Parlons-nous suffisamment de la maladie du cancer, du parcours du canc�reux et de sa prise en charge ? Sachons-nous pourquoi entre avril 2007 et janvier 2008, 3 000 nouveaux cas sont venus allonger la liste des 30 000 malades inscrits chaque ann�e dans les fichiers de nos h�pitaux ? Le cancer reste incontestablement la maladie la plus redout�e par les personnes qui souffrent jusqu�� �tre consid�r� parfois comme une honte et une fatalit�. Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - A mesurer l�ampleur de cette maladie en Alg�rie et son d�veloppement rapide, il est aujourd�hui important de revenir sur les facteurs favorisant la mont�e en fl�che du nombre des malades. Si les facteurs environnementaux (tabagisme, hygi�ne de vie, stress) sont g�n�ralement mis � l�avant par les sp�cialistes, il n�en demeure pas moins que le manque de sensibilisation, de d�pistage et de pr�vention accentuent la gravit� de la maladie et compliquent l�intervention m�dicale. Le Centre national Pierre et Marie Curie, du CHU Mustapha- Pacha d�Alger est submerg� par une forte demande des malades canc�reux. Des moyens colossaux sont accord�s � ce centre mais sont insuffisants pour satisfaire le nombre important de malades qui affluent chaque jour � la capitale en provenance des diff�rentes r�gions du pays, par faute de moyens dans les centres r�gionaux anticanc�reux. Rencontr�, hier, au service des enfants canc�reux, le Dr Gachi nous a fait part des difficult�s du CPMC � r�pondre � la demande d�hospitalisation et de prise en charge � diff�rents niveaux des enfants canc�reux. En l�absence de centre sp�cialis� pour enfants, ces derniers sont dispers�s dans les services de p�diatrie des h�pitaux dans l�attente incertaine de trouver une place au CPMC. Une attente qui dure parfois des semaines et des mois. Alors que cette unit� pour enfants dispose uniquement de 11 lits, 300 nouveaux cas d�enfants canc�reux sont enregistr�s annuellement dans le centre contre 1500 cas au niveau national. Selon notre interlocutrice, 80% des enfants transf�r�s au CPMC arrivent � un stade tr�s avanc� de la maladie. A quoi est due cette situation ? �Je crois que c�est notre syst�me de sant� qui est d�faillant. L�enfant ou le malade en g�n�ral consulte une dizaine de m�decins et sp�cialistes avant que sa maladie ne soit diagnostiqu�e�, affirme le Dr Gachi en mettant en avant le manque de communication entre les m�decins et celui des moyens dans les villes de l�int�rieur. A signaler �galement que 80% des malades sont issus de milieux d�favoris�s, contraignant ainsi la prise en charge du malade, que cela soit au niveau des traitements ou de l�hygi�ne de vie de celui-ci. L�Alg�rie est en de�� de la moyenne mondiale en mati�re de prise en charge des enfants canc�reux. Pour 2008, l�OMC a signal� que 75% des enfants atteints de cette maladie seront gu�ris. H�las, pour notre pays, le pourcentage ne pourra m�me pas atteindre les 50%, selon notre interlocutrice. Canc�reux en fin de vie : la douleur Pour mieux comprendre les difficult�s rencontr�es par les malades canc�reux, nous avons pris attache avec l�association El Amel du CPMC, qui active au profit des malades. Le va-et-vient du pr�sident de cette association, M. Khettab dans les couloirs du Centre Pierre et Marie Curie est r�v�lateur du grand r�le jou� par celle-ci. �Vous d�posez le premier groupe et vous passez au si�ge r�cup�rer les m�dicaments not�s sur ces ordonnances. Les malades attendent. Ils sont en haut. D�p�chez-vous�, a lanc� M. Khettab en direction du chauffeur de l�association. Cet �change revient � plusieurs reprises dans la journ�e. L��quipe d�El Amel est colocatrice du PCMC, m�me si son espace se trouve ailleurs. Des dizaines de malades suivant des traitements en chimioth�rapie et radioth�rapie venant des r�gions int�rieures sont ainsi pris en charge par l�association qui a m�me am�nag� une maison d�accueil pour les malades canc�reux. �A priori, notre mission �tait de garantir un espace de loisir pour les malades. Malheureusement ce que nous faisons, c�est du 100% social�, nous a expliqu� la vice-pr�sidente de l�association. �Les malades font face syst�matiquement � une rupture de stock des m�dicaments dans les h�pitaux, que nous essayons de procurer chez des donateurs�, signale- t-on. �Une femme qui a subi une ablation du sein a besoin d�un traitement de longue dur�e et certains m�dicaments sont prescrits � vie. Ils sont tr�s chers. Une injection co�te 18 000 DA et elle est obligatoire tous les 28 jours durant les deux premi�res ann�es qui suivent l�ablation. Alors, imaginez les co�ts annuellement�, fait savoir la vice-pr�sidence d�El Amel. Elle ajoute qu�un traitement en chimioth�rapie oral co�te 38 000 DA. �Cela co�te excessivement cher pour l�Etat, alors on se demande pourquoi de telles sommes ne sont pas d�bours�es �galement dans des programmes de pr�vention et de sensibilisation �, d�plore-t-elle en insistant que le d�pistage est le seul moyen possible pour freiner l�acc�l�ration de la maladie du cancer et de son traitement au moment opportun avant qu�elle ne d�vaste la partie atteinte du corps. Par ailleurs, l�interlocutrice �voque une cat�gorie sp�ciale des canc�reux. Il s�agit de ceux qui sont en fin de vie. Ceux-l� ne sont pas pris en charge par le PCMC, ni par aucune autre structure de l�Etat, alors qu�ils ont besoin d�assistance m�dicale et humaine en permanence. �Il est impensable, voire inhumain de laisser mourir les gens dans la douleur. Nous sommes tous interpell�s par ces cas pour lesquels nous procurons des m�dicaments pour soulager leurs douleur et att�nuer leurs souffrances�, dit-elle.