"L'amnistie g�n�rale telle que plaid�e par Me Toufik Ksentini ne m�nera nulle part. Pour les familles des disparus, le recours au r�f�rendum est nul et non avenu". C'est ce qu'a d�clar� hier, lors d'une conf�rence de presse, le repr�sentant de l'Association nationale des familles de disparus. Une r�ponse adress�e au pr�sident de la commission consultative pour la promotion des droits de l'homme. Intervenant au quotidien Libert�, l'avocat affirmait que toutes les "situations de conflits et de violences internes de par le monde et l'histoire finissent par se solder par une amnistie g�n�rale". S'agissant du probl�me des disparus "il est question d'un dysfonctionnement (dans les institutions) mais il a �t� l'exception et non la r�gle". Scandalis�s, le ton ferme, SOS disparus, le Collectif des familles des disparus en Alg�rie et l'ONFVAD se joignent � l'ANFD, pour qualifier les enl�vements des leurs de "crimes contre l'humanit�, qu'ils consid�rent inamnistiables". Dans leurs interventions, les familles de disparus ne peuvent accepter de faire table rase du pass�. "Comment des familles qui ont vu leur enfant interpell� officiellement par des institutions �tatiques et dont elles ignorent le sort peuvent-elles renoncer � conna�tre la v�rit� et aller devant la justice ? Une telle amnistie est destin�e � emp�cher que des enqu�tes soient men�es sur les auteurs des enl�vements et contribue � renforcer le climat d'impunit�. Elle n'est pas de nature � renforcer le respect des droits de l'homme ni un Etat de droit." Aujourd'hui, poursuivant leur combat pour que la v�rit� sur le sort de milliers de disparus �clate, les familles, par la voix de leurs organisations, appellent � un d�bat national sur la question o� les familles auront leur mot � dire. "La plupart des familles connaissent les auteurs des enl�vements ; les corps constitu�s ont enlev� nos enfants. A qui doit-on pardonner ? Nous ne sommes pas non plus d'accord avec les propos tenus par l'ancien pr�sident de la R�publique, M. Ben Bella, lorsqu'il pr�ne l'amnistie g�n�rale. Tout le monde sait qu'il y a une d�cision centrale derri�re les disparitions. Nous ne sommes pas anim�s par un esprit de vengeance, nous ne voulons pas la t�te du policier du coin, mais nous demandons un jugement et notre combat est un devoir de m�moire. Nous continuerons � militer pour un Etat de droit pour que jamais plus ces erreurs ne se reproduisent." Pour sa part, le pr�sident de "Somoud" n'a pas manqu� d'exprimer, sans d�tours, sa d�ception quant � la derni�re sortie de Farouk Ksentini. "Nous esp�rions beaucoup de la commission qu'il pr�side. Aujourd'hui, nous comprenons que cette amnistie s'adresse aux responsables de l'Etat. En fait, la commission demande un temps mort pour le pr�sident de la R�publique. Aujourd'hui sa pr�occupation est de d�corer un rapport qu'elle va pr�senter au chef de l'Etat. La commission veut acheter le silence des familles, ceci est un encouragement � l'impunit� et � l'injustice". Mme H'la�mia, repr�sentante de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit (ONFVTAD), abondant dans le m�me sens, appelle � son tour � un d�bat national : "Nous ferons, nous aussi, une campagne contre ce r�f�rendum. Nous irons � la base, nous chercherons ceux � qui on n'a jamais donn� la parole, pour leur expliquer que voter pour l'amnistie g�n�rale c'est encourager les assassins et les �gorgeurs. L'amnistie g�n�rale ne permettra plus aux familles de recourir � la justice. Si elle est appliqu�e il y aura violation du droit. Aujourd'hui, il faut que le pr�sident ait le courage politique d'ouvrir s�rieusement le dossier des disparus". L'intervention de la pr�sidente du collectif des familles des disparus en Alg�rie (bas� � Paris) a �mu toute l'assistance. M�re d'un gar�on disparu le 30 janvier 1997, alors qu'il se trouvait en vacances en Alg�rie, cette femme d�chir�e par la douleur veut la v�rit� sur les disparitions : "On veut encore tourner la page pour que les bourreaux soient pardonn�s. Je ne veux pas pardonner si on ne me demande pas pardon. Je reprends la phrase d'une m�re chilienne � laquelle j'adh�re totalement : "Nous n'avons pas le droit d'oublier". Que chacun avoue ses crimes pour que nous puissions reconstruire l'Alg�rie sur des fondements sains et solides." A la question de savoir ce qu'entreprendront les organisations des famille des disparus si l'Etat ne r�pond pas � leur demande (le d�bat national), les pr�sents sont unanimes � dire : "Nous allons �noncer cette demande juridiquement, publiquement et clairement, car nous savons d'avance que l'Etat a tous les moyens r�pressifs d'emp�cher les gens de se r�unir et de s'exprimer. La proc�dure aberrante du recours r�f�rendaire sera un viol, nous allons donc �lever un m�morandum. Si Ksentini comme un pr�pos� du chef de l'Etat �tablit un rapport complaisant pour liquider le dossier des disparus, nous ferons, pour notre part, un contre-rapport o� nous ridiculiserons Me Ksentini et toutes les institutions qui le suivent. Quant � l'opinion internationale, nous savons que les donn�es ont chang� depuis le 11 septembre. Juridiquement, le syst�me international est imparfait, la seule possibilit� est le recours aupr�s de la Commission africaine des droits de l'homme mais qui demeure symbolique. Notre vrai recours reste l'opinion publique, la presse et les ONG. L'Etat aujourd'hui est concern� pour d�signer les responsables des disparitions, qu'ils viennent des groupes islamistes arm�s ou des corps constitu�s. Nous englobons l'ensemble des disparus dans la revendication de la justice et de la v�rit� en envoyant dos � dos les auteurs des crimes". R. S.