Si le pouvoir alg�rien trouve encore en certains troubadours des thurif�raires rivalisant de z�le, il ne risque cependant pas de recevoir l�encens de la part de Rachid Boudjedra, Merzak Bagtache ou Ammar Azzouz, autant solides dans leurs convictions qu�authentiques artistes dans leur fa�on de taquiner le verbe et la muse. Le mal, tout le mal pens� de la politique culturelle, le trio, que R�dha Malek a r�uni autour de lui, hier, � l�occasion d�une soir�e th�matique, le d�verse comme d�une inspiration d�bordante. Sofiane A�t-Iflis Alger (Le Soir) - Il n�y avait pas l�affluence des meetings �lectoraux ou, � vrai dire, si, vu ce que le barom�tre politique indique comme d�saffection citoyenne. La filmath�que �Mohamed Zinet�, � Riadh-El-Feth, avait accueilli juste de quoi ne pas d�sesp�rer du vide. Une trentaine de t�tes, la majorit� grisonnantes, pour planter le d�cor � ce qui, d�s l�entame, s�av�ra �tre le proc�s d�une politique qui ne sait enfanter que du m�diocre. Merzak Bagtache brocarde un pouvoir infiniment hypocrite mais qui, fait aggravant, se complait � n��couter que ces bonimenteurs. �On refuse d�adh�rer � l�Organisation de la francophonie alors qu�on est le second pays francophone apr�s la France�, ass�ne-t-il pour illustrer l�hypocrisie du pouvoir. L�orateur estime que �l�Etat ne sait plus faire de politique en mati�re de communication�. Et, quitte � �tre incompris, il prend la cause des harragas et d�nonce ce minist�re qui, en guise de traitement au fl�au, il n�a pas trouv� mieux que de commander un film autour de ces dompteurs d�oc�ans. Bagtache s��merveille devant la t�m�rit� des harragas. Ce n�est pas tellement culturel mais c�est toujours �a de dit. Ou peut-�tre que cette �vasion, une bravade en somme, dans des felouques bon march�, est moins dangereuse que se r�signer � l��rosion du temps dans un vide culturel sid�ral. Bagtache rame � contre-courant des �tats d��mes officiels. La culture c�est une sorte d��tre soi, d��tre par rapport � l�autre mais aussi ce lien cosmogonique, aurait dit Rachid Boudjedra. Pour ce dernier, la culture ce sont les actes quotidiens. Y compris l�acte de se maquiller pour une femme. Comme Bagtache, l�auteur de l� Escargot ent�t� ne trouve pas tableau mieux peint que cette m�diocrit� g�n�ralis�e qu�il est donn� de vivre. �On n�a jamais compris la probl�matique de la culture�, dit-il ou encore �une culture, entendre l�art et la cr�ation, ne se d�cr�te pas par une commission ou un minist�re �. L��crivain, nourri � la dialectique marxiste, vire du c�t� de �Alger, capitale de la culture arabe�, non pas, �videmment, pour rallonger les bilans qui rel�vent plus de la routine que d�une s�rieuse �valuation mais pour affirmer qu�il a �t� marginalis�. �On a �t� marginalis�s. Mme la ministre, que j�avais crois�e lorsque nous empruntions les m�mes bords politiques, a �t� vex�e par quelques observations que j�ai faites. Alors, elle a d�cid� de me punir. Le minist�re de la Culture est plein de gens qui n�ont rien � faire avec la culture�. Ammar Azzouz, po�te et musicologue, a relev� qu�aucune strat�gie de d�veloppement culturel n�a �t� �labor�e ni mise en �uvre depuis 1962, hormis bien s�r dans les discours. Selon lui, depuis toujours, la culture est consid�r�e comme un luxe dont les masses peuvent se passer. Il a not� que le budget de la culture est insignifiant, � peine 0,15% du budget national et 80% de ce maigre budget sont d�pens�s pour les r�mun�rations des personnels. De �Alger, capitale de la culture arabe�, il dira que ses initiateurs ont �vacu� l�approche rationnelle. Pour lui, c�est le genre d��v�nement qui ne laisse aucun impact. Mais alors que penser de la musique, du cin�ma, du th��tre ? Ils sont autant en crise que la litt�rature. Que faire ? That�s the question.