C�est sur fond de tensions sociales exacerb�es que se d�roule le d�bat sur la succession du pr�sident Hosni Moubarak, dont le mandat court jusqu�en 2011. Son fils, Gamal, adopte d�j� la posture du successeur possible. Du Caire, Hassane Zerrouky Ce qui fait dire � bon nombre d�Egyptiens que �Misr oum Dounia� est en train de se transformer en r�publique monarchique, � l�instar de la Syrie o� Bachar al Assad a succ�d� � son p�re, ou tout proche de l�Egypte, Mouamar Kadhafi serait en train de pr�parer son fils, Islam, � lui succ�der. �Un mal arabe. On ne s'en sortira jamais. Si ce n'est pas le fils qui succ�de au p�re, c'est la pr�sidence � vie comme on le voit dans d'autres pays arabes�, dit cette journaliste �gyptienne d�pit�e par la tournure des �v�nements. Et en effet, quelques �l�ments de la vieille garde du PND (Parti national d�mocratique) au pouvoir, la probable candidature de Gamal Moubarak ne semble rencontrer de r�sistance qu�au sein d�une opposition la�que et de gauche qui a implos� et des Fr�res musulmans lamin�s par les multiples arrestations et condamnations � la prison. Le pouvoir �gyptien, inquiet par la mont�e en puissance des islamistes qui, bien qu�interdits d�activit�, avaient r�ussi � faire �lire 88 d�put�s lors des derni�res l�gislatives de 2005, a cette fois-ci pris les devants. Aux derni�res �lections municipales du 8 avril dernier, sur 5159 candidats, le pouvoir en a disqualifi� plus de 90%. Du coup, les islamistes ont d�cid� de boycotter un scrutin remport� par d�faut par le PND. Qui plus est, le scrutin a �t� pr�c�d� d�une vague d�arrestations qui a touch� plus de 6 000 militants islamistes dont Khirat Chater, num�ro 2 des Fr�res musulmans, qui a �t� finalement condamn� par le tribunal militaire avec 24 de ses compagnons � des peines allant de 5 � 12 ans de prison. Motif invoqu� : appartenance � une organisation interdite par la loi. L��limination des islamistes de la sc�ne politique s�inscrivait justement dans la perspective de l��lection pr�sidentielle de 2011. La r�vision constitutionnelle stipule en effet que pour �tre candidat, il faut obtenir l�aval de 65 d�put�s et de 140 �lus municipaux. Si les islamistes remplissent la premi�re condition � ils ont 88 d�put�s � ils sont de fait exclus de la prochaine pr�sidentielle puisqu�ils n�ont aucun �lu dans les nouvelles municipalit�s. Quant aux partis la�ques, qui n�ont que peu de d�put�s et presque pas d��lus municipaux, ils sont d'ores et d�j� hors jeu. De fait, si c�est Gamal Moubarak qui est d�sign� pour succ�der � son p�re, il est certain qu�il sera le quatri�me chef d�Etat �gyptien depuis la r�volution de 1952 qui avait aboli la monarchie. A moins que d�ici l�, le pouvoir �gyptien ne modifie la loi afin de se donner une posture d�mocratique, et ce, sous la pression de son alli� et soutien am�ricain. En effet, les Etats-Unis disposent des moyens de pression sur l�Egypte. Ils lui accordent annuellement une aide gratuite de 2 milliards de dollars, qui, ajout�e aux rentr�es du tourisme, des droits de passage du canal de Suez et des exportations de produits manufactur�s, essentiellement du textile, assure au r�gime �gyptien des rentr�es confortables. Pour l�heure, Washington a protest� pour la forme contre les atteintes aux libert�s, de la presse notamment, et contre des �lections locales jou�es par avance. Mais rien ne dit que dans un contexte de flamb�e des prix qui ont donn� lieu � des �meutes sociales, notamment � Mahalla, le bastion industriel de l�Egypte, les Etats-Unis ne vont pas exercer les pressions voulues pour que le r�gime de Moubarak l�che du lest. Non que la Maison Blanche soit pour un Etat de droit respectueux des libert�s, mais afin que le pouvoir �gyptien fasse les concessions n�cessaires pour rester en place et se donner une fa�ade d�mocratique. Car l�Egypte est un pion essentiel de la strat�gie du Grand-Moyen-Orient mis en �uvre par l�Administration Bush et � laquelle se sont ralli�s ses adversaires d�mocrates. Par cons�quent, m�me en cas d'�lection d'un pr�sident d�mocrate aux Etats- Unis, il n'y aura pas de changement majeur concernant la politique am�ricaine � l'�gard de l'Egypte. Bien que brid�s par diverses mesures liberticides, les lib�raux, la gauche �gyptienne et la soci�t� civile entendent faire �chec � la monarchie r�publicaine qui se dessine sous leurs yeux. La question est de savoir s�ils seront en mesure d�y parvenir. �S�ils ne prennent pas � leur compte le m�contentement social g�n�r� par la lib�ralisation �conomique, ils ne r�ussiront pas�, assure Selma, une journaliste �gyptienne. Et d�ajouter : �Pour l�heure, les Fr�res musulmans sont coup�s du monde ouvrier, mais si la gauche se contente de slogans au lieu d�agir, les islamistes, qui contr�lent les syndicats des ing�nieurs, le milieu �tudiant, et qui ont un pied parmi les fonctionnaires, finiront bien par prendre en compte des revendications qui ne cadrent pourtant pas avec leur programme du tout lib�ral�.