La rentrée des classes est dans trois semaines. Le 6 septembre prochain, plus de huit millions d'élèves rejoindront les bancs de l'école après trois mois de vacances. Une rentrée placée sous le signe du changement et de la refonte pédagogique et sur laquelle tous les regards seront braqués. Et pour cause, la ministre de l'Education nationale qui veut moderniser l'école est devenue l'ennemie des islamo-conservateurs qui misent sur son départ. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Jusque-là, Nouria Benghebrit ne s'est pas laissée impressionner et affirme que «toutes ces attaques ne l'empêcheront pas de poursuivre sa feuille de route». Imperturbable, elle estime que personne n'a le monopole du nationalisme. Sortie en congé, son retour est très attendu par ses détracteurs pour savoir quels changements elle va mettre en place. Pourtant, la ministre de l'Education nationale a invité même ses détracteurs à débattre avec elle du système pédagogique. Benghebrit a ouvert tout un chantier pour l'approfondissement du processus de la réforme du système éducatif entamé en 2003 mais la priorité, selon elle, sera donnée au cycle primaire. Suppression de l'examen de la 5e année primaire et son remplacement par un test national, introduction des langues maternelles dans le pré-scolaire et les deux premières années du primaire, élargissement de l'enseignement de tamazight à 20 wilayas du pays... sont les quelques changements qui devront être appliqués à partir de septembre prochain. Par ailleurs, deux cents autres recommandations issues de la conférence nationale sur la mise en œuvre de la réforme attendent leur concrétisation. Un groupe de travail sera installé d'ici la fin du mois en cours pour mettre en place les mécanismes d'application. La refonte du bac, l'introduction de la fiche d'évaluation et l'introduction du bac professionnel sont les points majeurs sur lesquels se focalise la famille éducative. Seront-ils pour autant appliqués durant la rentrée 2015-2016 ? Pas sûr. Le ministère de l'Education nationale fera, certes, son travail pour finaliser la feuille de route d'application mais celle-ci ne sera pas appliquée sans l'aval du gouvernement. Le Premier ministre a pourtant invité les pédagogues à faire des propositions pour moderniser l'école algérienne. Selon lui, le gouvernement sera là pour appliquer leurs recommandations. D'ailleurs, le gouvernement, dit-il, ne lésinera pas sur les moyens pour améliorer le système éducatif. Benghebrit verra-t-elle ses réformes concrétisées ? Pire, la ministre de l'Education nationale qui est devenue une ennemie à abattre par les islamo-conservateurs et qui misent sur son départ, fera-t-elle sa rentrée ? Le gouvernement qui, jusque-là, n'a pas réagi aux attaques auxquelles fait face Benghebrit soutiendra-t-il sa ministre ou la sacrifiera-t-il pour satisfaire les islamistes ? Autant d'interrogations suscitées par le silence du gouvernement face à la bataille que mène la ministre de l'Education seule. Premier cours le 6 septembre La ministre de l'Education nationale a annoncé que le premier cours de la rentrée prochaine sera dispensé le premier jour de la rentrée, soit le 6 septembre. Les enseignants, eux, rejoindront leurs postes le premier septembre. Ouverture du transport scolaire aux privés Les transporteurs privés ouvrent désormais droit pour desservir les établissements scolaires. Un décret exécutif fixant les conditions et les modalités de l'exploitation du transport scolaire a été publié en juin dernier au Journal officiel. Le décret vient, en plus, de réglementer ce créneau, de confier le service du transport scolaire, jusque-là assuré exclusivement par les collectivités locales, les établissements privés et les associations à caractère éducatif, aux transporteurs privés. Bannir les grèves illimitées dans le secteur La ministre de l'Education nationale qui tient à ramener la stabilité au secteur réussira-t-elle à faire signer aux syndicats autonomes la charte de l'éthique et de la stabilité auquelle elle tient tant ? Benghebrit qui a géré avec succès la grève des enseignants l'année dernière ne veut désormais plus de grève illimitée dans son secteur. Celle qui dit ne pas remettre en cause le principe de la grève estime que l'intérêt de l'élève doit être préservé et les enseignants peuvent exprimer leur mécontentement entre autres avec un brassard sans pénaliser l'élève.