Cap sur Djeba�lia : une localit� de la commune de Bouhanifia, apr�s la station thermale, nous rallions le croisement de Sidi- Lakhdar � partir duquel l�on monte vers cette destination isol�e en termes de moyens de transport. �Attendez et avec un peu de chance passera un v�hicule�, nous avait dit le chauffeur du J9. C�est ce que nous faisons en nous rappelant que la derni�re fois que nous �tions venus c��tait avec une d�l�gation officielle et sous escorte. Passe un citoyen � pied et nous l�abordons, j�habite juste � c�t� pr�cis�ment � Taamacha, dirat- il ; quand nous lui demandons si tous les habitants qui avaient quitt� la contr�e y �taient revenus�, il r�pondra : �La plupart dawla daamathoum�, une dizaine de minutes plus tard arrive un tracteur avec remorque qui s�arr�te devant nous. Nous montons � bord pour couvrir les sept kilom�tres environ qui nous m�neront � notre derni�re �tape. Nous entamons la conversation avec le chauffeur qui vient de Gra�ra, un hameau voisin. Il nous montre des citoyens travaillant dans un champ de pommes de terre puis plus loin une oliveraie. L�on travaille de nouveau la terre depuis que la s�r�nit� est revenue, dit-il. La route est en bon �tat et elle a �t� r�habilit�e. Sur les c�t�s de notre parcours nous r�alisons que l�on a proc�d� � la plantation de figues de barbarie pour lutter contre l��rosion. Nous apercevons alors le premier poste d�observation de la garde communale et arrivons au terme de notre voyage. Sur ces hauteurs-l�, il fait bon de respirer l�air pur. Ici ce n�est pas toujours que l�on re�oit de la visite. Plus t�t, nous avons aper�u un v�hicule avant d�arriver c�est le seul que nous avons rencontr�, ce chauffeur de tracteur, nous avait alors dit en nous le montrant �Hadaq dawla�. D�s les premi�res ann�es de la d�gradation de la situation s�curitaire, c�est-�-dire vers 1994, Djeba�lia avait �t� vid�e de ses habitants. Ils avaient tout abandonn� et fui vers Bouhanifia, � une douzaine de kilom�tres, Sfisef ou Sidi-Slimane. Elle se trouve aux portes des monts Stamboul, que nous apercevons � partir de la cr�te voisine. C��tait un bastion terroriste alors que durant la guerre de Lib�ration il y eut lieu de hauts faits d�armes et l�arm�e coloniale s�y �tait cass�e les dents. Les habitants de la r�gion, notamment ceux de Zema�cha, avaient pay� un lourd tribut. L�aviation coloniale avait fait des ravages avec ses bombardements. Le centre de sant� �tait la premi�re �tape de notre visite et l�infirmier de service nous entretient de sa t�che quotidienne. Nous prenons en charge, dit-il, les habitants pour des injections, pansements et autres soins d�urgence. A propos de consultations m�dicales �pas encore�, nous dira un citoyen puis il �voque cette difficult� d��vacuer un malade ou une femme sur le point d�accoucher. �J�ai �t� assist� par un voisin ayant un v�hicule lors de la naissance de mon gar�on � deux heures du matin�, dira un autre. La n�cessit� de doter le hameau d�une ambulance est revendiqu�e par les citoyens. Plus tard avec le retour des habitants de Za�macha, une solution serait peut-�tre envisag�e, nous dira-t-on au niveau de la commune de Bouhanifia. Ce sont environ 50 familles qui sont revenues sur leurs terres et l�Etat a encourag� la population avec l�attribution de 20 millions de centimes destin�s � l�habitat rural. Des habitations et maisonnettes ont donc �t� r�habilit�es m�me s�ils ne sont peu nombreux � vivre encore dans des conditions pr�caires. C�t� �lectrification, c�est la satisfaction g�n�rale et ceci est valable pour l��clairage public. Il y a, par contre, une demande pressante pour le renforcement en AEP, le curage des puits alimentant le douar est en cours, nous apprend un habitant. Un sexag�naire nous interpelle pour �voquer un probl�me auquel l�on fait face c�est celui de l�assainissement. Plus tard et en l�absence du pr�sident d�APC de Bouhanifia, le secr�taire g�n�ral de la commune nous d�clarera que ceci a �t� pris en charge et le choix de l�entreprise qui r�alisera les travaux a �t� effectu�. Nous entendons un tumulte, c�est la sortie de l��cole qui se trouve en face. Les bambins sont en rangs et s�appr�tent � rentrer chez eux en nous regardant avec curiosit�. Voir un visage qui n�est pas familier est un �v�nement ici. Nous re�oit alors une enseignante, puis nous rejoint plus tard dans la salle de classe son coll�gue. Ils sont trois en tout pour ces deux classes qui comptent 43 �l�ves au total. L�une regroupe les 1�re, 2e et 3e ann�e et l�autre les 4e, 5e et 6e ann�e. Tant bien que mal les enseignants arrivent � accomplir leur mission. Notre interlocutrice a du m�rite. Elle a fait ses premi�res classes � Djeba�lia pour faire ensuite un cycle secondaire et poursuivre des �tudes universitaires. Elle y est revenue pour enseigner dans sa localit�. Des cartables, des tabliers sont arriv�s. L�indemnit� de scolarit� a �galement �t� per�ue par les parents d��l�ves, mais malgr� ceci, ils ne peuvent se permettre d�acheter tous les livres, les manuels scolaires sont disponibles et on nous les montre. Le pouvoir d�achat des familles ne leur permet pas de subvenir � ceci alors nous tentons de r�pondre � la demande financi�re en d�finissant les priorit�s en termes de manuels. A quelques mois de l�hiver, nous remarquons que les chauffages n�ont pas encore �t� install�s. Au niveau du chef-lieu de commune, l�on nous rassurera. Ils le seront bient�t. Au sortir de l��cole et entour�s de leurs �l�ves ceux qui en ont la charge nous informe que certains quittent l��cole en cours de scolarit� tandis que certains la d�sertent le temps d�aller assister leurs parents dans une quelconque t�che comme ce petit gar�on que son paternel �tait venu chercher pour aller faire pa�tre les moutons. La scolarit� s�arr�te � cette �cole. Ils n�aspirent pas � aller plus loin, nous dit-on. Alors, nous nous rappelons que le 20 septembre un v�hicule avait �t� d�p�ch� par l�APC de Bouhanifia pour transporter ces quatre �l�ves qui devaient subir les �preuves de la deuxi�me session de l�examen de 6e, malheureusement, personne ne s��tait pr�sent�. Le probl�me de liaison est �pineux et comme tout le monde, les enseignants en souffrent. Un aller-retour Djeba�lia- Bouhanifia vous revient � 100 DA. Nous aborde, apr�s que nous ayons quitt� l��cole un homme, la quarantaine qui fait partie des 13 familles d�un petit douar voisin, B�ni- Bessaadi, se trouvant � 2 km. Il n�a pas �t� r�habilit� pour cause de non-disponibilit� d�eau et d��lectricit�. C�t� pouvoirs publics, l�on a d�abord accord� la priorit� au rassemblement des candidats au retour � Djeba�lia et les premiers, � avoir r�habilit� les lieux en 1998, ont fait, preuve de bravoure pour avoir pris des risques d�mesur�s. Ils ont �t� 35 GLD environ � avoir �t� arm�s. Chez l�unique �picier du douar qui s�av�re �tre une vieille connaissance, l�un d�eux, sexag�naire nous le confirme, quand les terroristes avaient eu vent de notre retour, ils avaient pos� des bombes sur le bord de la route et nous avions trouv� quelques-unes m�me dans les demeures abandonn�es, nous fait-il savoir. Les artificiers de l�ANP sont intervenus pour nettoyer le terrain rench�rit-il. Ils sont presque tous revenus. Ils sont fiers d�avoir retrouv� leur bled, car ailleurs certains ont v�cu parfois dans des conditions p�nibles. Certains, mais ils ne sont pas nombreux, se sont d�finitivement install�s quelque part ailleurs. Pour quitter Djeba�lia, nous attendons le dernier passage pour rentrer � bord du taxi clandestin et terminer notre conversation avec celui qui nous a offert l�hospitalit� et fait partager son humble repas. Sur le chemin du retour nous arrivons � proximit� de la route qui conduit � Zema�cha, ce tron�on vient d��tre r�alis�. L�on s�en rend compte � la fra�cheur des travaux. Dans ce lieudit le plus proche de Stambouli pas �me qui vive. C��tait l�endroit le plus pris� et ses habitants y reviendront les conditions du retour seront r�unies. On le pr�pare depuis une ann�e, nous a-t-on annonc� � la commune de Bouhanifia � l�instar d�autres localit�s. Une soixantaine de familles ont �mis le v�u de cohabiter � Zema�cha. Echouage, assainissement r�alisation des postes d�observations, les priorit�s et des aides seront �galement attribu�es pour l�habitat rural. L�on envisage d�j� le transfert d��quipement pour les deux sources existantes afin d�assurer une alimentation en AEP. Zema�cha sera alors redevenue progressivement ce qu�elle �tait et Stamboul ne sera plus synonyme de terreur. C�est l� le d�fi.