Des représentants des familles de disparus ont rencontré, jeudi dernier en fin de matinée, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion des droits de l'Homme. Pendant plus d'une heure, Mme Nacéra Dutour, Mme Yous et d'autres se sont enquis auprès de leur hôte des modalités d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Il ne nous a donné aucune réponse claire”, a rapporté Mme Dutour, jointe hier par téléphone. Les craintes de ces familles sont surtout suscitées par les “non-dits” du texte, qui sera soumis à l'approbation du peuple par voie référendaire le 29 septembre prochain. Au-delà, la plupart des familles, selon notre interlocutrice, rejettent en bloc l'amnistie dont profiteront les agents des services de sécurité, impliqués dans la disparition de leurs proches. “Nous appelons à voter contre la charte”, a-t-elle soutenu fermement. “La grâce ne suffit pas. Un criminel restera un criminel tant qu'il n'a pas été jugé. Nous voulons que les responsables des disparitions passent en jugement. Le pardon sera individuel”, a-t-elle ajouté. À Me Ksentini qui déclarait que “les familles des disparus veulent justice sans saisir les institutions judicaires”, Mme Dutour a brandi les plaintes que de très nombreuses familles ont introduites sitôt que leurs parents n'ont plus donné signe de vie. “Aucune n'a abouti jusqu'alors”, a-t-elle affirmé. La revendication actuelle des familles des disparus est de rencontrer directement le chef de l'Etat. “Me Ksentini nous a demandé d'écrire une lettre qu'il lui fera parvenir. Nous lui avons répondu que nous n'avons nullement besoin d'une boîte aux lettres, mais d'un intermédiaire.” Le président de la Commission des droits de l'Homme a alors promis de demander, personnellement, au plus tard au début de la semaine en cours, audience au président Bouteflika pour les porte-parole des familles des disparus. S. H.