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FLN ? LETTRE DE PROVINCE
D�put�s ripoux ou man�uvre Par Boubakeur Hamidechi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 01 - 2006

Pour avoir oppos� un veto cat�gorique � un articulet de la loi sur la corruption les concernant, nos parlementaires sont-ils pour autant majoritairement ripoux ? Il est �vident que pas un seul esprit sens� ne le croit un instant, mais en m�me temps il peine � s�expliquer pourquoi des �lus se sentent offens�s quand le l�gislateur les cite parmi les cat�gories les plus expos�es � la tentation en question.
En supposant cependant que s�il ne s��tait agi, au cours de cette pl�ni�re, que d�une humeur passag�re ou de d�ficit dans l�interpr�tation du texte, l�on devrait s�attendre � ce que cette in�narrable Assembl�e, majoritairement aux ordres, fasse rapidement amende honorable et approuve, sans r�serves et des deux mains, la loi en seconde lecture. Encore faut-il trouver la formule pour en acc�l�rer la proc�dure. Mais si, au contraire, cette conjuration du �niet� persiste dans la suspicion, alors il faudra n�cessairement chercher d�autres explications que celle de l�intime �conviction� que leur a sugg�r�e le garde des Sceaux. Cela veut dire que dans le code de bonne conduite du pouvoir : �conviction� signifie plut�t �docilit�. Nos d�put�s �tant ce qu�ils sont, c'est-�-dire l��manation des ratios d�volus � chaque appareil lors des rendez-vous �lectoraux, nul ne s�aventure � leur accorder le moindre b�n�fice d�une authentique repr�sentativit�. Eux-m�mes l�admettent et s�accommodent des privil�ges de la charge sur le mod�le de leurs pr�d�cesseurs ayant si�g� entre 1996 et 2001. De la m�me fa�on qu�ils ont, en toutes circonstances, obtemp�r� aux d�sirs de l�ex�cutif. D�une l�gislature � l�autre, ce qui a uniquement chang�, c�est le transfert du r�le dominant d�un appareil � son interface, sans que cela affecte le gr�garisme politique de l�ensemble. L�on appelle cela abusivement : une majorit� pr�sidentielle recompos�e. Alors qu�il n�y a rien de r�el dans ces r�am�nagements sinon la modulation des r�compenses aux m�mes r�seaux d�all�geance qui poursuivront avec le m�me z�le la validation des politiques du pass�, mais avec un chef de file diff�rent. Le FLN succ�dant au RND en 2002, l�on pourrait, au nom de la logique de la �rotation� projeter qu�en 2007 le MSP devienne � son tour le leadership. Mais semble-il, le sc�nario est improbable pour une raison simple : la strat�gie combinatoire � l�origine de l�alliance ignore la r�gle de trois et se fonde uniquement sur le bin�me FLN-RND. Le MSP n��tant qu�un greffon permettant quelques �ouvertures� sur les ob�diences islamistes. Dans ce challenge � deux, toute prise de contr�le des assembl�es et son corollaire th�orique la chefferie exige d�abord l�affaiblissement du vis-�-vis imm�diat m�me s�il participe solidairement au pouvoir. Programme et �largissement de la base rel�vent d�une autre sph�re des pr�occupations dont ils savent qu�ils n�ont pas d�impact r�el sur les fausses urnes. Telle est la culture commune de ces appareils et c�est par celle-l� que s�explique tout ce tohu-bohu de l�APN. Quelles que soient les chapelles qui les cooptent, les d�put�s sont dispos�s � l��gard de leurs commanditaires pour allumer des contre-feux. Et, plus le groupe auquel ils sont apparent�s est num�riquement dominant et plus la man�uvre a des chances de d�stabiliser l�adversaire. Quand 180 d�put�s, au moins, s�abstiennent d�approuver par deux fois un article de la loi, cela n�est pas un d�rapage d�h�micycle mais bien une consigne d�appareil. Mieux encore, lorsqu�une Chambre des �repr�sentants�, habitu�e � endosser globalement les lois, d�couvre la rigueur et le s�rieux d�une d�lib�ration article par article, c�est que l�auguste pr�sident de cette Assembl�e a, lui-m�me, donn� son assentiment. Le saura-t-on ? Pourquoi cette fois-ci et rarement par le pass�, m�me quand il fut question de la monumentale loi sur les hydrocarbures adopt�e � la hussarde ? Une coh�sion sans faille dans le vote et un �tonnant scrupule de circonstance d�un pr�sident ne plaident-ils pas pour la th�se de l�orchestration ? La diff�rence dans l�appr�ciation de ce fameux article 7 ne marque pas, comme on le croit, une divergence de fond � ce qui e�t �t� enrichissant si ce d�bat avait eu lieu en Conseil de gouvernement � elle r�sulterait plut�t d�une volont� affich�e du FLN de faire valoir sa primaut� dans une alliance boiteuse de naissance. Le coup de th��tre de l�A P N est justement un premier coup de semonce. Celui-ci conforte l�impression que donne Belkhadem de vouloir en d�coudre politiquement. Ne l�a-t-on pas entendu disserter �s qualit�s sur l��pineuse question de la r�vision constitutionnelle ? Ne l�a-t-on pas �galement d�couvert dans la posture de la voix officielle s�exprimant sur la sant� du pr�sident, alors que le chef du gouvernement, dont c��taient les pr�rogatives, se contentait de canaux indirects ? Et pour ne pas d�mentir les commentateurs de presse et laisser grossir sciemment la sp�culation, il observe un silence tactique sur l�incident de mardi dernier. Un habile mutisme qui vaut approbation. Mais alors que fait Ouyahia en sa qualit� d�abord de chef du gouvernement ? Le dos rond, remarquent certains observateurs, alors qu�en toute logique il doit �valuer les cons�quences de ce d�sordre gouvernemental puis en r�f�rer au chef de l�Etat. Cette alliance pr�sidentielle, qui a d�j� du plomb dans l�aile, risque, � mesure que l��ch�ance l�gislative se rapproche, de voler en �clats au moment le moins indiqu� pour Bouteflika. Tout montre en effet que le FLN et le RND ne vieilliront pas ensemble m�me quand le moment venu, le chef de l�Etat, alors requinqu�, voudra les reinstrumenter � son service. Enfant� in-vitro par les strat�ges d�El Mouradia, ce tri-c�phalisme politique s�est r�v�l� pr�judiciable aux affaires publiques malgr� tous les rafistolages. La logique contraignante du pouvoir et de ses �quilibres le justifiant en son temps (2002), il ne s�explique plus actuellement. Faute de d�boucher sur le concept du bloc (Koutla), il ne charriera que des malentendus. La contractualisation par la servitude de courants r�put�s distincts mais sur une base �galitaire ne s�est-elle pas transform�e en querelle feutr�e mais permanente ? Malgr� les discours f�d�rateurs, l�alliance s�en allait � hue et � dia. A chacune de leur rencontre, ses membres ressortaient la m�me sc�ne de famille tout en continuant � s�entre-d�chirer en secret. Au moindre coup de froid, ils s�empressaient de claironner quelque credo du genre : �D�passons les �go�smes partisans, renon�ons aux amours-propres �troits et �levons-nous � la hauteur de notre mission.� Ce la�us-l�, tous les trois le connaissent et chacun l�emploie contre les autres. Parce que les conditions d�une fusion dans une m�me famille politique lui manquaient, la majorit� pr�sidentielle a continu� � fonctionner avec les sp�cificit�s de chacune de ses composantes qui n�entretenaient qu�un seul objectif : ne pas �tre d�vor� par les autres� Ce sont d�abord des identit�s tranch�es que le chef de l�Etat a mises � son service et en m�me temps crut les avoir �mis en m�nage� entre elles. Mais, enfin, soit qu�il n�a pas voulu, pu ou su les rendre solubles dans un m�me projet que, manifestement, toutes les frustrations remont�rent � la surface. Le FLN, dont le rayonnement est ind�niable, s�impatiente du fait que l�on tarde � l�installer aux premi�res loges. Ayant admis en 2003 qu�Ouyahia occup�t la chefferie apr�s le renvoi de Benflis et le d�mant�lement de son appareil, il estimerait qu�il n�y a plus aucune raison � ce que sa pr�-�minence dans les institutions ne soit pas r�tablie. M�me s�il s�en d�fend publiquement en surench�rissant sur l�enti�re libert� du chef de l�Etat de designer qui il souhaite � ce poste, dans la r�alit�, il d�montre le contraire. Bien avant le chahut de l�APN, il a fait de la r�vision constitutionnelle son th�me de pr�dilection. Anticipant sur le sujet � dessein, il s�est interrog� � voix haute sur les confusions des fonctions et notamment celles de la chefferie et sa relation avec le Parlement. L�argument fait mouche parce que le probl�me est non seulement r�el mais il cible de surcro�t un RND aux manettes, alors qu�il est tragiquement minoritaire � l�APN. Apr�s avoir administr� un d�saveu subtil au gouvernement, quand bien m�me il en ferait partie, le FLN, version Belkhadem, inaugure une partie de pokermenteur pour d�loger le RND et avoir la haute main sur les institutions et ce dans la perspective des �ch�ances de 2007. Tirant les le�ons du laminage subi en 1996, il veut se pr�munir, par le contr�le, des traditionnelles manipulations de l�administration. En s�en servant � son profit �videmment� Sa strat�gie est en marche. Elle vient d�envoyer en �claireurs des d�put�s-chahuteurs avant de se d�ployer plus vigoureusement. Ces parlementaires satisfaits par avance de leur sort auraient-ils jamais eu, seuls, l�id�e de provoquer un tel d�sordre ? Bien �videmment que non, si quelques conseilleurs ne les avaient pas instruits en ce sens. Car d�ici � ce que l�on fasse accroire que leurs fortunes sont � ce point compromettantes pour �tre soustraites � la loi, il n�y a que la m�disance de ceux qui ont vot� par injonction la loi pour la faire courir. Incorruptibles ou affairistes, ces d�put�s ne sont pas le n�ud de l�affaire et la loi n�y est qu�un pr�texte. Les enjeux sont ailleurs et les grandes man�uvres ont commenc�.

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