Il �tait une fois deux amies, toutes deux licenci�es en tamazight. Ayant magistralement soutenu leurs m�moires de fin d��tudes, elles obtinrent brillamment leur licence apr�s 4 ans de dur labeur. Les deux fra�ches �moulues all�rent, probl�me de service national exig� pour les gar�ons �tant �vacu�, rapidement s�inscrire pour les concours de recrutement des professeurs d�enseignement. Il faut dire que les directives du ministre de l�Education quant � l�obligation d�avoir une licence en tamazight pour pouvoir enseigner cette langue, contrairement � ce qui se faisait jusqu�alors � on �tait en septembre 2004 et jusque-l�, une simple attestation de Tanaga (sorte de dipl�me attestant que l�individu a suivi une formation aupr�s d�une association culturelle amazigh travaillant sous l��gide du HCA) suffisait � les a toutes les deux galvanis�es et m�me stimul�es en optant pour cette licence pas tr�s en vogue il faut le dire. Ainsi donc, en ce d�but de l�ann�e scolaire 2004/2005, au niveau de la wilaya de Bouira, d�o� les deux licenci�es sont originaires, les concours de recrutement �taient ouverts tant pour les 1er et 2e paliers comme PCEF, qu�au niveau des lyc�es comme PES. Ayant le choix quant � l�examen qu�elles voulaient passer, l�une des deux amies opta pour le lyc�e avec ses 18 heures d�enseignement hebdomadaire alors que l�autre opta pour le CEM pensant en son for int�rieur, m�me avec 22 heures d�enseignement hebdomadaire, �tre plus utile en donnant le meilleur d�elle-m�me pour les �l�ves de ce niveau inf�rieur afin que, une fois au lyc�e, ils auront d�j� aim� cette langue. Les deux candidates furent re�ues et elles commenc�rent � travailler sereinement chacune dans son palier avec cette �nergie propre � tout jeune entrant pour la premi�re fois dans le monde du travail. Jusque-l�, aucun probl�me n��tait � signaler puisque les deux licenci�es sont r�mun�r�es presque identiquement avec une l�g�re diff�rence pour l�enseignante du lyc�e mais c��tait sans grande importance. La jeune fille qui avait opt� pour le CEM comme PCEF aimait son m�tier et elle �tait d�autant plus heureuse que les �l�ves qui �taient en contact avec elle ont tous commenc� sinon � exceller dans cette langue du moins � l�aimer et � s�y int�resser. C��tait son meilleur cadeau, cet amour que vouent les coll�giens pour la langue tamazight qu�elle enseignait. Puis les ann�es pass�rent et les deux amies qui �taient toujours en contact ont �t� titularis�es. Puis, vint le fameux nouveau statut particulier que tous les enseignants d�Alg�rie r�clamaient mais qui, apr�s la divulgation de son avant-projet, est rejet� presque par tous. Et la jeune fille PCEF, cette enseignante certifi�e, licenci�e en tamazight, ayant les comp�tences et les aptitudes pour enseigner dans un lyc�e avec moins d�heures, cette enseignante et des milliers d�autres dipl�m�s des universit�s alg�riennes, qui ont eu le malheur d�opter pour les paliers inf�rieurs d�enseignement, ont �t� choqu�s par ces nouveaux textes. Leurs niveaux d��tudes, leurs dipl�mes universitaires et leurs aptitudes scientifiques et intellectuelles ont �t� mis au placard par les concepteurs des nouveaux statuts de l�enseignant en les logeant � la m�me enseigne que leurs coll�gues du CEM ou du primaire qui n�ont jamais fr�quent� les bancs des universit�s (avec tout le respect qu�ils leur doivent), en les classant � la m�me cat�gorie et avec un m�me salaire. Seul tort pour l�enseignante de tamazight et consorts : celui de croire que dans l�Alg�rie de 2008, l�on cesserait enfin de faire dans la discrimination et que l�on encouragerait plut�t la comp�tence afin d��lever le niveau de l�enseignant. Des milliers de licenci�s et d�ing�nieurs qui ont eu le malheur (aujourd�hui en est devenu un) d�enseigner dans le moyen et m�me dans le primaire, qui ont pens� que les directives du ministre de l�Education quant � la n�cessit� d��lever le niveau de l�enseignement avec eux, universitaires qu�ils sont, se feraient avec des �gards de la part de la tutelle en les r�mun�rant selon leurs comp�tences et leur dipl�me et non selon leur postes comme cela s�est av�r� �tre le cas dans le nouveau statut de l�enseignant, ont �t� d��us. Le fait que ces enseignants qui ont fr�quent� les bancs des universit�s alg�riennes et qui ont obtenu brillamment des dipl�mes aient opt� pour l�enseignement dans les niveaux inf�rieurs non par incomp�tence ou inaptitude � enseigner dans les lyc�es comme PES mais par amour pour ce m�tier d�enseigner et aussi, disons-le franchement, par commodit� puisque les �coles primaires et les CEM sont plus nombreux et plus disponibles dans les coins les plus recul�s et conviennent parfaitement aux filles dipl�m�es qui ont pu exercer ce m�tier pr�s de chez elle. Des enseignants universitaires qui �taient jusque-l� class�s � la 14/5, c�est-�-dire selon leurs dipl�mes universitaires, et c�est tout � fait logique, se voient du jour au lendemain r�trograder � la 11/5 et la 10/5, class�s comme tous les enseignants du CEM ou du primaire, au m�me titre que ceux qui n�ont jamais fr�quent� les bancs de l�universit�. L�enseignante de tamazight et des milliers de dipl�m�s universitaires qui ont le malheur d�opter pour le coll�ge et le primaire sont ainsi r�compens�s dans l�Alg�rie de �l�honneur et la dignit�. Des milliers d�enseignants interpellent le ministre (une p�tition circule dans ce sens dans plusieurs wilayas) pour stopper cette d�rive et revoir leur classification dans la m�me cat�gorie que les enseignants des lyc�es d�tenteurs du m�me dipl�me, celui de la licence ou de l�ing�niorat. Le plus urgemment possible. Sinon, le r�flexe chez ces dizaines de milliers d�enseignants universitaires est presque le m�me : postuler pour un poste au lyc�e d�s que l�occasion se pr�senterait et � la moindre br�che, participer au concours de magist�re pour la poursuite des �tudes afin d��chapper aux lois, nous n�osons dire si elles rel�vent de cette mentalit� tordue ou d�une simple m�prise des textes de Benbouzid. En attendant tant pis pour la concentration de l�enseignant sur son travail, les concepteurs des nouveaux textes n�en avaient-ils pas voulu ainsi ?