Condamn� vendredi dernier � la prison � vie par le tribunal d�Alexandria (Virginie), Zakarias Moussaoui, ressortissant fran�ais d�origine marocaine, s�est r�tract� et demande une r�vision de son proc�s. Il affirme avoir menti, qu�il n�a jamais fait partie de la Qa�da, et n�a aucun lien avec les attentats du 11 septembre 2001. Finir ses jours dans une prison de haute s�curit�, surnomm�e �l�Alcatraz des Rocheuses�, situ�e dans une zone aride du Colorado, est en soi une condamnation � une mort lente. Moussaoui est incarc�r� 23 heures sur 24 dans une cellule insonoris�e. Il ne b�n�ficie que d�une heure de sortie par jour. Il n�a droit ni � la t�l� ni aux journaux. Il est dans un isolement total. Dans le climat suivant les attentats du 11 septembre, il �tait certes difficile au Franco-Marocain d��viter une condamnation. Mais, en se livrant � un jeu de r�les sordide, refusant d�abord de plaider, avant de plaider non coupable, affirmant avoir �t� le 22e membre du commando d�Al-Qa�da auteur des attentats du 11 septembre, Moussaoui en a rajout� une couche pour se donner une image d�testable � souhait. Il a qualifi� la juge Leonie Brinkema de �juge SS�, �d�idiote�, la reine Elisabeth de �petite salope de Buckingham�, ironis� sur la douleur des familles des victimes du 11 septembre venues t�moigner � la barre. Il a propos� au procureur d��tre son propre t�moin � charge et ponctuait chaque fin de s�ance du tribunal par des phrases assassines destin�es � influencer le jury afin qu�il le condamne � mort, et mourir en martyr islamiste. Pour le procureur et les avocats des parties civiles, �videmment, les propos et le comportement de Moussaoui �taient du pain b�nit. Pour l�administration Bush, qui a cherch� � en faire le symbole des actes terroristes anti-am�ricains, Moussaoui �tait le coupable id�al. Toutefois, le fait que la Cour f�d�rale des Etats-Unis ait refus� � la d�fense que le cerveau de l�op�ration du 11 septembre, Khalid Cheikh Mohamed, et l�un des organisateurs, Ramzi Ben al-Shaiba, d�tenus au secret � Guantanamo, t�moignent au tribunal a eu pour effet de priver Moussaoui de ses droits. Khalid Cheikh connaissait Moussaoui. Le Fran�ais a bien s�journ� en Afghanistan. Au lieu d��tre moudjahid, il a fait fonction de chauffeur parce que, disaient ceux qui l�ont connu, il ne r�pondait pas aux crit�res d�un combattant islamiste. Il ne savait pas se servir d�une arme, fabriquer des bombes... Il �tait en fait un pi�tre combattant. En outre, Khalid Cheikh s�en m�fiait, le trouvant bavard, peu fiable, ordonnant aux islamistes pr�parant les attentats du 11 septembre qui avaient crois� Moussaoui dans le centre de formation de pilotes situ� dans le sud des Etats-Unis de couper les ponts avec lui. Ce qu�ils ont fait. De plus, aux dires des moniteurs charg�s de former des pilotes, Zakarias �tait un pi�tre stagiaire : il n��tait pas fait pour �tre pilote. Il ne pouvait donc pas prendre les commandes d�un avion. Ce � quoi s�ajoute le fait que Moussaoui a �t� arr�t� avant les attentats du World Trade Center, le 16 ao�t 2001 en situation irr�guli�re : son permis de s�jour ayant expir�. De fait, il n��tait pas au courant des pr�paratifs des attentats du 11 septembre. Il n�a appris la nouvelle qu�en prison. En v�rit�, Zakarias Moussaoui �tait une sorte de Rantanplan islamiste. Comme le chien de Lucky Luke, il croyait �tre utile � ses ma�tres. En se fabriquant une image de terroriste islamiste pur et dur, il voulait camper un r�le qui n��tait pas fait pour lui. L�administration Bush le savait. Moussaoui ne pouvait r�v�ler grand-chose sur les attentats du 11 septembre ou le r�le de la Qa�da, voire les liens entre Oussama Ben Laden, la mouvance islamiste radicale et la CIA � l��poque de la guerre d�Afghanistan, quand l�ennemi commun �tait le Sovi�tique ath�e. C�est la raison principale qui fait que Khalid Cheikh Mohamed ne sera sans doute jamais jug� aux Etats-Unis.