Au Maroc où il était en visite officielle, le président de la CAF Issa Hayatou a surtout affiché son soutien à la candidature du royaume au Mondial 2026. Sans vraiment écarter l'éventualité de voir le pays qui a refusé d'accueillir la CAN-2015 pour cause d'Ebola suppléer le Gabon en «cas de force majeure». A l'invitation de la FRMF, qui avait également reçu le patron de la Fifa, Gianni Infantino, quelques jours auparavant, le président camerounais de la CAF a fait sa «tournée» et a reconnu l'excellence des infrastructures, stades compris, de base au Maroc. Les compliments d'Infantino qui avouait depuis Marrakech où il a assisté au match Maroc-Côte d‘Ivoire que «le Maroc a tous les moyens d'organiser une Coupe du monde. Il a toutes les infrastructures nécessaires, stades, hôtels, communications, etc.», ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Issa Hayatou, un de ses vice-présidents au sein de l'instance faîtière a fait mieux en déclarant que le pays de Sa Majesté est en mesure d'accueillir une phase finale de la Coupe du monde. Celle de 2026 étant la plus indiquée dans la mesure où la Fifa inspecte les candidatures virtuelles avant de lancer l'appel d'offres en mai 2017. Mais le président de la CAF a des soucis, ceux notamment liés à la tenue imminente du tournoi continental confié au Gabon. Un pays qui ne semble plus en mesure de rattraper le retard engendré par la crise politique survenue au lendemain de la frasque élective qui a réélu Ali Bongo pour un énième mandat. Les chantiers menés dans les infrastructures concernées par l'organisation de la CAN-2017 étaient longtemps à l'arrêt et certains stades, à l'image du temple d'Oyem ne sont pas encore opérationnels. Les (nouveaux) hôtels prévus pour l'hébergement des invités du Gabon ne sont pas réceptionnés, tout comme les routes et plusieurs structures d'accueil et de santé. De quoi rendre le déroulement d'une fête de l'envergure de la CAN de football «impossible» au Gabon ? Selon les échos relayés par la presse gabonaise et internationale, la mission de boucler tous les travaux d'ici 50 jours est illusoire. Certains villageois qui espéraient profiter de l'embellie que pouvait générer un tel évènement (routes, électrification, eau et autres moyens logistiques de base) sont montés au créneau à Oyem, mais aussi à Franceville, ville choisie pour accueillir les équipes et délégations du groupe de l'Algérie. Un grand village qui ne dispose que de deux hôtels classés (Hôtel Central Héliconia et The Leconi Palace), le second établissement situé à Moanda sera partagé par l'équipe de Leekens avec le Sénégal. Pour les autres hôtes du Gabon (journalistes notamment) il faudrait se débrouiller. Hormis deux hôtels à deux étoiles, le séjour à Franceville risque d'être un calvaire semblable à celui de Mongomo, en Guinée équatoriale, lors de la CAN-2015. S'il est vrai que la CAF n'a que rarement mis le confort des invités de la CAN comme préalable, il semble bien que cette fois les choses ont changé. La crise économique du Gabon, et de beaucoup de pays où le pétrole est l'incontournable ressource, pourrait dissuader le vieux dirigeant camerounais à tenter le diable à quelques mois d'une AG élective qui pourrait lui être fatale.