De notre envoy� sp�cial, Tarek Hafid L'�volution de la question du Sahara Occidental conna�t, depuis quelques jours, une r�elle acc�l�ration. La tourn�e �tasunienne de Mohamed Abdelaziz, l'ouverture par le gouvernement de la RASD du domaine p�trolier et gazier offshore, la lettre de soutien du pr�sident Bouteflika au peuple sahraoui qui a donn� lieu � une offensive diplomatique marocaine, le report du sommet de l'UMA et �l'intifadha� d�clench�e par la population sahraouie dans les territoires occup�s sont autant d'indices annonciateurs d'un bouleversement dans la r�gion. Une succession de faits qui se sont produits sur fond de c�l�bration du 32�me anniversaire de la cr�ation du Front Polisario et du d�clenchement de la lutte du peuple sahraoui. Tifariti, nom �vocateur � consonance berb�re. Cette petite localit� du nord des territoires lib�r�s, situ�e � 350 kilom�tres des camps de r�fugi�s, est sortie de sa torpeur pour accueillir, trois jours durant, les festivit�s du double anniversaire de la cr�ation du Front Polisario et du d�clenchement de la lutte contre l'occupant ib�rique. �Un �lu alg�rien nous a expliqu� que Tifariti a pour racine "frat" , c'est-�-dire la solution est trouv�e�, notait avec humour le pr�sident de la RASD lors d'une rencontre avec la presse alg�rienne. Il est certes trop t�t pour affirmer que la solution a �t� trouv�e � Tifariti. Les historiens le rel�veront peut-�tre un jour. Mais plus que jamais auparavant, on retiendra la d�termination du gouvernement et du peuple sahraouis � d�passer la situation de �ni guerre, ni paix� qui dure depuis le cessez-le-feu de septembre 1991. Eparpill� entre les camps de r�fugi�s de Tindouf, le nord de la Mauritanie et les territoires occup�s par les Marocains, le peuple sahraoui vit au rythme des r�solutions du Conseil de s�curit� de l'Onu. Population et gouvernement sont aujourd'hui persuad�s que l'ind�pendance du Sahara Occidental ne sera arrach�e que par les armes. �Partant de la position dangereuse du Maroc, exprim�e officiellement depuis avril 2004, de rejet du principe du r�f�rendum et de l'autod�termination pour parachever la d�colonisation du Sahara Occidental, �tant la base principale de l'accord qui a engendr� le cessez-le- feu, et consid�rant que la communaut� internationale n'a pas encore pris de position ferme face � cette r�bellion contre la l�galit� internationale, le peuple sahraoui ne peut rester les bras crois�s ind�finiment. Il luttera pour faire valoir ses droits nationaux par tous les moyens l�gitimes, dont la reprise de la lutte arm�e�, a soutenu Mohamed Abdelaziz dans un discours prononc�, samedi dernier � Tifariti, devant des unit�s des 2�me, 5e et 7e R�gions militaires de l'arm�e sahraouie. Les responsables sahraouis savent que la crise socio�conomique qui affecte le Maroc de Mohamed VI aura des r�percussions n�gatives sur l'arm�e en cas de reprise du conflit. La conjoncture actuelle, caract�ris�e par une flamb�e des prix du p�trole, ne permettra pas � notre voisin de supporter une telle guerre. Cependant, la RASD ne se contente pas d'exercer une pression militaire sur le Maroc. P�trole contre ind�pendance Le lancement d'un appel d'offres international pour la recherche et la prospection du domaine p�trolier de douze blocs situ�s dans les eaux territoriales sahraouies, actuellement entre les mains de l'occupant, est un nouveau front ouvert par les responsables du Polisario. Ces derniers ne cachent pas leur intention de se servir des ressources naturelles du Sahara Occidental pour acc�l�rer le processus d'ind�pendance de leur pays. �La coop�ration avec un Etat sahraoui ind�pendant est beaucoup plus prometteuse que n'importe quelle autre situation. L'ind�pendance a quelque chose d'attrayant et de tr�s important pour ces soci�t�s. L'ind�pendance du peuple sahraoui signifie la coop�ration tous azimuts avec ces soci�t�s �trang�res�, r�v�lera Mohamed Sidati, repr�sentant du Front Polisario en Europe, qui assistait � Tifariti aux festivit�s du 20 mai 1973. Des soci�t�s p�troli�res am�ricaines sont int�ress�es par cet appel d'offres, pr�cisera-t-il. A ce propos, Mohamed Sidati ne cache pas le fait qu'il existe un lien entre cette initiative et la r�cente visite de Mohamed Abdelaziz aux Etats-Unis. Visite qui lui a permis de rencontrer d'importantes personnalit�s. L'une d'entre elles n'est autre que James Baker, ancien envoy� sp�cial du secr�taire g�n�ral de l'Onu. �J'ai effectivement rencontr� M. James Baker avec qui nous avons toujours gard� contact�, dira le pr�sident de la RASD en �vitant d'en dire plus sur cette question. En position de faiblesse, la diplomatie marocaine tente une offensive en s'en prenant, comme � son habitude, � l'Alg�rie qui, par la voix de Abdelaziz Bouteflika, r�affirmait samedi dernier son soutien � la cause sahraouie. La fuite en avant de Mohamed VI n'a eu pour seul effet que le report du sommet de l'UMA qui devait s'ouvrir hier � Tripoli. Mais le palais doit aussi faire face � une nouvelle pression, celle des populations sahraouies dans les territoires occup�s. Sahara Press Service, l'agence de presse de la RASD, annon�ait, hier, le d�clenchement d'une intifadha populaire dans la capitale El- Ayoun. Des centaines de citoyens sahraouis ont manifest� lundi et mardi pour protester contre les violations des droits de l'homme. Selon SPS, la r�pression polici�re a caus� de nombreux bless�s dans les rangs des manifestants. Les opposants sahraouis Hadi Ahmed Mahmoud, dit El Kainane, et Ali Salem Tamek, sont les symboles de cette r�sistance. 10 000 dollars pour l'enfer Le r�gime marocain utilise tous les moyens en sa possession pour discr�diter la cause sahraouie. Accuser le Front Polisario de faciliter le transit d'immigrants clandestins est une de ses derni�res trouvailles. 46 jeunes Bengalais ont fait les frais de cette manipulation. Rencontr�s � Tifariti, o� ils r�sident apr�s avoir �t� recueillis par l'arm�e sahraouie, ces derniers attendent une solution pour pouvoir retourner dans leur pays d'origine. �Nous avons quitt� le Bengladesh pour chercher du travail. Il y a deux mois, nous sommes arriv�s � Casablanca apr�s avoir transit� par Duba�, pr�cise l'un d'eux. Les passeurs exigent 10 000 dollars par personne pour les conduire en Europe, leur destination finale. Mais au lieu de se diriger vers le nord, ces Bengalais sont emmen�s vers le sud, dans les territoires occup�s. �Nous avons �t� remis � l'arm�e. Les militaires nous ont pris notre argent et tous nos v�tements. Ils nous ont fait traverser le mur de d�fense et ont tir� sur nous pour que l'on avance.� Le groupe errera ainsi dans le d�sert durant trois jours. Ils n'ont eu la vie sauve qu'apr�s avoir �t� d�couverts par une patrouille de l'arm�e de la RASD. �Les Sahraouis sont corrects avec nous. Nous sommes libres de nos mouvements, mais ici nous sommes loin de tout�, dira avec d�pit notre interlocuteur. Il affirme par ailleurs que la Minurso, dont un d�tachement est install� � Tifariti, leur a promis de r�gulariser leur situation. Ils attendent toujours. Entre-temps, le Maroc a r�ussi � acqu�rir aupr�s de la France des radars de derni�re technologie qui ont �t� install�s au niveau du mur de d�fense. Rabat a invoqu� la lutte contre l'immigration clandestine pour acheter ce mat�riel.