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SID-AHMED GHOZALI AU SOIR D'ALG�RIE
Histoire des nationalisations, politique p�troli�re et bonne gouvernance -11e partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 03 - 2008

�L�int�r�t strat�gique de notre r�gion se r�duisait � sa situation de zone limitrophe du couloir maritime Gibraltar-Suez-Bab El Mendeb- Ormuz, jusqu�au jour o� le statut p�trolier de l�Alg�rie a chang� pour se hisser au niveau de premi�re priorit�.�
Entretien r�alis� par Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : Vous �voquez un positionnement strat�gique diff�rent pour l�Alg�rie d�s lors qu�elle a acc�d� � ce statut de �futur d�tenteur majeur de r�serves�. La mauvaise gouvernance aidant, ne nourrissez vous pas de craintes, � ce propos, pour l�int�grit� territoriale du pays ?
Sid-Ahmed Ghozali : Bien plus fort que vous ne puissiez le penser. C�est, au-del� de toutes les cons�quences n�gatives possibles, celle que je redoute le plus pour notre pays. C�est au sud du pays et non point au nord que se situe la menace potentielle. Je m�explique. J�exclus, d�embl�e, l�hypoth�se fallacieuse d�un d�membrement du territoire national � partir de la Kabylie. Par ailleurs et contrairement � des assertions officielles plus que l�g�res, les manifestations populaires en Kabylie du printemps 2003 n�avaient rien � voir avec �la main de l��tranger�. Elles n��taient rien d�autre que l�expression de revendications socio-politiques et d�un ras-le-bol pr�sents dans le chef de tous les autres Alg�riens. Elles n��taient rien d�autre que l�expression de revendications sociopolitiques, culturelles et linguistiques autant que d�un ras-le-bol pr�sent chez tous les autres Alg�riens. Il faut peu conna�tre de l�histoire de l�Alg�rie pour craindre une menace � l�int�grit� territoriale qui proviendrait de Kabylie. L�Etat colonial avait bien tent�, on va dire de bonne guerre et sous le couvert du soutien � notre culture berb�re, d�en promouvoir le particularisme voire de lui inventer une dimension s�paratiste. Mais ceux sont les Kabyles eux-m�mes qui ont fait �chec � toutes formes de man�uvres de division des Alg�riens. Le nationalisme alg�rien est beaucoup trop enracin� dans l�histoire et la culture de la Kabylie pour qu�il puisse laisser une place autre que marginale � des mouvements ou tendances � connotation s�paratiste. Aussi, malgr� les initiatives politiciennes qui vis�rent en 2003 � isoler la Kabylie, malgr� la duret� de la r�pression qui r�pondit aux manifestations populaires, on ne peut pas �tablir qu�il y ait eu r�surgence et encore moins renforcement des tendances ou convictions d�ob�dience s�paratiste dans cette r�gion. Mais on comprend en m�me temps que la d�t�rioration accrue de la relation entre les citoyens et le pouvoir y ait favoris� le rapport des forces au profit des mouvements extr�mistes violents. L�id�e m�me de nation implique la solidarit� d�int�r�ts entre ses membres. Cela n�est pas sp�cifique � l�Alg�rie. Le premier corollaire en est que tout manque d�attention � la concr�tisation de cette solidarit� cr�e renforce toute menace potentielle envers la coh�sion de la nation et ouvre la voie dans certaines conditions � la possibilit� de mise en cause de l�int�grit� territoriale. C�est sur une conscience aigu� de cela que Houari Boumediene a donn� une si grande importance au concept de l��quilibre r�gional. Je suis convaincu que si le pays en avait eu les moyens financiers � l��poque, il serait all�, dans la concr�tisation de ce concept, bien audel� de la politique des �programmes sp�ciaux de wilaya� qu�il pratiquait avec application pour chaque r�gion du pays. N�anmoins, la politique des programmes sp�ciaux avait au moins le m�rite de donner le sentiment � l�ensemble des Alg�riens que le pouvoir central n�oubliait pas les couches sociales les plus vuln�rables et les r�gions d�favoris�es par la nature. Mais les effets � long terme de la politique des programmes sp�ciaux �taient n�cessairement limit�s, faute de s��tre inscrits et �lev�s au niveau d�un am�nagement global du territoire, dans le cadre d�une vision � long terme qui tienne compte des v�ritables richesses de ce pays. Autant on voit l�int�r�t de l�Etat colonial � s�en �tre tenu en mati�re de d�veloppement humain � ce qu�il appelait �l�Alg�rie utile�, celle o� il a install� les colons, c'est-�-dire au d�veloppement de l��troite frange nord du pays, autant seule une d�ficience de gouvernance peut expliquer que l�Alg�rie ind�pendante ait agi comme si elle continuait une conception aussi restrictive de l�am�nagement. Pr�s d�un demi-si�cle apr�s le recouvrement de l�ind�pendance, on est dans une situation o� 90% des Alg�riens vivent dans moins de 10% du territoire. Nous tournons le dos � notre propre pays. Continuer comme �a serait impardonnable, non seulement en raison du gaspillage monumental de ressources humaines et mat�rielles auquel cette situation donne lieu, mais aussi � cause des menaces r�elles que ce m�me �tat de choses fait peser sur l�int�grit� territoriale. Nous vivons mal � 35 millions d��mes alors que le territoire alg�rien audacieusement r�am�nag� peut faire vivre plus de cent millions d�habitants dans la prosp�rit�. Si nous ne veillons pas � cette menace, c�est que nous fermons les yeux sur un gros probl�me dans le m�me temps o�, soyez-en convaincus, d�autres que nous, dans les divers sc�narios qu�ils �chafaudent pour notre avenir dans leurs prospectives strat�giques, n�ont gu�re cess� d�int�grer le sc�nario d�une dislocation du territoire national � partir des r�gions p�trolif�res du Sud. Plus nous continuons � n�gliger la n�cessit� d�un am�nagement int�gr�, moderne et solidaire de notre territoire, plus nous fabriquons nous-m�mes les ingr�dients d�une telle �ventualit�. Il y a les pr�c�dents. D�j� durant la p�riode coloniale, il y a bien eu un projet de partition de l�Alg�rie. Vous m�avez fait parler de cet �pisode qui a conduit � une prolongation de la Guerre de lib�ration nationale de deux ann�es avec tous les sacrifices humains qui en ont r�sult�s. Il y a en plus la nouvelle donne g�opolitique qui se structure depuis plus d�une d�cennie. Les Etats sont des monstres froids, il ne faut jamais l�oublier.
Vous �voquez avec un sentiment de d�pit les transformations intervenues sur l��tendue de l�espace de l�Arabie Saoudite�
Je souhaite encore plus de succ�s � nos fr�res saoudiens. Mais, naturellement, comment ne pas �tre, en effet, marqu� par l�exemple donn� par ce pays. La dynastie saoudienne, en coh�rence avec l�unification du royaume par Abdelaziz � partir de la province du Najd, a chang� le visage de l�Arabie en moins de quarante ans. Ma g�n�ration a connu � la fin des ann�es 1960 des villes comme Riyad, Mekka Djedda et d�autres industrielles sous l�apparence de grosses bourgades. Aujourd�hui ce sont autant de Houston Texas qui ont �t� b�tis en Arabie Saoudite. Je ne parle des terres fertilis�es dans le d�sert, des trente millions de quintaux de c�r�ales par an, des cheptels constitu�s. Quant aux autoroutes, pratiquement inexistantes en fin de 1960, elles s�allongent aujourd�hui sur des milliers de kilom�tres.
Vos anciennes hautes responsabilit�s dans la conduite des affaires publiques vous autorisent � appr�cier l�usage qui est fait des ressources financi�res tir�es des hydrocarbures mais, �galement, la mani�re dont cet usage est fait. Au plan politique comme au plan technique quelle est, � cet �gard, votre appr�ciation ?
Du temps de Boumediene, les choses �taient assez claires : l�usage des ressources �tait transparent, par la voie d�une loi de finances accessible � tous. Sous Boumediene comme sous Chadli, l�APN avait, certes, des pr�rogatives limit�es, mais elle les assumait : on y d�battait et parmi les d�put�s �choisis� dans le cadre d�un pouvoir unique, nombreux �taient ceux dont la stature n�enviait rien � celle de leurs homologues des pays politiquement d�velopp�s. Il y avait un plan d�investissements qui valait ce qu�il valait, qui avait ses incoh�rences, ses insuffisances, j�en ai d�j� parl�, mais ce plan existait vraiment. On peut dire en gros que les ressources �taient �triqu�es mais qu�elles n��taient pas gaspill�es, que l�essentiel allait aux bons endroits, � l�investissement et plus g�n�ralement � la pr�paration de l�avenir, � l��ducation et � la sant�, plus qu�� la consommation dite de seconde n�cessit�. L��volution de nos ressources provenant des hydrocarbures, sur trois p�riodes distinctes, se pr�sente comme suit, en dollars am�ricains courants :
1963 � 1978, soit en 16 ans : 25 milliards de dollars am�ricains ;
1979 � 1988, soit en 10 ans : 135 milliards de dollars am�ricains ;
2000 � 2007, soit en 8 ans : 320 milliards de dollars am�ricains.
Pour comparer des recettes cumul�es ou moyennes sur des p�riodes diff�rentes, il faut raisonner en termes de pouvoir d�achat, donc en dollars constants. Si on prend la valeur du dollar en 2007 comme valeur de r�f�rence pour les trois p�riodes, on trouve que les recettes annuelles moyennes sur chaque p�riode consid�r�e, exprim�es en milliards de dollars am�ricains constants valeur de 2007, ont �t� : 3,5 s o u s la pr�sidence de Houari Boumediene ; 20 sous la pr�sidence de Chadli Bendjedid ; 44 sous la pr�sidence de Abdelaziz Bouteflika. Depuis que nos ressources se sont accrues, les choses se font dans l�opacit� et sans aucune ligne directrice ni plan. L�opacit� : l�une des premi�res pr�rogatives de l�APN est de voter les d�penses et les recettes de l�Etat. Pourquoi d�clarer dans la loi de finances des recettes sur la base d�un prix du p�trole qui est �gal � la moiti�, voire le tiers des ressources r�elles ? Cela veut-il dire que les d�penses relatives aux recettes non d�clar�es se font selon le bon vouloir de l�ex�cutif, c'est-�-dire hors la d�cision et hors le contr�le de l�APN ?
Sous l�angle politique et strat�gique, pourriez-vous faire une lecture de ce nouveau statut �futur d�tenteur majeur de r�serves p�troli�res� ?
Notez d�abord que l�abandon par l�Administration am�ricaine de la politique d�accommodement vis-�-vis du FIS se situe � un an apr�s les grandes d�couvertes de Berkine. Cela ne rel�ve pas de la simple co�ncidence. De mani�re plus g�n�rale, l�Alg�rie, � l�instar des autres pays du Maghreb, n��tait pas parmi la premi�re priorit� de la diplomatie am�ricaine. L�int�r�t strat�gique de notre r�gion se r�duisait � sa situation de zone limitrophe du couloir maritime Gibraltar- Suez- Bab El Mendeb-Ormuz. Hors la s�curisation directe de ce couloir, le reste �tait laiss� aux pays europ�ens, notamment la France. Telle �tait la donne g�opolitique qui a pr�valu, jusqu�au jour o� le statut p�trolier de l�Alg�rie et donc celui de l�ensemble de la r�gion a chang�, pour se hisser au niveau de premi�re priorit�. Outre le param�tre p�trolier qui a ainsi accru l�int�r�t am�ricain pour notre pays, d�autres facteurs entrent en jeu pour expliquer la soudaine progression de la pr�sence am�ricaine : l�assoupissement de l�Europe et de la France vis-�-vis d�une r�gion consid�r�e comme historiquement acquise � son influence, le manque de coh�rence entre le projet politique europ�en et sa dimension m�diterran�enne, les ressentiments nourris par les dirigeants alg�riens au regard de l�indiff�rence, voire du r�le n�gatif de la France et de l�Europe dans l�isolement international de l�Alg�rie durant la trag�die des ann�es 1990, tout cela a grandement facilit� la progression du projet am�ricain de supplanter les Europ�ens en Afrique du Nord. Or, tout le monde sait les risques encourus par une r�gion o� intervient une Administration am�ricaine plus inspir�e par l��cole de pens�e imp�riale que par les d�fenseurs du multilat�ralisme. Toute d�marche visant � la domination se traduit en effet par la recherche de situations o� les conditions de survie des r�gimes locaux sont sous la ma�trise de la puissance dominante. Les premiers corollaires classiques dans une pareille d�marche sont les cr�ations de foyers de tensions ou l�entretien de foyers pr�existants. Consubstantiel au r�le qui est celui de l��tat d�Isra�l dans la pr�sence p�troli�re et s�curitaire am�ricain au Moyen- Orient, l�enlisement sur des d�cennies de la question palestinienne par exemple, est largement d� au peu d�empressement de la puissance, qui en d�tient les cl�s, � en faciliter une solution. De la m�me mani�re il n�est pas absurde de distinguer sur la question du Sahara occidental un avant et un apr�s- Berkine. Avant, on pouvait comprendre que l�Administration am�ricaine �uvre en faveur d�une solution du conflit ; apr�s, il y a plus de chances que l�int�r�t de l�hyper puissance penche pour une d�marche qui favoriserait plut�t la p�rennisation de ce contentieux et son pourrissement.
Vous semblez n�gliger, totalement, l�influence europ�enne dans la r�gion...
Je ne la n�glige pas quand je constate simplement qu�elle a consid�rablement d�clin� � la faveur des Etats-Unis, une �volution que je regrette car je la consid�re comme mena�ante pour notre avenir. Le simple bon sens doit nous faire croire que les Europ�ens ne peuvent demeurer longtemps indiff�rents � des risques de d�stabilisation chez leurs voisins tout proches de la rive sud-m�diterran�enne, tandis que l�Administration am�ricaine, en raison de l��loignement des Etats- Unis ne sera pas particuli�rement anxieuse ou h�sitante devant des choix strat�giques porteurs de germes de perturbation de l�ordre et la stabilit� chez nous. Sans nul besoin qu�elle soit le fait d�un antiam�ricanisme primaire, une lecture du bouleversement de la g�opolitique de la r�gion devrait susciter plus de raisons de s�inqui�ter que de se r�jouir. Mais force est de constater que les Europ�ens se sont assoupis sur l�id�e que la M�diterran�e fait partie de leur domaine r�serv�. T�moin de cet assoupissement le fait significatif qu�au moment o� nous nous parlons, en 2007, les politiques et les m�dias fran�ais ont de la peine � se d�faire du vocable d��arri�re-cour� pour d�signer le Maghreb dans leur jargon g�opolitique. Les princes qui nous gouvernent auraient �t� bien inspir�s d��valuer les risques de �moyenorientalisation � de notre r�gion avant de succomber au chant des sir�nes parvenu de l�outre-Atlantique.
Dans ce contexte g�opolitique perturb�, pensez-vous que la demande en p�trole des pays consommateurs restera toujours aussi forte ?
Dans les ann�es pass�es, des perspectives r�put�es savantes, qui ont �t� p�riodiquement avanc�es � propos de l�offre et de la demande en �nergie, ont �t� contredites par les faits. Il serait imprudent d�extrapoler et de pr�dire une m�me fin aux pr�visions qui se dessinent aujourd�hui. Notre pays doit �tre attentif � l��volution de ce rapport, non seulement en relation avec notre place dans l�offre, non seulement en raison de ses implications sur la stabilit� dans le monde, mais aussi et surtout en pr�occupation de notre propre avenir �nerg�tique. Les soci�t�s p�troli�res les plus anciennes et les plus importantes sont d�j� en train de travailler � leur reconversion future au nucl�aire : nos strat�ges s�en sont-ils seulement aper�us ? Il y a lieu d�en douter, quand on voit le peu d�attention qu�ils montrent pour notre avenir �nerg�tique, au stade de la r�flexion et encore moins � celui de la conception. Est-ce que nous faisons quelque chose dans ce domaine ? Rien n�est moins s�r. En v�rit� les grands d�fis du XXIe si�cle, dont les probl�mes de l��nergie et de l�eau, proc�dent de la probl�matique centrale relative � l�utilisation des ressources naturelles au sens le plus large du terme. Une utilisation rationnelle de ces ressources n�est possible que si elle est respectueuse et de la nature et de l�homme. Elle implique un changement radical du mode de vie, ce qui veut dire un recentrage des pr�occupations sur l�homme et la nature. Il n�y aura pas de salut tant que l�homme et la nature ne seront pas au c�ur des strat�gies politiques � toutes les �chelles de la plan�te. Dans un pays o� l�on fait fi des probl�mes quotidiens les plus �l�mentaires, il peut para�tre illusoire que l�on se pr�occupe de l�avenir. Mais comment esp�rer traiter correctement les probl�mes du pr�sent sans les situer dans des projections d�avenir ? Car gouverner c�est pr�voir. Les grands ma�tres du jeu d��checs qui promettent que s�engager dans une partie sans plan c�est se condamner � perdre d�avance. C�est tout comme dans une bataille militaire. C�est d�eux que vient le pr�cepte qui veut qu��il vaut mieux un mauvais plan que pas de plan du tout�. Je m�en tiendrai donc pour l�instant � un inventaire des faits. Il est raisonnable de tenir pour acquis la fin proche de la p�riode de l�abondance qui a pr�valu longtemps apr�s les premi�res d�couvertes. L�exploration, notamment apr�s le choc p�trolier de 1973, a b�n�fici� d�avanc�es technologiques qui autorisent une quantification cr�dible des r�serves prospectives. Ces m�mes avanc�es permettent d�j� la production croissante d��nergies de substitution aux sources fossiles. Malgr� l�hostilit� des environnementalistes, aux Etats-Unis, en Allemagne ou dans les pays scandinaves, l��nergie nucl�aire occupe une place importante. En France, � titre d�exemple, c�est l��nergie nucl�aire qui fournit l�essentiel de l��lectricit�. Troisi�me fait, les �conomies de consommation sont de plus en plus � l�ordre du jour. En raison de la lutte contre le r�chauffement de la plan�te, mais aussi du fait de la perc�e technologique in�luctable qui sera induite par l��volution de la qualit� de vie, il faut s�attendre � ce que ce soit les �conomies de consommation qui p�seront le plus � l�avenir sur l��volution du rapport offre-demande. Je pense aux technologies nouvelles qui permettront une augmentation continue de l�efficacit� �nerg�tique et presque autant � l��limination syst�matique de toutes les formes de gaspillage. Les anticipations sur la fin du p�trole � perspective qui se pr�sentera en point de mire en fin de si�cle � justifient pour une grande part les restrictions de consommation. Cette richesse aura �t� dilapid�e en deux si�cles alors qu�elle a mis des centaines de milliers de si�cles pour se former. Si on raisonne sur une sorte de mod�le r�duit chronologique en ramenant � une ann�e l��ge de la plan�te terre depuis que la vie y a commenc�, on s�aper�oit que br�ler en deux si�cles � peine une ressource naturelle qui s�est form�e depuis quatre milliards d�ann�es �quivaut � passer toute l�ann�e � cr�er une mati�re, pour la br�ler en l�espace des trente derni�res secondes de la derni�re heure du dernier jour de l�ann�e ! L�humanit� a pris conscience que toutes les g�n�rations des XXe et XXIe si�cles seront regard�es par celles qui leur succ�deront comme ayant dilapid� en un espace de temps qui est � l��ge de la plan�te ce que 30 secondes sont � l�ann�e. De mon point de vue, l�avenir � long terme de l��nergie r�side en fin de compte dans la r�alisation industrielle de la fusion nucl�aire.
Nucl�aire-fusion, les lecteurs ne vont pas suivre�
Bien s�r que si ! Comment le dire en peu de mots ? L��nergie nucl�aire aujourd�hui repose sur le processus de la fission : c�est le noyau d�un atome lourd (uranium par exemple) que l�on casse pour lib�rer de l��nergie. C�est le processus de la bombe A, mais contr�l�. La fusion thermonucl�aire ce sont des noyaux d�atomes l�gers, deut�rium ou hydrog�ne lourd, que l�on fusionne pour produire de l��nergie chaleur. C�est le processus de la bombe H, mais contr�l�. L�homme doit trouver une solution au probl�me du confinement de la mati�re en �fusion� capable de supporter des temp�ratures de millions de degr�s, qu�aucun mat�riau classique ne peut contenir. On travaille sur un confinement magn�tique. Au jour d�aujourd�hui, les savants et les ing�nieurs ne sont pas en mesure de situer, ne serait-ce qu�en ordre de grandeur, le temps qu�il faudra pour que la fusion thermonucl�aire permette des applications industrielles � grande �chelle. Pour le moment on le situe � la fin de ce si�cle. Cependant, des perc�es consid�rables ont �t� r�alis�es durant la d�cennie 1990 dans les premiers r�acteurs thermonucl�aires aux Etats- Unis, en Europe (Grande-Bretagne), en Russie, au Japon et en Chine. On a r�ussi dans ces r�acteurs � produire dans le r�acteur anglais 16 MW (m�gawatts) durant une seconde. ITER se propose de produire 500 MW durant six minutes et demie. Pour comparaison, la puissance de la plus grande centrale en op�ration en Alg�rie est de 400 MW ; la puissance usuelle des centrales nucl�aires fran�aises est de 2000 MW. Le r�acteur ITER en construction depuis 2005 � Cadarache dans le Midi de la France, en association entre les puissances nucl�aires que je viens de citer, a pour objet de d�montrer que le processus de la fusion peut produire de l��nergie � grande �chelle et de mani�re viable. C�est alors que l�avenir �nerg�tique de l�humanit� sera assur� � partir d�une mati�re premi�re quasi in�puisable, � savoir l�hydrog�ne qui entre dans la composition de la mol�cule de l�eau des oc�ans, assur� proprement car le sous-produit de la r�action est de l�h�lium gaz non polluant et de surcro�t d�un usage industriel pr�cieux.
M. C. M.


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