Ce jeudi aura lieu la grande r�union des walis avec les membres du gouvernement. Une r�union qui nous rappelle, s�il le fallait, l�importance des questions de d�veloppement local mais qui nous rappelle aussi que dans ce domaine, probablement plus que dans d�autres, nous n�avons pas de doctrine et que la d�marche qui a pr�valu jusqu�� pr�sent a �t� caract�ris�e, pour le moins, par l�empirisme et les r�ponses au �coup par coup�. La crise financi�re qui a secou� l�Alg�rie � la seconde moiti� de la d�cennie 80 et les programmes de stabilisation macro-�conomique et d�ajustement structurel qui s�en sont suivis ont pes� lourdement sur le d�veloppement local. Bien �videmment, les probl�mes s�curitaires dramatiques que nous avons v�cus ces quinze derni�res ann�es ont aggrav� encore plus la situation d�j� d�grad�e de nos collectivit�s locales par les destructions nombreuses d��quipements et d�infrastructures de base. La cons�quence en a �t� la d�t�rioration consid�rable de la qualit� de vie de la grande majorit� des Alg�riens : sous-�quipement des communes, d�gradation importante des infrastructures de base existantes, retour des �pid�mies et propagation des maladies infectieuses. Face � tous ces probl�mes, les collectivit�s locales sont rest�es impuissantes car d�pourvues de moyens d�action et les retards dans l��quipement de nos communes, notamment dans les services de base, se sont accumul�s. Les d�bats doctrinaux qui ont pu avoir lieu �a et l� sur le bien-fond� d�une politique de relance kyn�sienne ou au contraire sur la n�cessit� d�un ancrage du syst�me �conomique national dans le lib�ralisme en �loignant l�Etat de l��conomie font figure de st�riles d�bats de salon. Les plans de relance I et II se justifient amplement d�abord et avant tout par les 5000 projets d��quipement qui y sont inscrits et qui visent � rattraper les retards et � r�pondre � des besoins fondamentaux qu�exprime souvent violemment la population. Pourtant, il faut bien admettre que ces plans de relance ont �t� d�cid�s sans �tre adoss�s � aucune doctrine de d�veloppement local. Nous avons pris l�habitude en Alg�rie de parler beaucoup de r�formes �conomiques mais nous ne parlons que des r�formes qui touchent � l�entreprise, au climat des affaires, au syst�me bancaire. Rarement, sinon jamais, ne sont �voqu�es celles qui doivent �tre men�es dans le domaine du d�veloppement local. Et pourtant, elles sont cruciales. Il est question en effet, ici, pas moins que d�une nouvelle conception de l�organisation de l�Etat, d�une nouvelle r�partition des pouvoirs �conomiques entre l��chelon central et les �chelons locaux. Est-ce que les mises � plat annonc�es des codes de wilaya et de commune suffiront � r�former l�Etat car c�est bien de cela qu�il s�agit ? Quatre questions au moins doivent �tre clarifi�es qui d�terminent l�efficacit� d�une v�ritable politique de d�veloppement local. 1�/ Un premier probl�me s�rieux � r�soudre est celui de la r�partition judicieuse des pr�rogatives, de la d�cision et des moyens entre les deux niveaux que sont la wilaya et la commune. Doit-on aller dans la d�centralisation jusqu�� la commune ou doit-on s�arr�ter � l��chelon de la wilaya ? Nous savons l�exp�rience du dernier d�coupage territorial aidant, qu�il est tr�s difficile dans beaucoup de cas de r�unir au niveau de la commune toutes les conditions de mise en �uvre d�un programme de d�veloppement local, les ressources humaines et dans beaucoup de cas absentes, les potentialit�s � valoriser sont rares, les infrastructures de base inexistantes. Mais dans le m�me temps organiser la d�cision au seul niveau de la wilaya comporte le risque de mettre une distance entre d�cideurs et acteurs du d�veloppement local, car on sait que plus proche des citoyens se situe la d�cision et plus elle sera efficace. Combien de fois les d�cisions des ex�cutifs de wilaya se sont-elles av�r�es inappropri�es et inopportunes pour la ou les communes concern�es ? 2�/ La seconde question que soul�ve la probl�matique du d�veloppement local est celle qui a trait � l�encadrement humain des collectivit�s locales . L�encadrement humain capable de conduire le d�veloppement local existe-t-il � l��chelon qu�il faut ? (Cette question rev�t toute son importance aujourd�hui avec le colossal programme de consolidation de la croissance �conomique mis en �uvre). Si les wilayas disposent pour la plupart d�entre elles des personnels techniquement comp�tents m�me s�ils restent en nombre insuffisant, ce n�est g�n�ralement pas le cas des communes qui sont d�pourvues de cadres : ing�nieurs, �conomistes, urbanistes et autres sp�cialistes en am�nagement du territoire font cruellement d�faut. Et ce n�est certainement pas la derni�re d�cision d�affectation � titre permanent d�un dipl�m� universitaire par commune qui va r�gler le probl�me. Dans le m�me temps, pr�s de 400.000 dipl�m�s de l�enseignement sup�rieur sont au ch�mage ! 3�/ La troisi�me question que soul�ve le d�veloppement local est largement connue et a �t� maintes fois abord�e sans jamais avoir connu de solutions satisfaisantes. Il s�agit de la question de l�assise financi�re du d�veloppement local. En l�absence de ressources � et parfois dans l�impossibilit� d�en g�n�rer � quel esprit d�initiative et d�innovation la collectivit� locale de base pourrait-elle apporter � la recherche de solutions aux probl�mes dont souffrent les citoyens ? Est soulev� ici, comme on s�en doute, l��pineux dossier des finances publiques locales et des modes de financement possibles � mettre � la disposition des communes et des wilayas. 4�/ Se pose enfin le probl�me du syst�me d�informations statistiques. Nous savons que les �chelons locaux ne disposent pas de syst�me d�informations �conomiques et sociales sur leurs propres circonscriptions. Or, cet outil est indispensable pour la gestion du d�veloppement. Comme on peut le constater : tout est � faire ou presque pour rendre enfin possible une politique efficace de d�veloppement local. On peut en tout signaler trois actions prioritaires � mener sans attendre : 1- Faire �merger des centres locaux de d�cision. Il s�agit v�ritablement de construire de tels centres de d�cision. 2- Mettre en �uvre � un niveau r�gional une politique de valorisation des sp�cificit�s locales. 3- Lib�rer l�initiative des ressources humaines disponibles et renforcer l�encadrement des communes qui en sont d�pourvues. Enfin le d�veloppement local ne doit pas se faire au d�triment de la coh�sion nationale. Il doit alors : 1- Concilier dynamique locale et objectifs nationaux. 2- S�inscrire dans le cadre des choix retenus en mati�re d�am�nagement du territoire. Nous avons besoin aujourd�hui, dans nos actions de d�veloppement, d�enrichir l�approche sectorielle qui a pr�valu jusqu�� maintenant par une approche territoriale, en cherchant constamment � concilier politiques sectorielles et pr�occupations territoriales pour �tre le plus proche possible des attentes des citoyens.