L�Alg�rie serait-elle devenue subitement un pays d�velopp�, o� le ch�mage diminue ? Oui, selon le gouvernement qui avance un taux de non-emploi de 11,8%, mieux que ce qui se fait dans les pays r�ellement d�velopp�s. Un taux qui rel�ve plut�t de l�exag�ration pour les �conomistes, une estimation irr�aliste en l�absence de transparence et d�un syst�me statistique ind�pendant et certifi�. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) Derni�re annonce in�dite du gouvernement, le ch�mage affecterait 1,24 million de personnes contre 1,26 en 2006, ce qui donne un taux de ch�mage de 11,8%. Selon le Conseil de gouvernement, la situation de l�emploi s�am�liore et le ch�mage qui touchait 12,3% de la population active en 2006, se r�duit. Selon les pouvoirs publics, la population active �volue au taux de 2,5% depuis 1999 et est estim�e � 10,51 millions en milieu d�ann�e 2007. Ainsi, la population occup�e s��l�ve � environ 9,27 millions, soit une augmentation de 2,9% par rapport � 2006. Selon l�Office national des statistiques (ONS), la population active �tait estim�e � la fin 2006 � 10,1 millions de personnes, soit un taux d�activit� de 42,5%. Quant � la population active en ch�mage ou population active � la recherche d'un emploi, elle �tait estim�e � 1.240.800 personnes en octobre 2006, soit un taux de ch�mage de 12,3% (voir encadr�). En une ann�e, le taux de ch�mage a diminu� de 0,5%, selon l�ONS. Il �tait de 30% voil� quelques ann�es. Or, selon cette �valuation, ces taux de ch�mage feraient p�lir d�envie les pays d�velopp�s qui peinent eux � r�duire le ch�mage. Ils reclassent l�Alg�rie non plus comme un pays sous-d�velopp� mais comme un pays surd�velopp� et qui a r�solu ses probl�mes de d�veloppement ! Pour les �conomistes et m�me pour le grand public, la question m�rite r�flexion. Comment ce taux est-il calcul� ? Cette estimation est-elle conforme � la r�alit� ? La m�thodologie de calcul de l�ONS En fait, le taux de ch�mage ou de non-emploi est d�termin� par rapport aux standards et d�finitions du Bureau international du travail (BIT). Une enqu�te est effectu�e, � un moment donn�, sur un �chantillon donn� (14 000 m�nages, selon l�enqu�te de la fin 2006) de personnes, en �ge de travailler, en train de chercher du travail. Les personnes sont interrog�es si elles ont cherch� du travail, si elles ont exerc� une activit� r�mun�r�e pendant une certaine p�riode pr�c�dant l�enqu�te. Un d�compte est fait de r�ponses, selon des extrapolations et une m�thodologie scientifique, et donne le taux d�occupation et celui des personnes inoccup�es ou ch�meuses. Un taux qui est calcul� sur une base scientifique et conform�ment aux standards internationaux, indique-t-on au niveau de l�ONS. Si la personne s�est inscrite aupr�s d�une agence de main-d��uvre et cherche du travail sans le trouver, elle est consid�r�e comme ch�meuse. Mais si la personne ne d�clare pas �tre � la recherche d�un travail, m�me si elle exerce des petits boulots, par-ci ou par-l�, elle n�est pas comptabilis�e comme ch�meuse. Par contre, si la personne interrog�e d�clare avoir exerc� une activit� r�mun�r�e, elle est consid�r�e comme occup�e et non ch�meuse. Et cela m�me si cette occupation dure une heure ou fait partie des emplois dits �aid�s�, de court terme, cr��s par les divers dispositifs publics de soutien ou gr�ce au programme de relance �conomique. Les insuffisances de la m�thodologie de calcul Pour divers sp�cialistes, cette m�thodologie m�conna�t cependant le nombre de personnes qui travaillent dans l�informel, au noir. A ce propos, la Banque mondiale avait estim� r�cemment que le taux de ch�mage en Alg�rie est de 24%, en raison notamment de l�informel et des petits boulots. Or, la m�thodologie de l�ONS et sur laquelle se base le gouvernement omet la nature pr�caire, limit�e, des emplois existants. Des emplois financ�s par des ressources budg�taires en hausse gr�ce � la mont�e des cours du p�trole. Elle �value mal le nombre d�universitaires dipl�m�s ou encore scolaris�s en qu�te de travail. Elle sous-estime �galement la population f�minine en �ge de travailler et r�ellement en ch�mage dont le nombre d�passe le chiffre avanc� par l�ONS. Voire, il est reproch� � cette m�thode de calcul de conforter non une politique de cr�ation d�emplois productifs mais une gestion du ch�mage. Or, en l�absence d�une structure de statistiques ind�pendante, �libre, certifi�e, audit�e�, selon l��conomiste et universitaire Abdelhak Lamiri, ce taux de 11,8% �semble exag�r�. Il �ne refl�te pas la r�alit�, affirme cet universitaire qui s�interroge sur la pertinence des nombres avanc�s quant � la population active, occup�e et en ch�mage. Un universitaire perplexe comme nombre d��conomistes qui attendent des clarifications et des pr�cisions sur l�am�lioration annonc�e des conditions sociales. Exprimant un point de vue similaire, un chercheur du CREAD rel�ve quant � lui l�absence de transparence, la r�tention et l�opacit�, en mati�re de statistiques, ainsi que les insuffisances et dysfonctionnement du contr�le parlementaire. Pour les observateurs, la question de la d�termination du taux de ch�mage ne doit pas p�tir des insuffisances de l�ONS. Celle-ci qui de surcro�t a �chou� voil� quelques ann�es � se moderniser en raison d�un appel d�offres infructueux. De m�me que ce type de calcul ne doit pas satisfaire � des desiderata et contingences personnelles, � l�approche d�une �ch�ance �lectorale d�envergure nationale. En l�absence de visibilit� et de lisibilit� du mode de gouvernance actuel. C. B.
L'emploi et le ch�mage, selon l'ONS Selon l�Office national des statistiques (ONS), la population active du moment, au sens BIT (Bureau international du travail), �tait estim�e � pr�s de 10,1 millions de personnes en octobre 2006, soit un taux d�activit� de 42,5%. Ce taux �tait de 41,0% en septembre 2005. Les donn�es de la m�me enqu�te estiment la population active occup�e du moment en octobre 2006 � 8 868 800 personnes, soit un taux d�occupation de 26,8%. De m�me, le taux d�emploi ou proportion des occup�s sur l�ensemble de la population en �ge d�activit� se situe � 37,2%. La population active occup�e se caract�rise par une forte proportion de l'auto- emploi. Les employeurs et des ind�pendants repr�sentent presque le tiers (32,1%) du total des occup�s. Les salari�s permanents qui se caract�risent par une stabilit� de l'emploi repr�sentent 32,7%. L'emploi instable qui regroupe les salari�s non permanents et les aides familiaux est repr�sent� par 35,2% de l'ensemble des occup�s. La participation des femmes � l'activit� �conomique demeure tr�s faible. Les femmes repr�sentent 16,9% du total des occup�s : 19,0% en milieu urbain et 13,8% en zone rurale. Selon le secteur d'activit�, le secteur �commerce, administration publique et autres services� se taille la part du lion. Il occupe plus de la moiti� (53,4% de l'ensemble de la population occup�e). L'agriculture, le BTP et l'industrie arrivent en seconde, troisi�me et quatri�me position avec les proportions respectives de 18,1% 14,2% et 14,2% du total des occup�s. La population active en ch�mage ou population active � la recherche d'un emploi est estim�e � 1.240.800 personnes en octobre 2006, soit un taux de ch�mage de 12,3%. 62,6% des ch�meurs r�sident en milieu urbain et 37,4% en zone rurale. La population en ch�mage se caract�rise principalement par : - une part importante des ch�meurs de moins de 30 ans qui repr�sentent 70,1% du total des ch�meurs, bien qu�elle ait relativement baiss� par rapport � 2005; - une pr�pond�rance des hommes. Les femmes repr�sentent 20,4% de l'ensemble des demandeurs d'emploi.