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MAGYD CHERFI, DU GROUPE ZEBDA, EN LICE POUR LE GONCOURT
Ma part de Gaulois et l'année 1981en France
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 09 - 2016

Magyd Cherfi, le parolier et chanteur du groupe de musique Zebda, figure sur la première liste de seize romans en lice pour le plus prestigieux des prix littéraires francophones : le Goncourt. Il fait son entrée littéraire avec Ma part de Gaulois, un récit publié aux éditions Actes Sud.
La saison des prix littéraires en France s'est ouverte le 6 septembre 2016 et l'académie Goncourt a ainsi révélé sa première sélection. L'institution qui décerne la récompense la plus convoitée est présidée par le journaliste Bernard Pivot. Le prix Goncourt sera remis le 3 novembre prochain.
Magyd Cherfi est l'une des surprises de cette première liste, car il est surtout connu comme chanteur (pour rappel, il s'est lancé dans une carrière solo après l'arrêt du groupe Zebda en 2003). 
Le chanteur et parolier d'origine algérienne, né à Toulouse le 4 novembre 1962, est donc parmi les artistes qui font leur entrée littéraire et qui seront aussi présents en librairie. Mais, à la différence de ces artistes, Magyd Cherfi n'en est pas à sa première sortie en tant qu'écrivain, ayant déjà publié d'autres livres : Livret de famille, la Trempe.
Ma part de Gaulois est un récit de 272 pages, paru en France le 17 août 2016 aux éditions Actes Sud. Précisément, il s'agit d'une autofiction dans laquelle Magyd Cherfi revient sur son enfance et sur son adolescence. Il y raconte le monde de sa jeunesse, son quartier. Ce roman autobiographique plonge le lecteur dans l'intimité d'une famille et d'une cité d'immigrés à Toulouse. 
L'auteur en restitue l'ambiance complexe avec beaucoup de tendresse et de franchise, usant d'un ton tour à tour drôle, touchant, joyeux, mélancolique, sérieux et plein de questionnements quant à l'identité des jeunes «beurs», ces enfants d'immigrés partagés entre deux cultures. Cette quête inlassable de l'identité a pour corollaire une certaine perte du contact avec la réalité, le repli sur soi. Et c'est ainsi que nombre de beurs deviennent «schizophrènes», des rêveurs éveillés dont le propre est de ne pouvoir s'adapter au réel.
Magyd Cherfi a, pour ainsi dire, pris son courage à deux mains pour raconter une situation difficile, compliquée. 
La vie n'est pas du tout rose pour les immigrés et leurs enfants, eux qui étaient mis (ou se mettaient) en marge du monde. Forcément, la vie à la cité n'est jamais un conte de fées, et c'est cette réalité-là que l'auteur décrit avec sincérité : un quotidien fait aussi de violences physiques ou verbales, de jalousies, de tensions, de rejets, etc.
Dans Ma part de Gaulois, l'auteur raconte un an de sa vie : 1981, une année gravée dans la mémoire et dont il restitue les évènements qui l'ont marqué trente-cinq ans après. 1981, on s'en souvient, c'est l'arrivée de la gauche au pouvoir avec l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Mais, pour Magyd, petit beur de la banlieue nord de Toulouse, c'est l'année où il a passé le baccalauréat. Et il est le premier à avoir le bac dans sa cité ! «Le poète de la racaille», comme il se dit lui-même, doit maintenant concilier son vécu quotidien, ses révoltes d'adolescent et sa volonté de réussir. Plutôt difficile pour un petit beur, car à cette époque quelqu'un qui préfère la littérature au football, et la lecture à des jeux plus «virils», n'est pas bien vu par les jeunes du quartier.
L'autre pression, énorme, c'est la mère du narrateur. Un personnage autrement plus complexe que le papa de Magyd, qui était un homme gentil, heureux de vivre. Sa mère, elle, «n'aimait pas la gaieté» et l'avait choisi, lui, parmi sa fratrie, pour être le sauveur de la famille en faisant des études. «Mais comment faire face à cette femme sans âge, sans sexe et sans mémoire qui voulait tout reconstruire à travers moi comme un premier jour du monde ?» écrit-il au sujet de sa mère. Pression, obligation de résultat, tension, culpabilité... Non, la vie n'est pas rose au sein des familles d'immigrés. Une autre culture, et toujours ces rapports ambivalents entre rêve et réalité. Un exemple : «A l'école, on aimait être Français. Parce que les Français disent au conjoint ‘‘mon amour'', ‘‘mon chéri''. Chez nous, la femme disait ‘‘ho'' à son mari et lui-même éructait des ‘‘hé'' pour lui répondre.»
Dur, dur de Tomber la chemise (titre d'une célèbre chanson du groupe Zebda) et de trouver sa place. «Envie d'une compagnie sans trouble identitaire, me glisser dans un cocon d'idées complètement barrées, dans une tchatche du dépassement de soi. Dans la soie du quotidien sublimé, entendre parler de la malédiction des poètes plutôt que celle de la plèbe, évoquer des grands chagrins d'amour, le mal de l'âme au lieu des coups qu'on porte à la figure pour défendre rien d'autre que l'orgueil masculin», écrit-il encore dans ces souvenirs de jeunesse à la fois amusés, drôles et émouvants. Celui qui, quelques années après cette année fondatrice (1981), allait devenir le chanteur et parolier du groupe Zebda, s'est ensuite tourné vers la littérature, au début des années 2000. L'artiste aimait écrire dès son jeune âge et, aujourd'hui, la littérature lui permet surtout de questionner sa véritable identité, de dire ce que lui et les enfants d'immigrés sont-ils vraiment.
Magyd Cherfi raconte les rendez-vous ratés avec l'histoire. L'arrivée de la gauche, en 1981 ; la marche des beurs, en 1983, était un autre rendez-vous manqué avec la génération beur. Aujourd'hui, le fossé semble se creuser et s'élargir. Que faut-il faire, alors, pour obtenir ses pleins droits, sa «part de Gaulois» ?
Un livre qui est un cri de révolte, en même temps que le prolongement, par la littérature, d'un combat politique.


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