Oran est rattrapée elle aussi depuis peu par la crise du lait en sachet, et nul ne connaît l'origine réelle de cette pénurie. Si au début il n'était pas question de rareté du lait mais, plutôt, de sa qualité qui laissait à désirer, s'en est suivi l'approvisionnement qui se fait en quantité moindre, suivi du prix élevé. Les commerçants se sont alors mis à s'approvisionner en lait en poudre (Gloria) ou en boîte (Candia). Une manière nous dit-on de se préparer à une pénurie plus accrue du lait en sachet afin de pouvoir répondre à la demande du consommateur. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Afin de mieux comprendre ce qui se passe au niveau de l'approvisionnement du lait en sachet à Oran, nous avons rencontré un grossiste qui s'approvisionne en lait en sachet à partir de l'usine de production de Saïda Giplait, pour le distribuer à ses livreurs au niveau d'Oran. Il nous explique selon sa version que la crise a commencé à Oran il y a 15 jours lorsqu'il s'est vu attribuer un quota réduit de lait en sachets. «Si avant je pouvais charger près de 22 000 litres/jour, j'ai vu ma quantité réduite à 14 000 seulement». Pour ce grossiste, il était évident que pour des raisons de frais de transport, il était logique d'augmenter la marge. «Je récupère le litre de lait à 23,20 da de l'usine, je le revends au distributeur à 26 da et lui le cède aux commerçants à 28 da. Ces derniers le revendent à 30 da, certains vont jusqu'à 35 da ces trois derniers jours en raison de sa rareté. En tant que grossistes, nous avons convenu de cette augmentation afin de rentrer dans nos frais de transport et de quotas réduits.» Depuis quelques jours, la direction de contrôle des prix (DCP) prévient que tout commerce qui revend le litre de lait à 35 da risque une amende de 20 000 da, et en cas de récidive, encoure la fermeture. Une information que nous a certifiée M. Abdel Hafid Bourezg, président du bureau d'Oran de l'organisation algérienne de la protection et d'orientation du consommateur et son environnement- APOCE. Dès lors, depuis l'application de cette mesure, certains commerçants que nous avons interrogés refusent de vendre le lait en sachet. «Non seulement le quota est réduit de moitié et je me retrouve à cacher le lait et le vendre discrètement et d'un autre côté au vu de l'augmentation du prix, je me fais insulter. Et pour finir, je risque d'être contrôlé par la DCP. A quoi bon le vendre ? J'ai décidé, tout comme d'autres commerçants, de refuser mon quota jusqu'à ce que le marché se redresse.» Pour M. Abdelhafid Bourezg, selon la déclaration du directeur du commerce, Oran dispose de trois laiteries, mais il indique que celles-ci n'arrivent pas à satisfaire la demande locale et il y a eu en parallèle des grossistes qui s'approvisionnent de wilayas limitrophes telles Saïda, Tlemcen, ou encore Sidi Bel-Abbès. «Du coup, le prix varie. Nous en tant qu'organisation, ces détails ne nous concernent pas, l'Etat a fixé un prix du lait qui doit parvenir au consommateur à 25 da, à Oran il a toujours été vendu à 30 da. Ici c'est le rôle de la direction de la répression de la fraude qui doit être sollicitée. Cette dernière justifie cela par le fait que le produit fabriqué localement est cédé à 25 DA et celui provenant d'autres wilayas est à 30 da, ceci est pour nous illégal». Joint par téléphone, Mustapha Zebdi président de l'organisation algérienne de la protection et d'orientation du consommateur et son environnement, nous donne son avis sur cette crise du lait en sachet. «Nous attendons toujours des réponses à nos questions concernant cette crise, de la part du ministère de l'agriculture. Nous, en tant que consommateurs, devant les déclarations officielles de l'ONIL et du ministère de l'agriculture qui déclarent qu'il n'y a aucune crise du lait, et pas de problème de distribution, devant cette pénurie, on se demande qui est derrière cela ? Le ministre de l'agriculture a déclaré que c'est une crise intentionnelle, mais par qui ? Avant de proposer une solution, nous en tant qu'organisation, on est coincés du fait qu'on ne connaît pas la cause de cette pénurie, de ces perturbations. C'est une crise qui se répète au moins deux fois par an», dit-il. Et de conclure par ces interrogations «est-ce la réduction des quotas de la poudre, de 10% qui en est la cause ? Ou alors, il s'agit d'une rationalisation de la consommation ? On ne sait pas».