A mon infortun� Amour "…Saint-rapha�l emprisonne ma fougue Et mon cœur, d�shabill� de ton image, Survole notre Alger pour te lancer un message…" Ton Am�lie. C'est une merveilleuse histoire d'amour qui tourne subitement au tragique que nous raconte le premier roman de Youcef Dris, Les amants de Padovani. Jusque-l� rien de vraiment innovant, les histoires � l'eau de rose qui finissent dans les torrents cauchemardesques de la vie r�elle et cruelle, il en existe des masses sur les rayons des librairies, mais cette derni�re arrive ais�ment � s'extirper du lot pour deux raisons. D'abord parce qu'elle int�resse le lecteur alg�rien, puisque le "h�ro d�chu" de cette romance est alg�rien et que son histoire d�bute dans une Alg�rie qui s'essouffle d�j� d'un si�cle de colonisation fran�aise. Ensuite parce qu'elle accroche le lecteur tout court, car l'idylle et les drames qui meublent le pass� du 37 rue d'Isly sont incroyablement vrais. Dans les ann�es 1930, s'appeler Dahmane et aimer Am�lie n'est pas permis par les hommes qui font la loi. Et quand le destin rajoute son estocade, il devient alors impossible de braver l'interdit. Mais malgr� tout, l'amour a ses raisons qui poussent l'homme � fendre le temps, aussi dur soit-il, en miettes. Confront� � la mis�re, au racisme et � l'injustice, Dahmane ne trouvera son salut que dans l'amour qu'il a pour Am�lie, mais � quel prix ! L'auteur, � partir d'une s�rie de photographies montrant le jeune Dahmane et la famille de la belle Am�lie, a remont� le temps et fouill� dans le pass� pour reconstituer les faits d'une histoire hors du commun. Si ce n'est l'enjolivement de certains d�cors et le style romanc� avec lequel Youcef Dris d�crit les situations et les personnages qui sont en r�alit� des personnes, son livre serait plus un document retra�ant la vie de Dahmane qu'un roman. Mais il en est autrement, car on est vite plong� dans l'histoire qui fait r�ver un peu et offusque beaucoup, qui nous montre l'Alg�rie dont les pieds-noirs se veulent les propri�taires et des Alg�riens de plus en plus mis�reux et prol�taires. Ce r�cit est tellement fort, frappant et outrancier qu'on finit par se persuader qu'il est une pure fiction, mais sa derni�re page, qui contient les fameuses photos, nous ram�ne violemment � la r�alit�.