Mahomet, le film iranien sur le Prophète Mohammed (QSsSL), est diffusé dans les 143 salles de la République islamique depuis jeudi dernier. Le même jour, il a été projeté en ouverture officielle du Festival des films du monde (FFM) de Montréal, Canada. Mais sa sortie risque d'alimenter la polémique dans les prochains jours. Selon les observateurs sur place en Iran, Mahomet, long-métrage d'une durée de près de trois heures et premier volet d'une trilogie consacrée à la vie du Prophète, a vu affluer les spectateurs dans les salles obscures. Le réalisateur, Majid Majidi, affirme même que son film a fait salle comble à Téhéran, allant jusqu'à prédire que «ce sera le plus grand succès de l'histoire du cinéma iranien». Son optimisme est, bien sûr, une «invitation» aux distributeurs internationaux dont il espère susciter l'intérêt. Chahuté à Montréal par des opposants au régime iranien avant sa projection, le film avait commencé à faire grincer des dents les théologiens sunnites alors qu'il était encore en production. L'Arabie Saoudite, en particulier, se montre très irritée et manifeste son opposition depuis 2012 déjà. Au début de l'année 2015, Ahmed Al-Tayeb, grand imam de l'université Al-Azhar du Caire s'est également opposé à toute représentation du Prophète. Prémices à une prochaine et grande polémique ? En tout cas,cela rappelle le précédent film sur le Prophète Mohammed (QSSSL), Le Message (réalisé en 1976 par le cinéaste américain d'origine syrienne, Mustapha Akkad) qui,à l'époque, avait été jugé blasphématoire par des musulmans radicaux. Majid Majidi estime, pour sa part, que son film «ne dépeint pas le Prophète lui-même mais le monde qui l'entoure et qu'il voit à travers ses yeux d'enfant, de sa naissance à l'âge de treize ans. Par un jeu d'effets spéciaux, son visage n'apparaît jamais, mais on voit sa silhouette et son profil». Dans Mahomet, l'action est en effet vue à travers les yeux du Prophète et le visage des acteurs l'interprétant n'est jamais montré (le Prophète nourrisson, enfant puis pré-adolescent), alors que toute la première partie du film se déroule avant sa naissance. «En tant qu'artiste musulman, mon objectif était de créer une vision de l'islam qui change celle qu'a l'Occident et qui se résume souvent à un terrorisme islamique attaché à la violence. Or, l'islam c'est la concertation, la bonté et la paix», explique le cinéaste. Précisant sa pensée, il ajoute : «Ces dernières années, une mauvaise lecture de l'islam dans le monde occidental en a donné une image violente qui n'a strictement aucune relation avec sa vraie nature.» A ses yeux, cette grosse production devrait contribuer à en finir avec cette image négative. Il faut dire que Mahomet, le film le plus cher jamais produit en Iran — avec un budget d'environ 40 millions de dollars, ou 34 millions d'euros — et en partie financé par l'Etat, a nécessité sept années de production en plus de la reconstitution, au sud de Téhéran, de la cité de La Mecque. Le réalisateur de cette grande fresque sur l'enfance du Prophète Mohammed (QSsSL) a également indiqué que, s'agissant d'une trilogie, le film aura une suite et que les autres productions ne seront pas «nécessairement réalisées par moi-même». Majid Majidi, 56 ans, est un cinéaste iranien reconnu à l'international. Cet ancien acteur a réalisé une dizaine de films (Le Secret de Baran, Les Enfants du ciel...) dont plusieurs primés à l'étranger. Ce long-métrage iranien va peut-être relancer le projet qatari d'une super-production sur la vie du Prophète de l'islam. Pour mémoire,la compagnie Alnoor Holding basée au Qatar avait annoncé,en décembre 2012, un projet de film en sept volets et dont le budget s'élèverait à 1 milliard de dollars !