Les mots ont été durs, le ressentiment fort se lisant sur les visages de parents d'élèves candidats au bac 2016, et qui eux n'hésiteront pas à livrer leurs analyses. C'est lors d'une table ronde organisée, ce jeudi, par le bureau de la LADDH d'Oran, autour du scandale du baccalauréat 2016, que des témoignages ont été entendus et qui en disent long sur le vécu de milliers de familles algériennes : «Ceux qui ont organisé ces fuites de cette ampleur, est-ce qu'ils mesurent que c'est un crime contre toute la société qu'ils ont commis ?, ils ont brisé des milliers de jeunes et pourquoi ?», lâche un père de famille qui dira encore s'être trouvé impuissant devant la désespérance de son fils, et qui aujourd'hui est totalement démoralisé, démobilisé. Une mère de famille, enseignante universitaire, de même dira «ma fille n'a pas regardé les sujets qui ont été diffusés sur les réseaux sociaux, mais d'autres élèves l'ont fait, au lieu de penser à réviser, elle n'a plus que ça en tête la fraude, l'injustice, ils ont tué toute morale toute éthique, comme des criminels», poursuivra cette dernière. Lors de cette table ronde regroupant également des syndicalistes enseignants du secteur de l'éducation, des juristes universitaires et des militants des droits de l'Homme, les mots «crime et otage» sont revenus très souvent dans la bouche des uns et des autres. Ainsi, un autre intervenant, approuvé par les présents, livrera «sa lecture de ce scandale» apparemment partagé par beaucoup : «Nous avons atteint là le paroxysme de la lutte interne des clans dans le système, frapper le bac avec une telle ampleur est un crime contre des milliers de jeunes Algériens, c'est l'ensemble de la société qui est prise en otage par la lutte des clans au pouvoir», dira ce dernier avec force. D'autres feront une lecture plus large de cette situation, expliquant encore que cela intervient dans une succession de scandales énormes frappant notre pays. Mais ce sont des enseignants du secondaire qui par leur vécu et sentiment, apporteront une sorte d'estocade car pour eux, le pire est à craindre pour la cession qui se prépare : «De nombreux enseignants sont choqués et scandalisés par ce qui se passe, il ne faut pas croire que tous les enseignants sont des fraudeurs, des mauvais, et nous ne savons pas comment les choses vont se passer désormais, car cette fraude n'est pas banale c'est un coup volontaire porté au bac et à la société. qu'ils attendent maintenant ? On ne sait rien». D'ailleurs, beaucoup de ces enseignants ne croient pas à la version donnée comme quoi, la responsabilité revient à l'Onec dans la fuite orchestrée des sujets : «Il faut connaître comment cela fonctionne pour comprendre que ce sont des boucs émissaires», lâchera encore un enseignant de manière énigmatique.