La réunion des MAE de l'UMA aura permis au Maroc de violer, encore une fois, l'ordre du jour qui évacuait la question sahraouie. «En toute franchise et responsabilité, l'attachement important du Maroc à notre union (UMA) n'a d'équivalent que l'indéfectible attachement du Maroc à son unité territoriale. La force de l'UMA ne peut résider que dans celle d'un pays uni et souverain sur ses territoires.» C'est en ces termes que le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a évoqué le dossier du Sahara occidental. «Evacué» de l'ordre du jour après des semaines de tractations, le conflit au Sahara occidental a été remis sur le tapis de la session maghrébine par le ministre marocain qui a violé, ainsi, un accord tacite entre les deux gouvernements de Rabat et d'Alger. Plus fin que Ahmed El-Midaoui, l'ancien ministre marocain de l'Intérieur qui avait provoqué un incident diplomatique à Alger sur cette question quelques mois auparavant, Mohamed Benaïssa a profité de l'opportunité de se retrouver en présence des cinq autres homologues pour lâcher cette affirmation sur le Sahara occidental. Rabat réaffirme ainsi une constante de sa politique qui consiste à revendiquer «sa souveraineté territoriale» en tout moment et en toute occasion. De préférence à Alger, du moment que les autorités marocaines estiment, selon leurs thèses, que le règlement de la question sahraouie est triangulaire, Rabat-Alger-Polisario, du moins une question purement bilatérale entre les deux frères ennemis. «Le problème du Sahara occidental n'est pas soumis dans l'ordre du jour de l'UMA, mais je pense qu'il se pose dans tous les esprits», a ajouté le diplomate marocain. Cette nouvelle provocation marocaine intervient à un moment de forte tension dans le Maghreb marqué par la tournée de William Lacy Swing, le nouveau représentant du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental. Ce dernier se trouvait à Alger, mercredi, lorsque Benaïssa est arrivé de Rabat et a eu des entretiens qualifiés de «directs» avec les autorités algériennes dont le Président Bouteflika, Belkhadem, Ouyahia et Messahel. Alger a indiqué au remplaçant de William Eagleton que rien ne pourrait être soluble sur ce dossier tant que la voie référendaire n'a pas été exécutée selon les termes des résolutions des Nations unies. Alger n'ayant pas également hésité à critiquer le rôle de la Minurso qui est devenu un faire-valoir aux thèses marocaines de la «troisième voie» et dont l'utilité concrète se pose comme une interrogation à tous les observateurs. C'est dans ce climat que le Polisario a décidé de libérer 115 prisonniers de guerre marocains. Le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz avait décidé de cet élargissement après avoir répondu favorablement à une demande espagnole de José Maria Aznar. Le Polisario compte sur le pragmatisme espagnol à la tête de l'UE l'Espagne assurant la présidence depuis janvier 2002 pour faire avancer les négociations. Les Américains, pour leur part, veulent faire de 2002, l'année charnière pour le règlement de la question sahraouie et ont rendu hommage au geste des Sahraouis.