Quinze mois apr�s la reconduction de Abdelaziz Bouteflika � la t�te du pays, l��tat alg�rien est comme frapp� d�une paralysie chronique. Ravag� par les luttes de clans, le pouvoir sombre dans une interminable qu�te d��quilibrisme avec son lot de querelles et de r�glements de comptes. Kamel Amarni Alger (Le Soir) - Des signes ext�rieurs qui ne trompent pas : un gouvernement �incomplet�, une �alliance pr�sidentielle� dont la seule activit� publique se r�duit � des pol�miques et des querelles, des institutions vacantes, des projets sans cesse ajourn�s, des scandales et des affaires de corruption qui empoisonnent la vie publique, un gigantesque programme quinquennal de soutien � la relance �conomique de 55 milliards de dollars qui n�est toujours pas entam� faute� de projets ! Bref, Bouteflika n�a pas encore commenc� son second mandat ! La �vacance� : nouvelle forme de gouvernance L�Alg�rie est-elle en pleine crise politique ? En tout cas, dans un pays en situation ordinaire, rien ne peut expliquer le fait de laisser vacantes d�importantes institutions pendant plusieurs mois. Le cas Bedjaoui est � ce titre assez r�v�lateur. Pr�c�demment pr�sident du Conseil constitutionnel, Mohamed Bedjaoui, �minent juriste � la renomm�e mondiale et tr�s proche de Abdelaziz Bouteflika, devient, � la faveur du dernier remaniement minist�riel de d�but mai 2005, ministre d�Etat, ministre des Affaires �trang�res en remplacement de Abdelaziz Belkhadem. Or, si le Conseil constitutionnel est laiss�, depuis lors, sans pr�sident, la fonction de ministre des Affaires �trang�res est toujours, elle, exerc�e � r�ellement � par Abdelaziz Belkhadem ! Deux questions s�imposent d�s lors : pourquoi avoir chang� de titulaire au minist�re des Affaires �trang�res ? Qu�est-ce qui motive le fait de ne pas doter une institution aussi n�vralgique que le Conseil constitutionnel d�un pr�sident ? Un cas qui n�est pas isol� en plus. �L�allergie� de Bouteflika � la presse peut-elle � elle seule expliquer le m�me ph�nom�ne qui frappe le minist�re de la Communication ? �a serait un raccourci de facilit� d�autant qu�un autre portefeuille, � savoir le minist�re d�l�gu� � la Communaut� alg�rienne � l��tranger, est lui aussi sans titulaire. Ainsi que la fonction de wali de Blida� Des �affaires� en s�rie mais sans lendemain L�affaire dite Bourricha, du nom de l�ex-wali de Blida, intrigue l�opinion publique, t�tanise les institutions et plonge les fonctionnaires dans la terreur. Et pour cause ! Ex-animateur des comit�s de soutien au �candidat du consensus� aux pr�sidentielles de 1999, cet ami d�enfance � Abdelaziz Bouteflika �tait tout-puissant wali de Blida o� les partisans d�un �second mandat� agissaient particuli�rement en terrain conquis lors de la grande bataille �lectoraliste de 2003- 2004. Comme son homologue de Tipasa sous Chadli, cet ex-wali �tait �intouchable�. Jusqu�� ce printemps 2005 lorsque, du jour au lendemain, il se retrouve emport� par un d�luge �d�affaires�. De scandale en scandale, l�affaire Bourricha prend, en un temps record, des proportions importantes avec un v�ritable �d�fil� � d�accus�s de �haut rang tous notoirement r�put�s proches de Bouteflika. Mais si Bourricha est limog�, son fils est mis sous mandat de d�p�t, l�affaire, elle, est �tue� aussi vite qu�elle a �t� � d�clench�e �. M�me topo s�agissant de �l�affaire Hadji�, richissime homme d�affaires. Mis sous mandat de d�p�t, avec, comme dans le cas de l�affaire pr�c�dente, un autre groupe de personnalit�s proches de Bouteflika �impliqu�es�, le scandale rejoint le registre de �l�anonymat�. A bien des �gards, ces deux �affaires� rappellent le scandale Khalifa. Une �affaire� n�ayant servi qu�� quelques r�glements de comptes ou de moyen de pression politique mais jamais trait�e jusqu�au bout. Ouyahia assume, Belkhadem s�en plaint� Ces affaires-l�, sont-elles un moyen de pression d�un clan sur un autre au pouvoir ? Il y a lieu d�y conclure lorsque deux hauts responsables divergent fondamentalement sur la chose. Chef du gouvernement et patron du Rassemblement national d�mocratique, Ahmed Ouyahia fait carr�ment sienne cette �campagne de moralisation de la vie publique�. Lors de son passage � l�APN fin mai dernier, le chef du gouvernement affirmait que �si l�Etat alg�rien �tait, par le pass�, absorb� par la lutte antiterroriste, il est d�cid� � combattre fermement la corruption�. Ministre d�Etat, repr�sentant personnel du pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Belkhadem, un tr�s proche de Bouteflika, et , par ailleurs, secr�taire g�n�ral du Front de lib�ration nationale, surprenait, lui, par son hostilit� � ce qu�il a qualifi� �de campagne mains propres qui vise le FLN� ! �Que ceux qui croient pouvoir affaiblir le FLN et qui se sont lanc�s d�j� dans la campagne �lectorale sachent que nous ne nous laisserons pas faire et que le FLN prouvera, en 2007, qu�il reste la premi�re force politique du pays�, dira en substance Belkhadem lors de ses fr�quentes sorties publiques. �Le FLN, soutient Belkhadem, est contre la politique des r�glements de comptes mais est plut�t pour l�application des lois�. Propos auxquels Ahmed Ouyahia r�pondra ironiquement � travers la m�me tribune de l�APN. �Je ne comprends pas que certains fr�res, responsables de surcro�t, puissent �tre contre l�application de la loi� ! La Constitution, supr�me enjeu En l�absence de vie politique normale avec, notamment, les restrictions impos�es � l�opposition et aux m�dias depuis le 8 avril 2004, il reste difficile de trouver des mat�riaux fiables d�analyse d�une situation politique opaque et confuse. N�emp�che que bien des observateurs sont unanimes quant � lier l�inertie ambiante aux profondes divergences au sommet de l�Etat sur l�opportunit� d�une r�vision de la Constitution. Souhait�e par Bouteflika pour s�assurer un surcro�t de pr�rogatives mais surtout un troisi�me mandat qu�emp�che l�actuelle Constitution, cette r�vision ne semble pas �agr�er� les autres d�cideurs. S�il se confirme de jour en jour que le projet �d�amnistie g�n�rale� de Bouteflika est abandonn� faute de consensus au sommet, il n�est pas fortuit que Belkhadem d�fende, seul, �la n�cessit� d�une r�vision constitutionnelle pour une meilleure clarification de la nature du r�gime�. Ceci tandis qu�Ouyahia par exemple, � travers des proches � lui au RND, soutient lui que �la r�vision constitutionnelle n�est pas � l�ordre du jour�. Voire m�me � inopportune. K. A.