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Je connais le soldat inconnu Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 10 - 2006

J'ai enfin d�couvert qui �tait le soldat inconnu de l'imaginaire fran�ais ! C'est mon p�re, ce soldat �indig�ne� qu'on est all� chercher dans son village, l�-haut sur le piton kabyle, � l� o� m�me le bon Dieu a la flemme de grimper �, o� il faisait le guet depuis des mill�naires. On lui a mis un uniforme avec un �cusson comme le drapeau qui flotte sur la mairie du chef-lieu de la commune mixte.
On lui a balanc� une p�toire entre les mains, quelques maximes bien senties sur la �m�re-patrie� g�n�reuse et on lui a dit, en alexandrins semble-t-il : �Bicot, va te battre contre le nazisme, oui, because/ il menace l'existence m�me de la France ; c'est ta cause ! � Il y est all� dare-dare, mon vieux ! Je ne sais pas s'il les a crus, ces bonimenteurs de recruteurs, mais il est parti plein de vaillance, impavide (sans doute, �tre n� dans la mis�re et n'avoir eu qu'elle comme perspective a fait de lui un homme qui n'avait pas peur de la mort, car avec une gousse de fatalisme, elle valait mieux que sa non-vie de tous les jours), fon�ant t�te baiss�e contre l'ennemi, crapahutant entre les balles qui sifflaient et les obus qui p�taient sur les pentes de Monte- Cassino. Son courage au feu a fait reculer les lignes de d�fense fascistes et voil� la France, dont les caporaux le cravachaient un peu comme les gardes-chiourmes fouettent les gal�riens qui font avancer l'embarcation dans la temp�te hostile, revenant � la vie, recouvrant son honneur perdu dans la d�composition p�tainiste et la chor�graphie collaborationniste car, comme le chantait le chanteur Renaud dans �L'Hexagone�, check-up au vitriol de la France amn�sique, �tout le monde n'�tait pas Jean Moulin�. Je n'en reviens pas, dis donc ! Pour que la France, qui nous �civilisait � en nous traitant de bougnoules tout juste bons � ob�ir au ma�tre et en nous spoliant de nos terres qu'elle nous savait incapables de travailler, recolle les morceaux apr�s la d�b�cle, se ramasse un tantinet en redressant la colonne vert�brale, il a fallu aller chercher mon pauvre berger de p�re, analphab�te dans toutes les langues de la cr�ation, cantonn� dans le premier d�can du n�olithique, m�ditant tout seul, et comme un grand, sur la barbarie qui agressait l'autre barbarie, plus famili�re, qui lui faisait croire qu'elle le sortait du trou noir de ses origines en l'enfon�ant dans l'humiliation coloniale. Et, le soir, apr�s avoir rentr� son malingre troupeau dans adaynine, il s'asseyait sous le fr�ne d'Agouni et, fixant l'�toile du berger, la sienne, plut�t p�lotte, il songeait � la dr�lerie de ce monde : depuis plus d'un centenaire, on lui ressassait que s'il avait �t� vaincu, colonis�, parqu� dans le �deuxi�me coll�ge�, c'�tait parce qu'il �tait un sauvage, un barbare, le Vendredi dont le Robinson Cruso� �tait l'Europe. Les voil� pr�cis�ment ces pays d'Europe, l'Allemagne, pays des philosophes, l'Italie, celui des po�tes et des peintres, l'Autriche, paradis des musiciens, l'Espagne, qui a vu na�tre Cervant�s, constituant l'axe qui allait mener une guerre dont la barbarie aurait fait p�lir d'horreur le Moyen-Age. Et c'�tait lui, mon pauvre berger de p�re, pensif sous son fr�ne, qui n'aurait pas fait de mal � une mouche, qu'on soup�onnait d'�tre un barbare, une sorte d'entit� animale qui fonctionnait � la violence parce que de r�gulateur de celle-ci, l'�me, il n'en avait point. Il ne comprenait plus rien ! Le GMC est venu. Personne n'a jamais �t� fichu de me dire ce que mon p�re, jeunot de dix-neuf ans dont le voyage le plus lointain se limitait au chef-lieu de la commune mixte, avait pens� de cette exp�dition tumultueuse face � un ennemi qui le fera h�ros. Il sauta dans la ridelle, fit un signe de la main de son burnous, puis disparut au tournant. On pr�suma qu'il avait pris conscience que l'enjeu qui le conduisait � la guerre, c'�tait cette libert� pour laquelle sa lign�e s'�tait battue depuis le premier homme, m�me si la dignit� ne venait pas toujours � bout de la force. En voyant �Indig�nes�, le film de Rachid Bouchareb, qui raconte les h�ro�smes et les d�sillusions des hommes du 7�me RTA, j'ai pu mettre un itin�raire sur son combat et des raisons sur ses col�res. Sauf au feu o� ils avaient plus que leur part, les �indig�nes�, � qui on demandait toujours plus de gages patrioti-cocardiers, �taient partout ailleurs victimes des in�galit�s. Ils n'avaient pas les m�mes rations alimentaires que leurs �fr�res� d'armes blancs, ni le m�me barda, pas plus que la m�me solde. Les permissions, ils n'en avaient pas du tout. Quant � la promotion dans la hi�rarchie militaire, elle ob�issait � l'appartenance ethnique plus qu'aux r�glements militaires. 130 000 �indig�nes�, d'Afrique du Nord et d'Afrique noire, ont mis dans la cagnotte leur sang pour acheter cette libert� qui leur sera refus�e, une fois que le nazisme aura re�u l'estocade. La �patrie�, peu reconnaissante, commencera par massacrer les leurs en mai 1945. Puis, elle leur attribuera des pensions qui repr�sentaient jusqu'� dix fois moins celles de leurs �fr�res� d'armes blancs. M�me s'il avait la m�me couleur, le sang n'avait pas la m�me valeur. Des millions de Fran�ais d�couvrent cette histoire nulle part �crite gr�ce au film. Les plus sensibles d'entre eux regarderont sans doute d'un �il un peu plus respectueux ces vieux immigr�s qui rasent les murs. Dans leur jeunesse, une arme � la main, aux premi�res lignes face aux nazis, ils ont �t� de superbes h�ros d'une guerre perdue sans eux. Le film s'invite naturellement dans un d�bat f�roce et manipulatoire sur l'int�gration. Rappeler, comme le fait consensuellement le film de Bouchareb, que ces hommes qu'on accuse aujourd'hui de tous les maux ne sont pas venus, pour beaucoup, par hasard en France est une �vidence � verser au dossier. Invit� pour la promotion de son film � une �mission culturelle sur F3, Rachid Bouchareb s'entend dire par l'animateur �qu'est-ce qu'on en prend, nous les Fran�ais !�. Mis sur la d�fensive, le cin�aste temp�re l'effet suppos� de son film. Compte tenu des rapports prouv�s entre les �indig�nes� et l'encadrement fran�ais dans l'arm�e coloniale, il aurait fallu r�pondre que la France aurait d� en prendre davantage. La France coloniale, s'entend, car c'est bien d'elle qu'il s'agit. Ce qui, imperceptiblement, a conduit Bouchareb � diluer son propos dans le consensus, c'est cette perfide confusion des temporalit�s. Il est probable que dans la bouche de l'animateur, les temporalit�s historiques soient amalgam�es. La r�habilitation des soldats �indig�nes� discrimin�s en 1943 en raison de leur origine est assimil�e, inconsciemment, � une critique de la France d'aujourd'hui. Dans un d�bat men� sur le fil du rasoir o� tout se m�lange, les �bienfaits de la colonisation �, �les harkis�, �la situation en Alg�rie comme point culminant de l'�chec de la d�colonisation�, �l'immigration choisie�, �la repentance�, �les sans-papiers�, nul doute que ce film clarifie un peu mieux la g�n�alogie des tensions. Les critiques am�ricains, rod�s � ces choses, ne s'y sont pas tromp�s en voyant dans �Indig�nes� un film en faveur des droits civiques. Un ami alg�rien, dont le p�re �tait aussi un �indig�ne�, me racontait qu'un jour, invit� pour animer un d�bat dans l'est de la France, un militant d�clar� du FN, x�nophobe comme il se doit, lui avait dit : �Pourquoi n'�tes-vous pas rest� dans votre pays ?�. R�ponse de mon pote : �Mon p�re a �t� bless� en Alsace, o� son sang a coul� pour lib�rer la France du nazisme. Il y a au moins quelques centim�tres carr�s de la terre de France irrigu�s de son sang. Je veux m'y tenir. Dites-en autant !�. Ce qu'il n'ajouta pas, c'est que son p�re a �t�, par la suite, l'un des premiers maquisards de l'Alg�rie r�veill�e � son destin. Il a pay� de sa vie l'ind�pendance de son pays. Un soldat doublement inconnu, trois fois h�las !

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