R�unis � Luxembourg-City, les ministres des Affaires �trang�res de l�Union europ�enne ont mis leurs pas dans ceux de George Bush. Les �relex� des 27 ont, en effet, pris la d�cision, comme celle adopt�e la veille par Washington, de reprendre leur aide au gouvernement mis sur orbite, le pied lev� et contraint, par Mahmoud Abbas� �Une partie de l�argent va �tre vers�e directement�, a annonc� Javier Solana (S�curit� europ�enne commune) d�s l�entame des travaux des chefs de la diplomatie de l�Union. L�objectif d�clar� et d�clam� par les Europ�ens est de �renforcer� les �mod�r�s� (l�Autorit� palestinienne sous la direction de Mahmoud Abbas, ndlr). Exactement le m�me point de vue que celui des Am�ricains et, surtout, celui d�Isra�l. La semaine derni�re � Tel-Aviv, plusieurs responsables isra�liens de premier rang avaient clairement dit leur intention de voir �voluer, de fa�on �spectaculaire�, la libert� de �mouvement� des Palestiniens de Cisjordanie. L�Etat h�breu avait aussi affirm� sa �volont� de d�bloquer 700 millions de dollars dus � l�Autorit� palestinienne. Pour autant, tous les d�tails techniques ne sont pas encore r�gl�s pour qu�enfin l�aide parvienne aux Palestiniens. Benita Ferrero Waldner, commissaire europ�enne aux Affaires �trang�res, a tenu � le souligner � Luxembourg : �C�est une question de contr�le financier et de transparence�. S�il est, en ces circonstances dramatiques v�cues par les Palestiniens, urgent et primordial d�aider les pauvres gens de Ghaza et de Cisjordanie, il est tout autant n�cessaire � et m�me moral � de se questionner sur la curieuse attitude europ�enne. Les Europ�ens de l�UE ont toujours eu dans le conflit isra�lo-palestinien une attitude � certes pas toujours �quilibr�e � mais, tout de m�me digne, et surtout diff�rente de celle des Etats- Unis, toujours aux c�t�s d�Isra�l sans aucun �gard pour les Palestiniens. Malheureusement, depuis plusieurs ann�es, l�attitude de l�UE, et, notamment, celle de la Commission (l�ex�cutif des 27, en d�finitive), a �volu� sensiblement pour, en fin de compte, se confondre et n�en faire qu�une avec celle de Washington. �Nous devons soutenir le pr�sident Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et nous devons le soutenir tr�s rapidement�, a surench�ri avant-hier Dora Bakoyanni, ministre grecque des Affaires �trang�res. Quelle hypocrisie ! Et quel culot ! Depuis la nuit des temps, et notamment depuis que Yasser Arafat a sign� les accords d�Oslo, tout le monde savait que si Isra�l n�accordait pas de concessions territoriales substantielles � l�Autorit� palestinienne, c�en serait fini des institutions nationalistes, modernes, presque la�ques install�es patiemment et laborieusement depuis 1965 par l�OLP et ses diff�rentes composantes (Fatah, FPLP, FDLP�). L�islamisme radical port�, aujourd�hui par Hamas a �t�, ne l�oublions pas, cr��, financ� et soutenu � bout de bras par les Isra�liens et les Am�ricains. Pour en finir pr�cis�ment avec la revendication de l�OLP et de Fatah d�un Etat palestinien fiable et ind�pendant. Aujourd�hui, qu�en est-il ? Ghaza est coup�e du reste du monde, livr�e � des pilleurs et � des groupes de bandits que m�me Hamas n�arrivera plus � contr�ler � l�avenir, priv�e de carburant, de vivres et de m�dicaments, et sans doute, dans quelques semaines vivra-t-elle l�une des plus grandes trag�dies humanitaires, des 19, 20 et 21 si�cles r�unis. La Cisjordanie est encore entre les mains de l�Autorit� palestinienne, mais au fait, que reste-t-il comme autorit� � Mahmoud Abbas, en attendant que d�autres complots et d�autres sordides calculs ne la m�nent tout droit vers l�islamisme radical ? Celui de Hamas ou d�un autre mouvement qui, sans doute, est-il en train d��tre exp�riment� dans des laboratoires d�officines secr�tes. Comme Hamas avant qu�il ne soit connu du grand public. Des jours sombres attendent les Palestiniens. La Ligue arabe, Dieu nous en pr�serve !, le sait si bien qu�au Caire, aucun �relex� des pays qui la composent n�a os� une initiative. M�me les discours d�magogiques qui, d�habitude, meublent les conciliabules interarabes n�ont pas �t�, cette fois-ci, de mise�La Ligue arabe �conduite, l�Union europ�enne transform�e en appendice de la Croix-Rouge et l�ONU hors-jeu, les Palestiniens sont seuls face � leur destin. Si d�autres peuples avant eux avaient le choix entre vaincre ou mourir, les Palestiniens, eux, n�ont gu�re droit � cette alternative. Eux doivent souffrir et mourir�