Véritable dilemme que celui auquel font face les députés de l'allégeance, amenés prochainement à avaliser bien de projets de lois controversés et à mesures impopulaires, dont notamment le projet de loi de finances pour l'année prochaine portant le sceau de l'austérité avec la batterie de hausses multiples de taxes et l'instauration d'autres dans un timing pas du tout indiqué en raison de la proximité de rendez-vous électoraux d'extrême importance. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Un attelage de «cadeaux empoisonnés» choisis et emballés en haut lieu que les parlementaires du duo FLN-RND et les autres partis satellites auront le «devoir» d'avaliser sans coup férir, eux dont la majorité est fortement intéressée par renouveler le bail parlementaire à l'occasion des élections législatives prévues au printemps prochain. Tout ce beau monde n'aura pas la latitude qu'il avait, notamment à la même période de l'année dernière à l'occasion des débats houleux qui avaient accompagné le projet de loi de finances pour l'année en cours et que l'opposition parlementaire vilipendait, en vain. Certes, des députés de la majorité avaient enfreint la discipline partisane, le temps d'une récréation, joignant leurs voix incendiaires à celles de leurs camarades de l'opposition, mais ils ont vite fait de «rentrer dans les rangs» le moment fatidique de vérité, soit le jour du vote, levant la main pour adopter ledit texte dans la traditionnelle communion propre au camp de l'allégeance. Alors, ce scénario sera-t-il renouvelé, cette fois-ci, à l'occasion de la présentation au Parlement de ce projet de loi aux côtés d'autres qui suscitent appréhensions et craintes parmi le petit peuple, comme le projet modifiant et complétant la loi 83-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite prévoyant la suppression de la retraite anticipée, celui fixant les hautes responsabilités de l'Etat ainsi que les fonctions politiques dont l'accès requiert la nationalité algérienne ? Surtout qu'il s'agira pour ces députés fortement intéressés par prolonger leur séjour à l'hémicycle parlementaire, de «montrer leurs muscles», le temps de débats de façade, se prévalant d'une proximité avec les citoyens, donc leurs potentiels électeurs, en portant leurs préoccupations, eux qui ont fait preuve d'indifférence criante à leur égard le long de cette mandature. Ceci sur fond de surenchère que le secrétaire général du RND a d'ores et déjà appelé à éviter, invitant ses troupes parlementaires à faire «prévaloir les intérêts des citoyens et à participer à l'activité parlementaire sans démagogie», le pays, estime-t-il, «continue d'œuvrer à surmonter la crise financière et à poursuivre son développement» et «n'a pas besoin de telles pratiques». Plus explicite, Ouyahia a aussi exhorté les députés du parti qu'il a réunis le week-end dernier, à «porter les préoccupations de la population de leurs circonscriptions» aux tribunes de chacune des deux Chambres du Parlement, à «contribuer à l'enrichissement des projets de loi dans les commissions parlementaires» et à «apporter leur appui au gouvernement lors du vote des différents textes législatifs». Une surenchère «passagère» qui n'effraie pas pour autant l'opposition parlementaire. Pour Naâmane Laouar, député du MSP, le fait que des «députés de l'allégeance puissent porter les préoccupations des citoyens ne nous dérange aucunement». Ceci même s'il reconnaît que cet éventuel coup de gueule ne sera, comme de coutume, qu'«éphémère» car «ne prévalant que le temps des débats parlementaires retransmis en direct sur le petit écran». Pour le vice-président du MSP, les députés de l'allégeance seront dans une «situation inconfortable, voire délicate puisque appelés à adopter». Une appréciation que partage son collègue parlementaire du PT, Youcef Taâzibt, qui n'exclut pas que «des députés de la majorité ne recourent à une sorte de séance de rattrapage en s'adonnant à la surenchère à l'occasion des prochains débats autour notamment du projet de loi de finances 2017 et celui de la retraite. Mais ces députés frondeurs d'un jour iront-ils cette fois-ci jusqu'à désapprouver ces textes du gouvernement lors des séances de vote ? Une interrogation à la quelle le membre de la direction du parti que dirige Louisa Hanoune n'ose pas de réponse franche, rappelant seulement qu'un député du FLN avait, lors de la séance du vote du projet de loi portant code électoral, publiquement avoué être contre mais contraint de voter pour sur ordre du secrétaire général du vieux front du pouvoir !