Hier, le secrétaire général de l'UGTA a choisi la tribune du port d'Oran pour réaffirmer, dit-il, la conviction de tout un peuple que «ni le voisin d'à côté, ni ceux d'outre-mer ne nous font peur. Nous sommes un peuple révolutionnaire, et qui osera ne serait-ce que tenter de toucher aux symboles de l'Etat, nous lui ferons face quitte à prendre les armes !». Sidi-Saïd était plus que direct lorsqu'il exhorta l'assistance à reprendre ces paroles «pour la chute de l'occupant marocain et tous avec le peuple sahraoui libre et souverain». Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Hier, un espace en plein air au niveau du port d'Oran a été aménagé pour recevoir les centaines de travailleurs algériens et invités du Sahara occidental. Les drapeaux algérien et sahraoui ainsi que les portraits des deux présidents donnaient le ton d'une solidarité sans faille et entière. Etaient présents dans la délégation du Sahara occidental, le Premier ministre sahraoui Abdelkader Taleb Omar et sa délégation ministérielle, et du côté algérien, cinq membres du gouvernement. Il est à noter que cet événement est le premier du genre initié par l'UGTA, en associant, en la circonstance, des organisations syndicales africaines sous l'égide de l'OUSA, Organisation de l'unité syndicale africaine. Le discours, très attendu de Sidi-Saïd, n'a pas manqué de chauffer l'assistance, puisque comme à ses habitudes, il dira préférer la spontanéité au discours lu qu'il mettra de côté pour prendre le micro. Il dira que cette initiative de solidarité avec le peuple sahraoui émane des travailleurs algériens sous le parrainage du président de la République. En s'adressant au Premier ministre sahraoui, il lui montre du doigt les travailleurs algériens présents lors de ce rassemblement «vous avez devant vous une mer de travailleurs algériens, et ici l'Etat algérien et son gouvernement, les chefs d'entreprise (Ali Haddad président du FCE étant présent) et vous avez l'armée. Vous êtes présents parmi ceux qui ont fait les principes des libertés des peuples. Donc soyez tranquille, vous allez triompher dès lors que vous avez le soutien de la nation algérienne.». Et d'ajouter «que tombe le colonialisme du Maroc sur les terres sahraouies, dites-le après moi, répétez-le ! Le Sahara occidental veut son autodétermination et vivre dans la dignité !». Réalisant que ses propos à l'encontre du Maroc sont lourds de sens, Sidi-Saïd n'hésite pas à rajouter une couche «soyons bien d'accord, nous n'avons peur de personne ni des voisins ni de ceux d'outre-mer, notre peuple a payé lourdement sa Révolution en donnant 1,5 million de chahid, qui n'accepte pas qu'un peuple soit à ce jour colonisé. Barakat l'occupation des terres du peuple sahraoui». Le deuxième message du discours du secrétaire général de l'UGTA s'articulait sans pour autant le nommer autour du tweet de la photo du président de la République par Manuel Valls. «Etant un peuple qui tient à la dignité de son pays et ses grands principes révolutionnaires et nous tenons aux symboles de notre Etat, aujourd'hui, le port d'Oran a réuni 10 000 travailleurs, je dis en leur nom à ces gens d'outre-mer qui tentent de nous perturber, qu'ils se mettent définitivement dans leurs esprits que si vous touchez à un cheveu du symbole de l'Algérie, le président de la République, c'est comme si vous avez touché tout le peuple algérien. Je vous le dis avec conviction que les travailleurs algériens l'ont dit, ils n'acceptent qu'aucun être ou pays quelle que soit sa force de toucher aux symboles de l'Etat. La révolution du 1er-Novembre coule dans les veines de tout algérien et si cela le nécessite, on prendra les armes». Sidi-Saïd poursuit son discours en rappelant que les Algériens portent leur président dans leur cœur, «honte à eux, Abdelaziz Bouteflika est toujours l'homme de l'Algérie ! Nous leur disons qu'on n'en veut pas de leurs visas, on ne se taira pas pour un visa, la dignité avant tout». De son côté, le Premier ministre du Sahara occidental, Abdelkader Taleb Omar a appelé, hier à partir d'Oran, la communauté internationale à prendre ses responsabilités. Tout en saluant l'Algérie pour son initiative, il dira que le message de solidarité a bien été reçu par son peuple, mais qu'il l'est tout autant reçu par les instances internationales et le sera certainement par l'ennemi. «Le Maroc doit arrêter sa fuite en avant, il ne fait que s'isoler par ses réactions excessives». Pour l'intervenant, la situation au Sahara occidental ne peut plus tolérer d'autres reports dans la résolution de cette crise «je vous le dis, la situation est tellement tendue aujourd'hui que nous n'avons pas plus de deux choix ou bien la paix sinon le retour à l'instabilité». Il exhorta le Conseil de sécurité de réagir face aux entraves orchestrées par le Maroc pour empêcher la paix. Tout en appelant les Nations-Unies à reprendre leur mission dans la région avec plus de ferveur et d'actions concrètes, le Premier ministre sahraoui a également adressé un message à la France afin qu'elle arrête ses entraves face aux décisions des Nations-Unies, tout en demandant au gouvernement espagnol de prendre ses responsabilités face à ce que subit le peuple sahraoui et à ce qui en découle de l'accord de Madrid qui est illégitime, dit-il et d'ajouter «nous dénonçons tous ceux qui sont complices avec le Maroc dans l'exploitation de nos ressources au nom de l'investissement. Nous voulons notre autodétermination».