Après une période d'embellie durant le mois de Ramadhan où les prix de la pomme de terre sur pied, c'est-à-dire à l'arrachage, étaient maintenus à un niveau acceptable, c'est de nouveau la stagnation et c'est le désarroi chez les producteurs de ce féculent. A Bouira, ce sont des centaines de milliers de quintaux de pomme de terre qui risquent de pourrir sur place au niveau des milliers d'hectares cultivés principalement dans le périmètre des Aribs à Aïn Bessem et le plateau d'El-Esnam. Pour le président de l'association des producteurs de pomme de terre de Bouira, Messaoud Boudhane, «actuellement, après avoir écoulé une partie durant le mois de Ramadhan à un prix acceptable qui oscillait entre 30 et 35 dinars, les producteurs se retrouvent avec un produit arrivé à maturité mais sans trouver d'acheteur. C'est à peine si certains spéculateurs et autres grossistes viennent pour proposer le prix de 12 à 15 dinars le kilo. Un prix qui va créer une faillite pour les centaines de professionnels qui se verront obligés de vendre leurs matériels pour payer les dettes contractées». C'est le triste sort de cette filière qui ne cesse de vivre les turbulences depuis des années. Les ministres de l'Agriculture qui se sont succédé ont beau déclarer que le problème de la pomme de terre est définitivement réglé avec la création du Syrpalac ou le système de régulation des produits agricoles à large consommation, il n'en demeure pas moins que ce système a largement montré ses limites. Les responsables chargés de lancer ce système d'une manière systématique pour la production d'arrière saison en janvier –février ou celle de la saison en juin – juillet, n'ont jamais réussi à prendre toute la production disponible. C'est le cas de l'actuelle saison où selon notre interlocuteur, les responsables chargés de lancer le Syrpalac se sont manifestés une fois à Aïn Bessem où ils ont pris la production d'un professionnel mais depuis, ils n'ont plus donné signe de vie. Aussi, face à ces problèmes à répétition et surtout face à l'échec de l'expérience Syrpalac, le représentant des producteurs de pomme de terre de Bouira appelle le ministre de l'Agriculture et du Développement rural pour créer un office qui s'occuperait de l'achat et la commercialisation de ce produit à large consommation, et que l'on peut placer aux côtés des céréales, du lait et des légumes secs. Pour notre interlocuteur, seul un office qui prendrait systématiquement la production disponible arriverait à stabiliser cette filière et la mettrait à l'abri des fluctuations des marchés et surtout, à l'abri des spéculateurs. A Bouira et pour l'actuelle saison, quelque 3 000 hectares répartis sur les deux principaux bassins des Aribs et d'El-Esnam, ont été cultivés pour une production totale estimée à plus de 800 000 quintaux. Cela étant, rappelons que cette crise d'écoulement du produit s'est répercutée directement sur le marché de détail puisque la pomme de terre est cédée actuellement à 45/50 dinars le kilo. C'est dire que la régulation du marché n'est pas pour demain.