La taxe intérieure de consommation (TIC) sera revue à la hausse dans le projet de loi de finances 2016. C'est le ministre des Finances qui l'a annoncé, jeudi dernier à l'occasion de l'adoption de la loi de finances complémentaire pour 2015 par les députés. Sans donner de détails, Abderrahmane Benkhalfa a indiqué que le projet de LF 2016 introduira «un retour à la TIC dans l'objectif d'encourager la production nationale». Ainsi, cette taxe qui s'applique sur les achats et les importations de plusieurs produits, notamment les boissons alcoolisées, les tabacs, cigares et allumettes, ainsi que certains fruits exotiques, devra augmenter. Au-delà de son mode de calcul et de son utilisation, cette taxe générant des recettes douanières et fiscales et alimentant partiellement le Fonds de soutien à l'exportation, la révision à la hausse de la TIC aura un impact certain sur le portefeuille des consommateurs. Cela dans la mesure où les producteurs, les importateurs et autres distributeurs répercuteront d'une manière ou une autre ce réajustement sur les prix de vente, même si les produits concernés sont consommés différemment. Ce qui risque de se traduire par une certaine inflation, un coût social relativement élevé et un impact commercial et économique incertain, et cela même si la surtaxation de certains produits consommés par les Algériens pourrait être bénéfique en termes de préservation de la santé et réduction de la facture d'importation. Visant certainement à consolider les revenus du pays, générer des ressources nouvelles et diversifiées au profit du budget, le «retour», le réajustement de la TIC risque pourtant d'être contradictoire avec l'objectif des pouvoirs publics de préserver les équilibres sociaux, la politique sociale. Certes, Abderrahmane Benkhalfa précise que le gouvernement compte passer graduellement, dans sa politique budgétaire, d'une dépense publique massive à des financements basés sur les ressources du marché. Toutefois, le cap de ces dépenses «sera maintenu» à moyen terme, afin d'atteindre les objectifs de croissance hors hydrocarbures, affirme-t-il, en évoquant «la valorisation des ressources, l'encouragement des entreprises créatrices de valeur ajoutée et la sauvegarde des progrès en termes de politique sociale». Une politique qui «ne sera en aucun cas secouée de manière brusque», considère le ministre des Finances, en dépit de la baisse des prix de pétrole et des revenus extérieurs. Notons également que le projet de loi de finances pour 2016 devrait revoir à la baisse le prix du marché du baril de pétrole, établi à 60% dans le cadre de la LFC 2015, tout en maintenant le prix de référence fiscal de 37 dollars le baril. Egalement, le prochain cadrage budgétaire poursuivra l'assainissement des comptes d'affectation spéciale. Notons par ailleurs que le Produit intérieur brut (PIB) devrait croître de 18 000 milliards de dinars en 2015 à 25 000 milliards de dinars en 2016, soit une évolution de 4,6%, indique Abderrahmane Benkhalfa qui considère que «ce n'est pas le taux de croissance qui nous intéresse, c'est plutôt la qualité de cette croissance qui nous interpelle».