L�initiative fran�aise d�embarquer l�Espagne et l�Italie dans une �initiative� de paix entre Isra�l et les Palestiniens semble, d�j�, avoir v�cu. Tout d�abord, parce que la d�marche a du mal � se frayer un espace diplomatique raisonnable. Entre les projets de l�ONU, �plan� saoudien � qui en gros veut persuader les Etats arabes de reconna�tre Isra�l en �change de... rien du tout ! � et les efforts du quartatte (USA - UE - ONU et Russie), il n�y a plus gu�re, � vrai dire, de place pour une autre d�marche. Ce qu�il faut retenir, par contre, de cette sortie fran�aise est qu�elle constitue une surprise de taille parce qu�elle s�inscrit en faux des alliances contract�es, jusqu�ici, par Paris. Lors de l�agression anglo-am�ricaine de l�Irak, la France s��tait appuy�e sur l�axe Berlin-Moscou et concernant le conflit isra�lo-palestinien, Chirac s�est toujours d�fini comme �respectueux� des r�solutions onusiennes et du consensus europ�en. Ce dernier est identifi� par le �quartette� au sein duquel l�Union europ�enne est partie prenante. Pourquoi donc l�Elys�e et le Quai d�Orsay ont-ils, subitement, voulu changer de fusil d��paule pour vouloir emmener Madrid et Rome dans un sillage autre que celui convenu jusque-l� ? Deux raisons expliquent, sans doute, cela. La France, que le probable r�ajustement de la politique am�ricaine en Irak inqui�te, ne veut pas �tre, encore une fois, le dindon de la farce moyen-orientale. En effet, et alors que les relations entre la France chiraquienne et la Syrie sont devenues ex�crables depuis deux ans � � cause d�une volte-face aussi soudaine qu�inexpliqu�e de la part de Paris � et qu�envers l�Iran les signaux fran�ais sont ambigus, voil� qu�un rapport, d�taill�, command� par le pr�sident am�ricain au Congr�s instruit qu�il faut, rapidement, r�injecter Damas et T�h�ran dans l��quation irakienne. Aussi paradoxal que cela puisse para�tre, la France, qui lors du d�barquement am�ricain � Baghdad faisait partie du �camp de la paix� et avait, alors, une position juste inspir�e de la doctrine des Nations unies, a eu depuis des errements et des t�tonnements qui peuvent, � l�avenir, lui �tre fatals. L�humiliation supr�me par la France serait que c�est par Washington que Paris puisse, dor�navant, passer pour r�-avoir langue avec un ami traditionnel et de longue date. La lecture faite par le renseignement fran�ais de l�assassinat de Rafik Hariri et de la situation au Liban a persuad� les politiques hexagonaux d�op�rer des changements d�ordre strat�gique et doctrinal, qui, au jour d�aujourd�hui, ne se sont pas av�r�s productifs pour la diplomatie fran�aise. L�autre �l�ment qui rendra caduque l�initiative de Paris par rapport au Proche-Orient inefficace est qu�elle n�int�gre pas ses alli�s d�hier, Moscou, Berlin, et � un degr� moindre, Pekin. Pourquoi donc Tel-Aviv consentira- t-il � l�Espagne et l�Italie ce qu�il a refus� � des pays autrement plus costauds ? En quoi Madrid et Rome p�seront-ils plus lourds que la Russie, la Chine ou le quartette dans la trag�die palestinienne ? Le ton violent, voire mena�ant d�Isra�l contre la France lors des d�bats r�cents au sein de l�ONU ne laisse, d�ailleurs, planer aucun doute sur les lendemains � classer sans suite du projet proche-oriental de la France. Pour le reste, l�on peut, l�gitimement, se demander pourquoi la France qui a volontairement laiss� tomber le processus de Barcelone en d�cr�pitude bat-elle, aujourd�hui, le rappel de deux puissances du grand bleu ? Alors que le cadre de Barcelone �tait le seul, avec l�ONU, qui pouvait r�unir Palestiniens et Isra�liens. Idem pour l�enfant dans le dos que Paris a fait � la Syrie. Pour le reste, et concernant tout particuli�rement l�Espagne et la France, ces grandes nations du pourtour m�diterran�en, toutefois puissances juste moyennes, leurs voix seraient mieux entendues et leurs �initiatives� plus cr�dibles si Madrid et Paris balayaient devant leur porte avant de donner des le�ons aux autres. Exemple : la r�solution du conflit du Sahara occidental. Alors que toutes les r�solutions onusiennes, le bon sens et la l�galit� internationale indiquent que le peuple sahraoui doit exercer souverainement son droit � l�autod�termination, l�Espagne et la France, pour des int�r�ts sordides, emp�chant cela, comment donc r�ussir ailleurs o� l�on �choue, lamentablement, � c�t� de chez soi ? Si la France, l�Espagne et l�Italie et avec elles toute l�Union europ�enne ne veulent pas devenir comme la tristement c�l�bre Ligue arabe, leurs actes doivent �tre conformes � leurs paroles. Ce qui, h�las, n�est pas le cas. Loin, s�en faut ! A. M.