Les 44,5 millions d'�lecteurs fran�ais n'avaient plus que quelques heures hier pour fixer leur choix entre les 12 candidats en lice pour la pr�sidence, � la veille d'un premier tour � suspense qui doit d�signer les deux finalistes pour la succession de Jacques Chirac. Une qualification du candidat de droite Nicolas Sarkozy, 52 ans, et de la socialiste S�gol�ne Royal, 53 ans, avait la faveur de la plupart des pronostics pour ce scrutin qui devrait marquer l'arriv�e au pouvoir en France d'une nouvelle g�n�ration, apr�s 12 ans de pr�sidence Chirac. Mais tous les analystes appelaient � la prudence. Un tiers des �lecteurs se disant toujours ind�cis � la fin de la campagne, deux autres candidats sont en mesure de jouer les trouble-f�te : le centriste Fran�ois Bayrou et le leader d'extr�me droite Jean-Marie Le Pen, tous deux �persuad�s� d'�tre pr�sents au second tour, le 6 mai. La publication de sondages et la tenue de r�unions publiques sont interdites par la loi depuis vendredi minuit (22H00 GMT) jusqu'� la cl�ture des derniers bureaux de vote aujourd�hui � 20H00 (18H00 GMT). Pour tenir compte du d�calage horaire, environ un million de Fran�ais �taient appel�s � voter d�s hier dans certains territoires d'Outremer et dans les consulats des pays du continent am�ricain. Ceux de l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, au large du Canada, ont donn� le coup d'envoi, suivis des habitants des �les antillaises de la Guadeloupe et de la Martinique. L'ensemble de la presse �voquait hier la possibilit� d'une nouvelle �surprise� lors de l'annonce des premi�res estimations ce soir, comme ce fut le cas le 21 avril 2002 avec l'�limination du socialiste Lionel Jospin par M. Le Pen qu'aucun sondeur n'avait pr�vue. �Une surprise n'est pas � exclure, tant l'�lectorat semble volatil, susceptible de se d�terminer au dernier moment dans l'isoloir, loin, tr�s loin des clivages politiques d'antan�, r�sumait le journal populaire Le Parisien. Les Fran�ais ont en tout cas marqu� leur soif de changement en se passionnant pour la campagne. Les meetings ont attir� des foules consid�rables et les �missions politiques ont battu des records d'audience. Ce qui n'a pas emp�ch� les �lecteurs d'�tre sceptiques ou perplexes � l'heure du choix, la personnalit� ou les programmes des principaux candidats ayant souvent brouill� leurs messages lors d'une campagne o� aucun th�me ne s'est r�ellement impos�. Se pr�sentant comme l'homme de la �rupture�, soutenu sans enthousiame par le pr�sident Chirac, Nicolas Sarkozy a fait la course en t�te dans tous les sondages sur le 1er tour publi�s depuis janvier. Mais il a pu troubler une partie de son �lectorat en se pla�ant parfois sur le terrain de l'extr�me droite, par exemple lorsqu'il a projet� la cr�ation d'un �minist�re de l'immigration et de l'identit� nationale�. D�sign�e triomphalement � l'automne par les militants socialistes contre plusieurs �poids lourds� du parti, S�gol�ne Royal a men� une campagne marqu�e par de nombreux revirements tactiques, qui ont souvent d�contenanc� ses partisans, et par des �bourdes� en mati�re de politique �trang�re. Elle a multipli� en fin de course les appels au �vote utile� pour tenter d'assurer sa qualification au second tour. Le centriste Fran�ois Bayrou, 55 ans, a effectu� une perc�e aussi spectaculaire qu'inattendue en promettant de �dynamiter� le vieux clivage droitegauche qui paralyse selon lui le pays. Il a aussi dispos� d'un argument fort � l'adresse des socialistes h�sitants : c'est le seul, d'apr�s les sondages, � pouvoir battre M. Sarkozy dans un duel final. Quant � M. Le Pen, qui a effectu� � 78 ans sa 5e et derni�re campagne, il assure avoir �gagn� la bataille des id�es en ayant impos� des sujets comme l'immigration. Les huit autres candidats � dont cinq issus de la gauche radicale � ont d� se contenter des seconds r�les et leur �limination d�s le premier tour est certaine.