Il faut croire que la commune de Rouiba, � l�est de la wilaya d�Alger, est d�cid�e � s�attaquer r�ellement au ph�nom�ne de l�accaparement par la force de terrains domaniaux et de constructions illicites �rig�es dans l�agglom�ration. En effet, le premier contrevenant � subir la loi l�gitime de l�Etat est un entrepreneur qui, selon Oughlis Abdelkader, premier vice-pr�sident de cette APC, �se croit puissant et intouchable allant jusqu�� d�fier les autorit�s locales�. Comme le pr�sident Kouidri est en p�lerinage aux Lieux-Saints de l�Islam, c�est M. Oughlis qui assure l�int�rim de l�APC. Ce dernier, fort du soutien des autres �lus et des autorit�s locales, a d�cid� de mettre � ex�cution les arr�t�s de d�molition sign�s en 2001, 2004 et 2006, des murs et des bureaux construits ill�galement sur une parcelle de 8 000 m2 accapar�e, depuis 1997, par un entrepreneur qui a ouvert un parking pour ses engins et ses camions puis a b�ti des bureaux et s�est lanc� par la suite, d�apr�s les responsables de la commune, dans la construction d�un h�tel. Ce terrain mitoyen avec le lotissement Cadat, � l�ouest du centre-ville, est �valu� sur le march� du foncier � 80 milliards de centimes. A notre arriv�e, le P/APC int�rimaire �tait sur place pour superviser, en compagnie du secr�taire g�n�ral de la commune, M. Izra, cette op�ration d�envergure. Deux gros engins cassaient le b�ton, un chargeur remplissait les camions qui �vacuaient les d�tritus. Une dizaine de policiers r�quisitionn�s ont ferm� les deux rues et veillaient sur la s�curit� des agents communaux en mission de d�molition. L�op�ration, lanc�e mardi et samedi derniers � la mi-journ�e, �tait en voie d�ach�vement. A l�int�rieur de l�ancien parc, trois chauffeurs de l�entrepreneur protestent contre cette action. �C�est un entrepreneur qui fait travailler des p�res de famille. On devrait au contraire l�aider et lui vendre cette parcelle�, dit l�un d�eux. �Ce terrain sera s�rement vendu en parcelles au profit des privil�gi�s�. Un jeune employ� intervient : �Depuis quatre ans que je suis venu de Souk-Ahras pour travailler chez ce patron, s�il me licencie o� irai-je, au maquis ?� Le fils de l�entrepreneur fait son apparition. Il nous fait savoir que son p�re avait b�n�fici� d�une autorisation d�occupation du terrain et de la permission de construire. Pri� de nous montrer ces documents, il nous r�torque que les papiers se trouvent chez son p�re, mais il refuse de nous communiquer son num�ro de t�l�phone. Concernant les camions, une dizaine de semiremorques, toujours en stationnement dans ce parc, il nous informe qu�ils resteront sur place. Cela signifie que l�indu occupant voudrait engager un bras de force avec l�APC. �Pas question de laisser ces v�hicules. Il y va de la cr�dibilit� de l�Etat�, r�torque M. Oughlis. �Ils feront l�objet d�un arr�t� d��vacuation�, pr�cise le secr�taire g�n�ral. Le vice-pr�sident nous assure par ailleurs que le terrain r�cup�r� sera affect� � la construction de l�unit� de la Protection civile et � l�ouverture d�une route vers le nouveau CEM. A la question relative aux bus stationn�s ill�galement � c�t� de ce parc en d�molition et qui, selon le fils de l�entrepreneur, appartiennent � un transporteur, un d�nomm� Aoune, le responsable communal s�est content� de nous citer un proverbe du terroir : �Celui qui constate que son voisin se fait raser la t�te n�a qu�� savonner la sienne.� Cette allusion serait valable � tous les constructeurs illicites recens�s dans la commune �pour donner une cr�dibilit� � notre action, qui ne fait que commencer. Nous, �lus de la commune et autorit�s de la localit�, avons choisi de commencer par les cas que la population classait de contrevenants intouchables�, dit M. Oughlis, s�r de lui. En effet, nous avons constat� chez les citoyens interrog�s une approbation unanime de cette op�ration. �Il �tait enfin temps que l�Etat se manifeste et que des �lus fassent usage de l�autorit� que leur conf�re la loi pour mettre fin � ce scandale qui r�duit la R�publique � une orpheline sans d�fenseurs�, estime l�un d�eux. Maintenant que des �lus locaux ont assum� leur responsabilit� et d�fendu les biens de la collectivit�, il appartient aux hautes autorit�s de l�Etat de manifester leur soutien, � la justice et aux services de s�curit� de prendre position publiquement contre toute vell�it� de repr�sailles contre ces repr�sentants du peuple qui n�ont fait qu�appliquer la loi pour mettre fin � cette honte o� d�autres responsables, par peur, d�tournent les yeux.