérienne, inspiré d'une histoire réelle. Laskri dont le nom signifie «le soldat» ou «le militaire» réalisera deux autres grands films révolutionnaires. Le premier est Les portes du silence (1987) scénario de Mourad Bourboune, le dernier film dans lequel joue Hassan El Hassani, avant son décès peu de temps aprés. Le second est Fleur de Lotus (Bong-Sen) un long métrage algéro-vietnamien coréalisé avec Trân Dac et sorti en 1998. Amar Laskri a aussi signé d'autres œuvres cinématographiques, notamment Le Communiqué (1968) et El Moufid (1978). Il a, en outre, dirigé le CAAIC de 1996 à 1998, année de sa dissolution. C'est d'ailleurs dans l'objectif de maintenir en vie le cinéma algérien qu'il fonde en 1998, l'Association «Lumières», en réaction à la dissolution des entreprises publiques de production audiovisuelle, le CAAIC, l'ANAF et l'ENPA (Il s'était ouvertement opposé à ces dissolutions). «Malgré l'âge et la maladie qui me ronge, je suis là», a déclaré Laskri en février dernier lors de l'hommage que lui avait rendu l'association Machaâl Echahid, avec l'aide de l'association Lumières pour la culture et le cinéma, au Centre de presse du quotidien El Moudjahid à Alger. Les gens se rappellent toujours du fameux cri donnant l'alerte «yaou aâlikoum men Guelma !» dans le film Patrouille à l'Est. Mais ce film d'un rare «réalisme révolutionnaire», a aussi d'autres messages. Les «militaires» de l'ALN sont tous morts au combat avant de traverser la frontière tunisienne. Mais, un civil a pris le relais et le témoin a accompli la mission. Voila souligné le caractère populaire, donc invincible, de l'Armée de libération nationale ! La dépouille du défunt sera inhumée aujourd'hui samedi à Annaba, a indiqué l'Association «Lumières».