Mercredi dernier, l'artiste Saïd Bouster devait animer à la salle de conférences du siège de la Wilaya, avec son orchestre, la cérémonie de remise de prix aux lauréats des examens des fins de cycles scolaires, organisée par la Direction de l'éducation de Guelma. Avant le début de la cérémonie, il est pris d'un malaise. Tandis que les organisateurs s'apprêtaient à lancer cette manifestation, le célèbre chanteur de malouf a d'abord vacillé, puis a fait une lourde chute devant l'assistance. Il a immédiatement été conduit à l'hôpital Okbi du centre-ville. Il décède peu après, d'un arrêt cardiaque, il était âgé de 39 ans. Quels trépas à la fleur de l'âge ! Calama perd un brave fils. Toujours habillé avec soin, méticuleux, élégant, discret à la silhouette longiligne cachant une personne chaleureuse et bonne vivante. Saïd Bouster a enchaîné les célèbres chansons du riche répertoire local du malouf. Dans sa jeunesse, il commence à apprendre et à chanter mais sa passion pour le maestro, El Hadj Mohamed-Tahar Fergani, le conduit au violon et au luth. Il monte même un groupe, Ryadh Al Andalous, avec ses copains : Nabil Fedaoui, Samir Hrirech, Mouldi Oucif, Boulouh Lotfi... Saïd Bouster nous quitte donc sans que personne ne s'y attendait. Rien ne laissait prévoir une telle fin, laissant un vide dans le milieu artistique guelmi, qui avait tant besoin de son talent. Né à Guelma, dans le cœur même de la vieille ville, à la cité Ben Boulaïd, appelée communément «Boumarchi Aârab», le petit Saïd, grâce à son père Kader, un élégant citadin et mélomane avéré, écoutait énormément la musique, charqi, malouf, aïssaouiya et même l'éternelle chanson française, Aznavour, Ferrat, Ferré, Moustaki..., tout était bon pour lui d'avoir l'oreille musicale. Mais son instinct artistique le mit sur la voie royale du malouf. Il apprit alors les célèbres qacidat mais aussi plusieurs instruments. Saïd s'est distingué et a forcé l'admiration par la qualité et la maîtrise de son interprétation de ce riche patrimoine musical. Cet artiste passionné, joueur de violon inspiré s'est consacré donc, à l'exécution du répertoire classique de cette musique arabo-andalouse, dont il a eu le courage de créer son propre style. Aussi Saïd Bouster, que le destin nous a pris trop tôt un certain mercredi 22 juillet, n'est pas mort, il vit partout, là où sa voix a fait vibrer le cœur des Guelmis.