Le recours aux médicaments OTC ou l'automédication existe de fait en Algérie. Les professionnels plaident pour la mise en place d'une réglementation pour l'accès aux produits à prescription non obligatoire avec l'introduction du statut de l'OTC (des produits en accès libre). Une classification officielle qui permettra d'éviter les dérapages et les risques. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Selon Michel Haubursin, consultant pharmaceutique belge, l'Algérie peut s'inspirer de l'expérience étrangère qui, depuis une trentaine d'années, a introduit le statut de l'OTC. Le principe est de recourir au délistage des produits pharmaceutiques en vente libre dans les pharmacies. L'expert, qui a animé hier une table ronde sur le rôle du pharmacien dans la transition réussie du médicament prescrit et remboursé vers l'OTC, estime, cependant, que le développement des médicaments OTC n'a pas besoin seulement d'une législation, mais aussi d'un changement de mentalité. Un travail de sensibilisation est nécessaire notamment envers le pharmacien qui prend le rôle du médecin de première ligne pour les infections bénignes à travers ce concept. C'est pourquoi le conférencier, qui intervenait en marge du Forum international de la pharmacie, plaide pour une transition «douce» pour éviter les erreurs. Selon lui, il faut d'abord définir une série de maladies bénignes, (fièvre, toux, maux de gorge, de tête, diarrhée, allergie.. .), pour lesquelles l'on estime que le patient peut diagnostiquer et traiter de lui-même. Le patient peut ainsi, dit-il, gérer lui-même ces maladies. Ceci permettra l'augmentation du taux de soins puisque les personnes se soigneraient plus et il y aura la responsabilisation du patient par rapport à sa propre santé. Selon lui, le médecin peut, dans ce cas, se libérer pour se consacrer à des pathologies plus sérieuses. La formule est tout aussi bénéfique, poursuit-il, pour les budgets de santé publique. «Il n'y aura pas de remboursement, et cet argent pourrait être alloué à la prise en charge de problèmes plus sérieux», a-t-il indiqué. Cependant, au-delà d'une fréquence de deux visites, le pharmacien doit orienter le patient chez le médecin. Ainsi, une étude de l'association européenne de l'OTC a démontré que le transfert des 5% des soins vers l'automédication engendrerait une épargne de 16 milliards d'euros. Le statut des produits OTC n'existe pas en Algérie. Or, rappelle Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), le recours à l'automédication existe de fait en Algérie. Le problème en Algérie, selon lui, c'est que cela ne concerne pas uniquement les produits non remboursés, mais touche aussi les produits soumis à la prescription. C'est pourquoi, dit-il, il est nécessaire de mettre en place une réglementation. «Il est aujourd'hui très important que les OTC connaissent une réglementation et des mesures d'accompagnement». Les prix de vente étant libres, le concept, selon M. Benhamdine, est intéressant aussi bien pour le pharmacien que pour le distributeur et le producteur. Cependant, ajoute-t-il, la dispensation des produits OTC est une sorte d'une semi-consultation que le pharmacien devra assurer. Ce dernier doit se détacher de son chiffre d'affaires, recommande-t-il, et doit être vigilant par rapport aux interactions, aux effets secondaires et indésirables. Ceci peut se faire à travers une formation continue, que les laboratoires pharmaceutiques peuvent assurer au profit de leurs produits ou par l'introduction de la spécialité dans le cursus universitaire.