[email protected] Les examens scolaires ont pris fin au bonheur des parents et des élèves. Une semaine de stress où les nerfs ont été mis à rude épreuve. Une semaine de bourrage de crâne, d'intensives révisions avant la délivrance. Partout où que l'on soit, parents et potaches n'ont que le mot composition à la bouche. Au marché, des mères de famille papotent : - Tu sais aujourd'hui j'ai réglé mon réveil à 5h30, Nesserine n'a pas pu terminer les révisions de technologie. Elle a deux compos aujourd'hui, une le matin, l'autre l'après-midi. Elle doit manger vite à midi pour reprendre ses exercices de français. La quatrième année primaire est difficile. - Je ne te le fais pas dire. Salim a veillé jusqu'à 23h, c'est son père qui a été réquisitionné pour les maths. Je t'assure qu'il baillait, tellement il était épuisé. Sihem sort de l'école en courant. Elle se dépêche pour rentrer à la maison et reprendre son cahier d'histoire-géo. Sa mère lui a déjà préparé son déjeuner. La table est dressée, elle aura juste le temps d'avaler quelques cuillères de soupe et filer au salon, la chambre des enfants est déjà prise par son grand frère. Cette année, c'est l'examen du BEM, pour lui. Sa mère, anxieuse, la titille : - Le dessert tu le mangeras au goûter. Tu n'as pas le temps. Je veux un 10 cette fois. Pas de 8. Maman, laisse-moi juste 5 minutes le temps de regarder un peu la télévision. - Non ! tu auras tout le temps de te vautrer sur le divan et te gaver de films. Allez, maintenant au travail ! A la salle d'attente du médecin, la pièce est bondée. Des femmes sont en pleins débats. Vous en devinez le thème. Evidemment les compositions ! Une dame, la quarantaine, volubile, fustige le système scolaire : «Je n'arrive pas à comprendre comment l'on peut bourrer le crâne d'un enfant de 9 ans par certaines notions inutiles pour son âge. Expliquez-moi comment peut-on lui définir la notion d'impôts, qui même s'il réussit à l'assimiler, il l'oubliera sitôt l'examen passé.» «C'est vrai, renchérit sa comparse. Je ne sais pas qui conçoit le programme, mais moi je dis qu'ils passent complètement à côté. Nous avons été à l'école, et nous n'avons jamais potassé autant de matières au primaire. C'est un massacre. Et jamais nos parents n'ont été anxieux à ce point. Pour l'anecdote : je voulais rendre visite à ma jeune sœur, elle m'a carrément signifié que ce n'était pas possible car ses trois enfants passent les examens et qu'elle ne pouvait pas être une bonne hôtesse. J'ai l'impression que c'est elle qui passe les tests. Aujourd'hui mes deux enfants travaillent, l'aîné est médecin, sa sœur est professeure de sciences, je n'ai aucun souvenir d'inquiétude quand ils étaient en période de compositions. Et dans la famille, ça n'a jamais été un sujet de conversation. C'est devenu une affaire d'Etat. Pour nous, le seul évènement c'était le bac.»