A l�occasion du 3 mai, journ�e internationale pour la Libert� de la presse, le Collectif pour la libert� de la presse en Alg�rie regrette d�avoir � constater, cette ann�e encore, un nombre d�atteintes � cette derni�re encore plus graves que celui recens� l�an pass�. Nous sommes d�autant plus navr�s et indign�s que la radicalisation de la r�pression � l�encontre des journalistes est accompagn�e d�une politique de compromission avec ceux qui, hier encore, les assassinaient sous pr�texte que la plume vaut le glaive. On lib�re les terroristes et on condamne les journalistes � des peines de prison. C�est le triste et �difiant bilan que l�on peut dresser. A travers la r�pression de la presse libre, ce sont toutes les libert�s d�expression de la soci�t� que le pouvoir veut �touffer. Au cours de l�ann�e qui vient de s��couler, dix-huit journalistes alg�riens, exer�ant tous dans la presse ind�pendante, ont �t� condamn�s en premi�re instance � des peines allant de deux � douze mois de prison ferme. La menace de voir ces peines confirm�es est malheureusement r�elle comme en t�moigne la condamnation en appel � six mois de prison de Hakim La�lam, chroniqueur au Soir d�Alg�rie. Dans la situation actuelle caract�ris�e par une privatisation du fonctionnement des pouvoirs, rien ne laisse esp�rer de la justice qu�elle agisse dans la s�r�nit� et l�ind�pendance aux proc�s intent�s aux journalistes dans l�exercice de leur profession. Si la justice ne se ressaisissait pas en cessant de jouer le r�le d�instrument de revanche du pouvoir politique irrit� par l�indocilit� de la presse ind�pendante, cette cascade de proc�s impitoyables et sans pr�c�dent placerait l�Alg�rie en t�te du sinistre hit-parade des pays attentant � la libert� de la presse et, � travers elle, � toutes les libert�s d�mocratiques. Cette remise en cause de la libert� de la presse, pour partielle qu�elle soit, obtenue au prix fort du sacrifice de pr�s de 120 journalistes, a commenc� par l�arrestation de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin qui entame son vingt-troisi�me mois de prison. Apr�s un proc�s inique mont� par une justice aux ordres, Mohamed Benchicou, qui avait assist� � la liquidation sommaire de son journal dans les semaines suivant son emprisonnement, a continu� � fr�quenter les tribunaux. Malade et priv� des soins n�cessaires, il a �t� extrait plus de 38 fois de sa cellule pour �tre pr�sent� devant le tribunal et r�pondre de nouvelles plaintes pour d�lit de presse. Depuis l�emprisonnement du directeur du Matin, la situation de la libert� d�expression et de la presse en Alg�rie n�a fait que se d�grader. Outre les dix-huit condamnations � des peines de prison ferme recens�es en 2005, des journalistes ont �t� arbitrairement incarc�r�s : c�est le cas de Bachir Larabi, correspondant r�gional du quotidien El Khabar, incarc�r� du 20 janvier au 20 f�vrier 2006 ; l�emprisonnement puis la lib�ration provisoire le 15 mars dernier de Kamel Boussad et Berkane Bouderbala, respectivement directeurs des hebdomadaires Panorama et Essafir, suite � la publication des caricatures du proph�te Mohamed. Et tout r�cemment, l�emprisonnement puis la lib�ration de Mourad M�hamed, journaliste � El Khabar arr�t� puis lib�r� pour avoir publi� un document du groupe terroriste GSPC. A ce bilan, on peut ajouter des dizaines de journalistes sanctionn�s par des peines de prison avec sursis ; les cas des correspondants locaux livr�s, dans le silence, � une justice exp�ditive ; les soci�t�s �ditrices croulant sous des amendes astronomiques, accul�es � la faillite par le chantage � l�impression, � la publicit� ; les menaces de suspension planant sur des publications. Ces proc�s en cha�ne, ces intimidations polici�res, ces pressions financi�res et ces condamnations participent d�une volont� d�lib�r�e et planifi�e de domestiquer une presse qui pensait avoir pay� le prix de sa libert�. D�ploy�s � une telle �chelle, ils sont le signe d�une intensification de la strat�gie d��tranglement de ce secteur et d�un durcissement de la logique r�pressive du pouvoir contre toute opinion oppos�e � son action. Quant � l�affaire Benchicou, par son exemplarit� et la brutalit� des m�thodes utilis�es, elle aura �t� pour l�opinion nationale et internationale le r�v�lateur des vell�it�s liberticides inscrites dans la r�forme du code p�nal de 2001. Aujourd�hui, en d�pit de tous les brouillages op�r�s autour de son proc�s, des ONG et des instances internationales (tels la F�d�ration Internationale des journalistes et le Parlement europ�en) consid�rent Mohamed Benchicou comme un prisonnier d�opinion. Elles n�ont cess� de d�noncer avec nous son emprisonnement, ainsi que les dispositions de ce code p�nal, qui entravent l'exercice de la profession de journaliste en Alg�rie. Dans les prochaines semaines, les verdicts des proc�s en appel vont �tre rendus. Le Collectif pour la libert� de la presse en Alg�rie r�it�re son appel en direction des �lus et responsables politiques entretenant des relations avec le pouvoir alg�rien � travers divers accords �conomiques au niveau national et europ�en, ainsi qu'� toutes les personnes attach�es � la libert� de la presse en Alg�rie et dans le monde afin d�agir imm�diatement : - Pour la lib�ration imm�diate et inconditionnelle de Mohamed Benchicou et l'arr�t des poursuites judiciaires � son encontre. - Pour la relaxe de tous les journalistes condamn�s � la prison pour d�lit de presse. - Pour la d�p�nalisation des d�lits de presse. - Pour l'arr�t des poursuites judiciaires contre tous les journalistes. - Pour la lev�e de tous les interdits qui frappent le journal Le Matin depuis le 24 juillet 2004. - Pour le respect des conventions internationales ratifi�es par l�Alg�rie.